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Quand l’« Akhannouch bashing » devient phénomène politique et médiatique


Rédigé par le Mercredi 17 Septembre 2025



Un discours qui fait déborder les digues

Quand l’« Akhannouch bashing » devient phénomène politique et médiatique
Le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a pris la parole la semaine dernière lors d’une double intervention sur les chaînes officielles. Certes cette irruption médiatique inhabituelle a surpris beaucoup d'observateurs avertis du paysage politique Marocain, car faire le bilan douze mois avant la fin d'un mandat lors d'une intervention télévisuelle juste après le discours Royale de la fête du trône et avant le discours Royal de la rentrée parlementaire reste un exercice inhabituel de communication institutionnelle.

Mais ce qui a suivi a dépassé de loin les cercles habituels du débat politique. C’est l’après-discours qui intrigue, bien plus que le contenu en lui-même.

Du côté de l’opposition, l’accueil a été conforme aux règles du jeu.

Les partis adverses se sont empressés de critiquer, parfois avec virulence, les propos du chef de l’exécutif. Jusqu’ici, rien de surprenant. Mais le phénomène a pris une tournure inédite quand la vague de critiques est venue de là où on l’attendait le moins : les colonnes de la presse dite indépendante mais aussi mainstream. Et plus étonnant encore, plusieurs journaux de référence, y compris certains peu enclins à des attaques frontales contre le gouvernement, ont adopté un ton dur, parfois cinglant, au lendemain du passage télévisé.

Sur ​les réseaux sociaux et sans grande surprise, la majorité des youtubeurs marocains influents, souvent prompts à surfer sur l’actualité mais pas forcément à s’aligner sur une ligne politique unique, ont convergé dans une même direction : un « bashing » frontal, presque unanime. 

​Le scandale d’Agadir comme catalyseur

La concomitance du scandale autour de l’hôpital Hassan II d’Agadir, ville dont Aziz Akhannouch est également le maire, a offert un carburant supplémentaire à cette vague de critiques. Les dysfonctionnements signalés dans l’établissement hospitalier : Taux de mortalité anormal, files d’attente interminables, pénurie de matériel, conditions d’accueil dénoncées — ont été repris en boucle par la presse locale puis nationale.

Sur les réseaux sociaux, les images et témoignages ont circulé à grande vitesse, donnant au bashing une profondeur plus ancrée dans le quotidien des citoyens. Pour de nombreux commentateurs, le chef du gouvernement ne pouvait se prévaloir d’un discours d’autorité nationale tout en étant rattrapé par une crise de gouvernance dans sa propre ville.

​Un réflexe de société plus qu’une stratégie organisée

Alors, que s’est-il passé ? Faut-il y voir une opération coordonnée de dénigrement, une main invisible qui orchestre le discours anti-Akhannouch ? Ou bien s’agit-il d’un révélateur d’une lassitude plus large qui s’est cristallisée autour d’un discours jugé hors-sol ?

Certains politologues évoquent un « effet d’agenda » : à force d’accumuler les frustrations sociales (inflation, emploi, santé, sécheresse), le moindre faux pas de communication agit comme un catalyseur. Dans ce contexte, le scandale d’Agadir n’a fait qu’ajouter une dimension locale et symbolique à une exaspération nationale. D’autres y voient un tournant médiatique : une partie de la presse et des créateurs de contenu, soucieux de préserver leur crédibilité auprès d’une opinion chauffée à blanc, ont choisi d’aller dans le sens du rejet plutôt que de rester en retrait.

​La surprise des adversaires eux-mêmes

Ce qui rend le phénomène plus intrigant, c’est que même des figures de l’opposition ont exprimé leur étonnement. L’intensité des attaques leur a paru disproportionnée, presque contre-productive.

Comme si la dynamique médiatique s’était emballée au point d’échapper aux logiques classiques de la rivalité partisane. L’adversaire politique est affaibli, certes, mais la violence du rejet ouvre aussi un champ d’incertitudes : quel climat politique se dessine lorsqu’un chef de gouvernement devient la cible d’un tel consensus négatif ?

​Une séquence test pour 2026

Cette séquence révèle en creux la fragilité du rapport entre communication gouvernementale et réception publique. Le cas de Ssi Akhannouch montre qu’une parole officielle, même sur les canaux les plus traditionnels, peut être rapidement avalée, digérée et retournée par l’écosystème numérique.

Avec le scandale de l’hôpital Hassan II d’Agadir en toile de fond, la bataille ne se joue plus seulement à la Chambre des représentants, mais sur YouTube, Facebook et TikTok, où les narratifs se fabriquent et s’imposent.

Reste une question : cet épisode restera-t-il une parenthèse médiatique ou annonce-t-il une recomposition durable du rapport entre pouvoir, opinion publique et nouveaux faiseurs d’opinion ?

Les prochains mois, en amont des élections de 2026, diront si ce « Akhannouch bashing » est une simple bourrasque… ou le signe d’un climat politique en train de se redessiner.

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Mercredi 17 Septembre 2025