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Quand l’Histoire se répète : ces Aïd annulés par les Rois du Maroc


Rédigé par Redaction le Jeudi 27 Février 2025



Quand l’Histoire se répète : ces Aïd annulés par les Rois du Maroc
Mercredi, le roi Mohammed VI a adressé un message à la nation, exhortant les Marocains à renoncer au sacrifice rituel de l’Aïd Al-Adha cette année. Cette annonce, relayée par le ministre des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq, sur la chaîne nationale Al Aoula, s’inscrit dans un contexte marqué par une sécheresse persistante depuis sept ans, mettant en péril le cheptel national.

Cependant, cette décision ne constitue pas une première dans l’histoire du pays. Avant lui, feu Hassan II avait, à trois reprises, appelé les Marocains à s’abstenir du sacrifice pour des raisons économiques et climatiques.

La première interdiction remonte à 1963, en pleine Guerre des Sables opposant le Maroc à l’Algérie nouvellement indépendante. Le conflit, conjugué à une situation économique délicate et à un cheptel insuffisant, a conduit Hassan II, en sa qualité de Commandeur des croyants, à suspendre la célébration de l’Aïd Al-Adha.

En 1981, le Maroc traverse une nouvelle crise due à une sécheresse dévastatrice, aggravée par l’échec du plan de développement triennal 1978-1980. L’ampleur des pertes dans l’élevage pousse alors Hassan II à renouveler son appel à ne pas célébrer le sacrifice, afin de préserver et reconstituer les ressources du cheptel.

La troisième annulation intervient en 1996. Cette fois, c’est Abdelkébir Alaoui Mdaghri, alors ministre des Habous et des Affaires islamiques, qui en fait l’annonce officielle au nom du souverain. Dans son message télévisé, Hassan II justifie cette décision en rappelant que bien que l’Aïd Al-Adha soit une Sunna Mouakkada (fortement recommandée), la pratiquer dans un contexte de crise risquerait d’aggraver la situation.

Si cette mesure exceptionnelle n’avait plus été appliquée depuis, la question de son opportunité est régulièrement débattue, notamment depuis la pandémie de Covid-19 en 2020, qui a mis à rude épreuve l’économie marocaine et le pouvoir d’achat des citoyens.

Chaque année, à l’approche de la fête du sacrifice, des voix s’élèvent pour demander son annulation, notamment en raison des épisodes de stress hydrique et des difficultés que traverse la filière ovine.

L’année dernière encore, le débat a ressurgi, mais l’Aïd a finalement été maintenu grâce à l’importation massive de bétail par le gouvernement. Cette année, face à une situation climatique et économique critique, SM le Roi Mohammed VI a choisi de suivre l’exemple de son défunt père en appelant à l’abandon du sacrifice, une décision qui, bien que rare, trouve des précédents dans l’histoire du Maroc.




Jeudi 27 Février 2025