Une guerre informationnelle et un marketing militaire
L’idée n’a rien d’anodine. Elle surgit à un moment où Rabat accélère sa coopération militaire avec la Turquie, l'inde et Israël, notamment dans le domaine des drones, tandis qu’Alger renforce son axe stratégique avec Moscou. Le scénario proposé par Rybar n’est pas un plan secret, ni un document officiel ; c’est un exercice de guerre informationnelle qui mêle expertise réelle, calcul politique et marketing militaire.
Pourtant, son écho dépasse largement la sphère des spécialistes : plus de 135 000 consultations en quelques heures. Au Maghreb, où la rivalité algéro-marocaine reste un baril de poudre, ce type de projection n’est jamais neutre. Elle dit autant sur les capacités militaires que sur les ambitions narratives.
Pourtant, son écho dépasse largement la sphère des spécialistes : plus de 135 000 consultations en quelques heures. Au Maghreb, où la rivalité algéro-marocaine reste un baril de poudre, ce type de projection n’est jamais neutre. Elle dit autant sur les capacités militaires que sur les ambitions narratives.
Un scénario public, mais un contenu explosif
Le texte de Rybar n’est pas une fuite du Kremlin : c’est un post assumé, construit comme un wargame. Le compte y expose, point par point, comment l’Algérie – théoriquement – pourrait saturer la défense aérienne marocaine grâce à un essaim de drones Geran-2, ces appareils low-cost mais dévastateurs déjà largement utilisés contre l’Ukraine.
La mécanique décrite est professionnelle : frappes massives coordonnées, ciblage des centres énergétiques à Casablanca et Mohammedia, perturbation des bases aériennes stratégiques, neutralisation des radars en zones peu peuplées. Rien de fantaisiste techniquement : Moscou maîtrise cette doctrine depuis deux ans.
Le texte se présente comme une analyse « neutre », mais sa publication n’est pas innocente. Au moment où Rabat inaugure une usine de drones SpyX et se dote de systèmes anti-drones avancés, Rybar construit un récit qui rééquilibre symboliquement le rapport de force en suggérant qu’Alger disposerait, elle aussi, de leviers asymétriques capables de frapper au cœur du Maroc. Ce n’est pas un plan militaire : c’est une démonstration de puissance narrative.
La mécanique décrite est professionnelle : frappes massives coordonnées, ciblage des centres énergétiques à Casablanca et Mohammedia, perturbation des bases aériennes stratégiques, neutralisation des radars en zones peu peuplées. Rien de fantaisiste techniquement : Moscou maîtrise cette doctrine depuis deux ans.
Le texte se présente comme une analyse « neutre », mais sa publication n’est pas innocente. Au moment où Rabat inaugure une usine de drones SpyX et se dote de systèmes anti-drones avancés, Rybar construit un récit qui rééquilibre symboliquement le rapport de force en suggérant qu’Alger disposerait, elle aussi, de leviers asymétriques capables de frapper au cœur du Maroc. Ce n’est pas un plan militaire : c’est une démonstration de puissance narrative.
Rybar : un acteur clé de la propagande militaro-analytique russe
Pour comprendre l’impact du document, il faut comprendre qui parle. Rybar n’est pas un blogueur excité ni un influenceur isolé. C’est l’un des canaux russes les plus structurés, fondé par Mikhaïl Zvinchuk, ancien militaire passé par le ministère russe de la Défense.
Aujourd’hui, Rybar fonctionne comme un « centre analytique », produisant cartes, rapports OSINT, analyses et synthèses de bataille. Son réseau, ses sources et sa proximité idéologique avec les centres du pouvoir en font un instrument privilégié de diffusion de la vision stratégique russe.
En Ukraine, ses analyses sont à la fois redoutées et décortiquées : Rybar est souvent en avance sur les communiqués officiels, mais toujours aligné sur la ligne du Kremlin. Dans le cas maghrébin, il joue un rôle nouveau : exporter des récits militaires vers un espace où Moscou veut regagner de l’influence.
En présentant un scénario algérien « Soi-disant » crédible, Rybar offre un double service : il met en scène la pertinence du matériel russe et alimente une dynamique de dissuasion psychologique envers Rabat. Le timing est calculé, la mécanique est évidente, mais l’effet est réel.
Aujourd’hui, Rybar fonctionne comme un « centre analytique », produisant cartes, rapports OSINT, analyses et synthèses de bataille. Son réseau, ses sources et sa proximité idéologique avec les centres du pouvoir en font un instrument privilégié de diffusion de la vision stratégique russe.
En Ukraine, ses analyses sont à la fois redoutées et décortiquées : Rybar est souvent en avance sur les communiqués officiels, mais toujours aligné sur la ligne du Kremlin. Dans le cas maghrébin, il joue un rôle nouveau : exporter des récits militaires vers un espace où Moscou veut regagner de l’influence.
En présentant un scénario algérien « Soi-disant » crédible, Rybar offre un double service : il met en scène la pertinence du matériel russe et alimente une dynamique de dissuasion psychologique envers Rabat. Le timing est calculé, la mécanique est évidente, mais l’effet est réel.
Maghreb : laboratoire inattendu de la guerre des drones
Le scénario n’est pas sorti de nulle part. Le Maghreb est aujourd’hui l’un des terrains où les équilibres militaires évoluent le plus vite. Le Maroc a fait de la technologie Turque, indienne et israélienne un pilier de sa montée en puissance : Harop, SpyX, Skylock, radars à longue portée, intégration progressive de systèmes interopérables.
En parallèle, Alger renforce sa position de premier client africain de l’armement russe : Su-35, Su-57, S-400, Iskander, et potentiellement des drones suicides Geran-2. Ce déplacement technologique crée une situation paradoxale : la région, officiellement en paix, intègre désormais les outils opérationnels des guerres hybrides ukrainienne et moyen-orientale.
Les drones sont devenus des multiplicateurs de puissance capables de changer des équilibres sans déclarer la guerre. C’est ce glissement stratégique que Rybar exploite. Le Maghreb se retrouve ainsi au centre d’une confrontation invisible : Les USA d’un côté, la Russie et l'Iran de l’autre. Pour les deux capitales maghrébines, chaque accord, chaque usine, chaque ligne de production de drones devient un message adressé à l’autre. Et les récits militaires russes ne font que renforcer cette dynamique de méfiance.
En parallèle, Alger renforce sa position de premier client africain de l’armement russe : Su-35, Su-57, S-400, Iskander, et potentiellement des drones suicides Geran-2. Ce déplacement technologique crée une situation paradoxale : la région, officiellement en paix, intègre désormais les outils opérationnels des guerres hybrides ukrainienne et moyen-orientale.
Les drones sont devenus des multiplicateurs de puissance capables de changer des équilibres sans déclarer la guerre. C’est ce glissement stratégique que Rybar exploite. Le Maghreb se retrouve ainsi au centre d’une confrontation invisible : Les USA d’un côté, la Russie et l'Iran de l’autre. Pour les deux capitales maghrébines, chaque accord, chaque usine, chaque ligne de production de drones devient un message adressé à l’autre. Et les récits militaires russes ne font que renforcer cette dynamique de méfiance.
Le Maroc réellement vulnérable ? Analyse des cibles exposées
La carte de Rybar vise « Soi-disant » trois catégories de points névralgiques : l’énergie, la logistique saharienne et l’architecture radar. Les raffineries et dépôts de Mohammedia, Sidi Kacem ou Jorf Lasfar sont des cibles sensibles en temps de paix comme en temps de guerre.
Quelques frappes réussies suffiraient à perturber l’approvisionnement national. Le port de Dakhla, présenté comme un maillon stratégique, incarne la continuité territoriale marocaine vers le Sahara : une attaque symbolique y aurait une valeur politique forte. Quant aux radars et bases aériennes, Rybar applique l’expérience ukrainienne : saturer les défenses par une pluie de drones bon marché pour obliger l’adversaire à « gaspiller » ses moyens les plus coûteux.
Techniquement, ces vulnérabilités existent et sont banales. Politiquement, aucun acteur rationnel ne les activera : Alger sait qu’une attaque sur Dakhla ou Jorf Lasfar déclencherait une escalade incontrôlable. Le risque n’est pas opérationnel mais perceptionnel. Ce que Rybar pointe, ce n’est pas une guerre imminente, mais des failles théoriques capables de nourrir une spirale d’inquiétude dans l’opinion publique des deux pays.
Quelques frappes réussies suffiraient à perturber l’approvisionnement national. Le port de Dakhla, présenté comme un maillon stratégique, incarne la continuité territoriale marocaine vers le Sahara : une attaque symbolique y aurait une valeur politique forte. Quant aux radars et bases aériennes, Rybar applique l’expérience ukrainienne : saturer les défenses par une pluie de drones bon marché pour obliger l’adversaire à « gaspiller » ses moyens les plus coûteux.
Techniquement, ces vulnérabilités existent et sont banales. Politiquement, aucun acteur rationnel ne les activera : Alger sait qu’une attaque sur Dakhla ou Jorf Lasfar déclencherait une escalade incontrôlable. Le risque n’est pas opérationnel mais perceptionnel. Ce que Rybar pointe, ce n’est pas une guerre imminente, mais des failles théoriques capables de nourrir une spirale d’inquiétude dans l’opinion publique des deux pays.
Scénario plausible ou simple marketing géopolitique ?
Rybar produit un texte qui ressemble à un rapport militaire, mais son objectif est ailleurs. En mettant en avant la capacité des drones Geran-2 à déstabiliser un pays mieux équipé technologiquement, la Russie livre un argument commercial à peine voilé : ses drones low-cost sont devenus une arme stratégique d’influence mondiale.
L’Algérie apparaît comme un client naturel, disposé à renforcer son arsenal asymétrique. Le Maroc, de son côté, devient l’exemple parfait du « bon élève de l’Occident » qu’il faut rééquilibrer. La logique est limpide : Moscou teste un récit, jauge les réactions, installe l’idée que ses drones peuvent modifier les calculs régionaux.
C’est une opération d’influence, pas une préparation d’état-major. Le plus ironique, peut-être, est que le scénario, en voulant rassurer les Algériens, rappelle aussi aux Marocains que leurs progrès militaires les exposent à des réponses nouvelles. Cette ambivalence est typique de la propagande russe : jouer sur la prudence, la peur et la fascination technologique.
L’Algérie apparaît comme un client naturel, disposé à renforcer son arsenal asymétrique. Le Maroc, de son côté, devient l’exemple parfait du « bon élève de l’Occident » qu’il faut rééquilibrer. La logique est limpide : Moscou teste un récit, jauge les réactions, installe l’idée que ses drones peuvent modifier les calculs régionaux.
C’est une opération d’influence, pas une préparation d’état-major. Le plus ironique, peut-être, est que le scénario, en voulant rassurer les Algériens, rappelle aussi aux Marocains que leurs progrès militaires les exposent à des réponses nouvelles. Cette ambivalence est typique de la propagande russe : jouer sur la prudence, la peur et la fascination technologique.
Qui contrôle aujourd’hui la narration militaire au Maghreb ?
Ce scénario de guerre n’est pas un simple exercice d’imagination. Il révèle la manière dont les conflits contemporains débordent de leurs frontières pour se projeter dans des espaces géopolitiques éloignés.
Au Maghreb, ce texte agit comme un révélateur : la rivalité algéro-marocaine n’a plus besoin de chars alignés ou de manœuvres militaires visibles pour s’exprimer. Elle passe désormais par des usines de drones, des accords technologiques, des cartes Telegram et des récits qui reconfigurent les perceptions avant les faits.
Le document de Rybar est dangereux non parce qu’il annonce une guerre, mais parce qu’il installe un imaginaire de guerre, nourri par la compétition Israël–Russie et par l’accélération technologique des deux pays voisins.
Dans une région où les crises diplomatiques s’enchaînent depuis 2021, ce type d’analyse contribue à transformer la prudence stratégique en anxiété permanente. La vraie question n’est pas « l’Algérie va-t-elle attaquer ? », mais : qui contrôle aujourd’hui la narration militaire au Maghreb ? Tant que les récits seront façonnés de l’extérieur, la perception du risque restera déformée. Et dans les conflits modernes, l’imaginaire précède trop souvent l’irréparable.
Au Maghreb, ce texte agit comme un révélateur : la rivalité algéro-marocaine n’a plus besoin de chars alignés ou de manœuvres militaires visibles pour s’exprimer. Elle passe désormais par des usines de drones, des accords technologiques, des cartes Telegram et des récits qui reconfigurent les perceptions avant les faits.
Le document de Rybar est dangereux non parce qu’il annonce une guerre, mais parce qu’il installe un imaginaire de guerre, nourri par la compétition Israël–Russie et par l’accélération technologique des deux pays voisins.
Dans une région où les crises diplomatiques s’enchaînent depuis 2021, ce type d’analyse contribue à transformer la prudence stratégique en anxiété permanente. La vraie question n’est pas « l’Algérie va-t-elle attaquer ? », mais : qui contrôle aujourd’hui la narration militaire au Maghreb ? Tant que les récits seront façonnés de l’extérieur, la perception du risque restera déformée. Et dans les conflits modernes, l’imaginaire précède trop souvent l’irréparable.
« Les chiens aboient et la caravane passe tranquillement. »
Face à ce scénario publié par un compte Telegram russe, une question demeure : jusqu’où cette menace pourrait-elle se concrétiser ? Bien que l'attaque décrite dans ce plan semble plus relever de la spéculation et d'un jeu géopolitique indirect, il est indéniable que les tensions entre l’Algérie et le Maroc, soutenues par des acteurs extérieurs comme la Russie, sont réelles.
Toutefois, cette publication n’est que l’écho des discussions stratégiques internes et ne représente pas nécessairement une volonté d’escalade militaire. Le Maroc, tout en renforçant ses capacités de défense, doit également poursuivre ses efforts diplomatiques pour garantir la stabilité régionale. Comme le dit le proverbe : « Les chiens aboient et la caravane passe tranquillement. »
Cela signifie que, malgré les menaces et les provocations, la marche de l’histoire continue, et la diplomatie et la coopération régionale demeurent des clés essentielles pour maintenir la paix.
Toutefois, cette publication n’est que l’écho des discussions stratégiques internes et ne représente pas nécessairement une volonté d’escalade militaire. Le Maroc, tout en renforçant ses capacités de défense, doit également poursuivre ses efforts diplomatiques pour garantir la stabilité régionale. Comme le dit le proverbe : « Les chiens aboient et la caravane passe tranquillement. »
Cela signifie que, malgré les menaces et les provocations, la marche de l’histoire continue, et la diplomatie et la coopération régionale demeurent des clés essentielles pour maintenir la paix.