Un cadrage royal comme boussole
Dès les premières lignes, le communiqué replace la réponse gouvernementale dans le sillage du discours du Trône. Le rappel des « programmes de développement territorial » et de la « réduction des inégalités sociales et spatiales » n’est pas qu’un effet rhétorique : c’est la manière, devenue classique, de se placer sous l’ombre tutélaire de SM le Roi. Cette stratégie a un double effet : elle légitime le propos et elle le protège. Car en s’abritant derrière les orientations royales, la majorité risque de verrouiller le débat politique : critiquer la lenteur de l’action revient à critiquer une feuille de route validée au sommet de l'état !
Mais il faut aussi y voir un message aux jeunes contestataires : vos revendications, dit la majorité, ne sont pas étrangères au cap fixé par le Souverain. Autrement dit : inutile d’enflammer la rue, nous y travaillons déjà.
Mais il faut aussi y voir un message aux jeunes contestataires : vos revendications, dit la majorité, ne sont pas étrangères au cap fixé par le Souverain. Autrement dit : inutile d’enflammer la rue, nous y travaillons déjà.
Génération Z, un interlocuteur implicite
Ce qui frappe, c’est la reconnaissance, même indirecte, des mobilisations numériques. Le texte parle des « expressions juvéniles dans les espaces électroniques et publics », une formule diplomatique pour désigner Génération Z 212. L’adjectif « juvéniles » n’est pas neutre : il rappelle l’âge des contestataires, mais aussi une certaine condescendance implicite. Comme si l’on disait : « ce sont des jeunes qui s’expriment, il faut les écouter, mais sans perdre de vue qu’ils sont encore à l’âge de l’impatience ».
Pourtant, cette mention a une valeur symbolique majeure : c’est la première fois que la majorité admet publiquement qu’il y a un sujet, qu’il existe un collectif identifiable, et que ses préoccupations méritent un minimum d’attention. Dans le lexique politique marocain, c’est déjà un tournant.
Pourtant, cette mention a une valeur symbolique majeure : c’est la première fois que la majorité admet publiquement qu’il y a un sujet, qu’il existe un collectif identifiable, et que ses préoccupations méritent un minimum d’attention. Dans le lexique politique marocain, c’est déjà un tournant.
L’éloge du dialogue institutionnel
La majorité insiste à raison sur le « dialogue » et le « débat public » comme uniques moyens de résolution des conflits. Elle salue même la « réaction équilibrée » des forces de l’ordre. On est ici dans un registre classique : féliciter les forces de sécurité tout en ouvrant un espace de parole pour les jeunes. Mais ce cadrage reste limité : l’espace que propose la majorité, ce sont les institutions. Autrement dit : le Parlement, les partis, les associations reconnues.
La question est donc posée : Génération Z 212 acceptera-t-elle d’entrer dans ces cadres, au risque de se diluer dans les routines institutionnelles ? Ou bien cherchera-t-elle à inventer un espace d’expression autonome, plus direct, plus horizontal ? Pour l’instant, le rapport de force reste fragile.
La question est donc posée : Génération Z 212 acceptera-t-elle d’entrer dans ces cadres, au risque de se diluer dans les routines institutionnelles ? Ou bien cherchera-t-elle à inventer un espace d’expression autonome, plus direct, plus horizontal ? Pour l’instant, le rapport de force reste fragile.
La santé comme terrain d’entente
Si la majorité a choisi de mettre en avant la santé, ce n’est pas un hasard. Le secteur concentre les frustrations les plus profondes : hôpitaux saturés, inégalités territoriales criantes, manque chronique de médecins. Le gouvernement reconnaît que « les résultats ne peuvent être immédiats », mais insiste sur ses chantiers : création de groupes sanitaires territoriaux, réhabilitation d’hôpitaux, hausse du nombre de praticiens.
C’est une posture défensive : oui, nous entendons les critiques, mais oui aussi, nous avons déjà lancé les réformes. Reste que cette stratégie comporte un risque. À force de rappeler que le temps de l’action publique est long, la majorité peut donner l’image d’un pouvoir en décalage avec l’urgence sociale. Car pour les jeunes mobilisés, la patience n’est plus une option.
C’est une posture défensive : oui, nous entendons les critiques, mais oui aussi, nous avons déjà lancé les réformes. Reste que cette stratégie comporte un risque. À force de rappeler que le temps de l’action publique est long, la majorité peut donner l’image d’un pouvoir en décalage avec l’urgence sociale. Car pour les jeunes mobilisés, la patience n’est plus une option.
Le Parlement comme scène d’apaisement
Le communiqué se félicite que les groupes parlementaires aient demandé une audition du ministre de la Santé. Là encore, le signal est clair : la contestation doit passer par les institutions. Mais cette insistance trahit aussi une inquiétude : la rue comme nouvel espace politique échappe aux codes du Parlement. Et c’est justement ce que les jeunes veulent rappeler : que les décisions qui changent la vie quotidienne se prennent aussi en dehors des hémicycles.
Un catalogue de chantiers pour rassurer
Dans la dernière partie du texte, la majorité déroule une liste impressionnante de réformes : protection sociale, emploi, logement, éducation, eau, justice. Ce catalogue, digne d’un discours de politique générale, vise à montrer que rien n’est laissé de côté. Mais cette énumération a ses limites : elle rappelle le programme électoral de 2021, dont beaucoup de promesses peinent encore à se matérialiser dans le quotidien des Marocains.
La mention du « renforcement de l’investissement public et privé » sonne juste, mais elle reste générale. Les jeunes contestataires ne demandent pas un inventaire des projets, ils veulent des signes concrets : un rendez-vous, une baisse des frais universitaires, des stages accessibles, une couverture médicale fonctionnelle. Bref, des mesures palpables.
Un catalogue de chantiers pour rassurer
Dans la dernière partie du texte, la majorité déroule une liste impressionnante de réformes : protection sociale, emploi, logement, éducation, eau, justice. Ce catalogue, digne d’un discours de politique générale, vise à montrer que rien n’est laissé de côté. Mais cette énumération a ses limites : elle rappelle le programme électoral de 2021, dont beaucoup de promesses peinent encore à se matérialiser dans le quotidien des Marocains.
La mention du « renforcement de l’investissement public et privé » sonne juste, mais elle reste générale. Les jeunes contestataires ne demandent pas un inventaire des projets, ils veulent des signes concrets : un rendez-vous, une baisse des frais universitaires, des stages accessibles, une couverture médicale fonctionnelle. Bref, des mesures palpables.
Ce communiqué est-il une main tendue sincère ou une opération de communication ?
Les deux, sans doute. La majorité a compris que le silence ou la répression pure seraient contre-productifs. Elle cherche donc à transformer l’énergie de la contestation en une opportunité pour relégitimer son programme. Mais il y a là un paradoxe : si les jeunes acceptent le dialogue institutionnel, ils risquent d’être absorbés par un système qui neutralise plus qu’il ne transforme. S’ils refusent, ils s’exposent à l’accusation d’irrationalité ou de radicalité.
Le dilemme du pouvoir et des jeunes
La situation est donc à la croisée des chemins. Pour la majorité, l’enjeu est de démontrer que l’État social qu’elle promet n’est pas un simple slogan. Pour Génération Z 212, il s’agit de prouver que son mouvement peut dépasser le stade de la colère symbolique pour devenir une force de propositions.
Ce face-à-face, inédit dans sa forme, pourrait redessiner les contours de la politique marocaine. S’il réussit, il ouvrira la voie à une nouvelle relation entre citoyens et institutions, plus horizontale, plus directe. S’il échoue, il renforcera le fossé de méfiance et donnera naissance à une contestation plus radicale que personne n'espére.
Le dilemme du pouvoir et des jeunes
La situation est donc à la croisée des chemins. Pour la majorité, l’enjeu est de démontrer que l’État social qu’elle promet n’est pas un simple slogan. Pour Génération Z 212, il s’agit de prouver que son mouvement peut dépasser le stade de la colère symbolique pour devenir une force de propositions.
Ce face-à-face, inédit dans sa forme, pourrait redessiner les contours de la politique marocaine. S’il réussit, il ouvrira la voie à une nouvelle relation entre citoyens et institutions, plus horizontale, plus directe. S’il échoue, il renforcera le fossé de méfiance et donnera naissance à une contestation plus radicale que personne n'espére.
En choisissant de répondre par l’écoute et le dialogue, la majorité a franchi un pas. Mais ce pas reste timide. Tout dépendra désormais de sa capacité à transformer les promesses générales en engagements concrets, visibles et rapides. Dans une société où la jeunesse est majoritaire, chaque décalage entre le discours et la réalité peut rallumer l’étincelle de la contestation.
Génération Z 212 n’est pas encore un mouvement structuré, mais il est déjà une alerte. À la majorité de décider si elle veut la traiter comme un ennui passager, ou comme une chance de refonder la confiance. Dans ce choix se joue peut-être l’avenir du contrat social marocain.
Génération Z 212 n’est pas encore un mouvement structuré, mais il est déjà une alerte. À la majorité de décider si elle veut la traiter comme un ennui passager, ou comme une chance de refonder la confiance. Dans ce choix se joue peut-être l’avenir du contrat social marocain.
Appel à la responsabilité
À l’heure de la mise en ligne de cette chronique, des informations et des vidéos circulent sur les réseaux sociaux faisant état de comportements de destruction de biens publics.
Si ces faits venaient à être avérés, nous ne pouvons en aucun cas les cautionner et nous les condamnons fermement.
Ces dérives sont contre-productives et ne servent ni la cause défendue par les jeunes, ni l’intérêt général.
Il appartient aux leaders du mouvement Génération Z 212 de se désolidariser clairement de tels actes et d’appeler avec force à la raison, afin que le dialogue démocratique puisse s’instaurer dans un climat serein et constructif.
Si ces faits venaient à être avérés, nous ne pouvons en aucun cas les cautionner et nous les condamnons fermement.
Ces dérives sont contre-productives et ne servent ni la cause défendue par les jeunes, ni l’intérêt général.
Il appartient aux leaders du mouvement Génération Z 212 de se désolidariser clairement de tels actes et d’appeler avec force à la raison, afin que le dialogue démocratique puisse s’instaurer dans un climat serein et constructif.