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Quand les médias deviennent des relais de haine et de mensonge




Par Abdellah El Bekkali – Membre de la Commission provisoire de gestion du secteur de la presse et de l’édition

Quand les médias deviennent des relais de haine et de mensonge
Il est devenu presque banal aujourd’hui de constater que certains médias, au lieu d’accomplir leur mission première – informer, éduquer et éclairer l’opinion publique –, se sont convertis en tribunes d’hostilité, de distorsion des faits, et parfois même d’incitation directe à la haine.

Ces dérives, de plus en plus nombreuses, ne sont pas seulement le reflet d’un abaissement du niveau professionnel. Elles incarnent une crise morale et éthique profonde qui secoue le monde de la presse. Derrière le paravent de la liberté d’expression, certains médias s’emploient à manipuler l’information, à travestir la réalité, à propager des contre-vérités, voire à stigmatiser des individus ou des communautés entières.

La logique du sensationnalisme à tout prix a pris le pas sur le respect de la vérité. L’objectif n’est plus de contribuer à un débat citoyen et éclairé, mais de maximiser les clics, les partages et les réactions – même au prix de la décence.

Ce glissement dangereux transforme peu à peu l’espace médiatique en zone de non-droit moral, où tout devient permis : dénigrement, rumeurs infondées, campagnes de déshumanisation, et appel à la violence ou à l’exclusion.

Plus préoccupant encore : ces pratiques ne sont pas toujours le fait d’acteurs marginaux. Certains médias ayant pignon sur rue, disposant de ressources conséquentes et jouissant d’une large audience, tombent dans cette spirale sans retenue, brouillant ainsi les repères du public quant à ce qui relève de l’information fiable.

Dans ce climat troublé, il devient difficile pour le citoyen de faire la part entre ce qui est authentique et ce qui est fabriqué, entre le journalisme de conviction et la propagande déguisée. Le socle même de la confiance envers les médias se fissure jour après jour.

Face à cette situation, il devient impératif d’instaurer une nouvelle charte éthique pour la presse. Une charte qui ne se contente pas de jolis principes généraux, mais qui trace des lignes rouges claires : le respect de la dignité humaine, l'interdiction de toute incitation à la haine, et la promotion du débat pluraliste dans un cadre responsable.

Il ne s’agit pas ici de restreindre la liberté de la presse – bien au contraire. Il s’agit de lui redonner son honneur et sa noblesse, en la préservant des dévoiements qui la transforment en arme de guerre psychologique, sociale ou politique.

Car ce n’est pas seulement la crédibilité des journalistes qui est en jeu. C’est la cohésion nationale. C’est la santé mentale collective. C’est la possibilité de construire un vivre-ensemble solide, dans un monde où l’information ne devrait jamais être un poison, mais une lumière.

Traduction de la rédaction / article sur Alalam quotidien



Vendredi 25 Juillet 2025