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Rabat : La grande métamorphose


Rédigé par Rédaction le Jeudi 12 Janvier 2023

Capitale marocaine de la culture, capitale culturelle de l’Afrique et du monde islamique–2022, Rabat la Capitale vient par ailleurs de boucler dix années sur son inscription par l'UNESCO au patrimoine mondial de l'Humanité en tant que ville moderne et cité historique.



Par Jamal HAJJAM

Rabat : La grande métamorphose
Dix années depuis la consécration mais aussi dix années d’engagement durant lesquelles la "Ville Lumière" s'est transformée en un imposant chantier de mise à niveau urbaine, de réhabilitation, de valorisation et de rayonnement d'un patrimoine riche et précieux. Le résultat est là, appréciable et apprécié, faisant mériter à Rabat de compter aujourd'hui parmi les plus belles métropoles mondiales.
Un rang acquis sur la base d'une vision Royale traduite par une action soutenue et cimentée par la mise en place de structures impliquant des partenariats efficaces et intelligents et par la mobilisation de ressources financières et de moyens matériels et techniques conséquents.

Les programmes de développement et de valorisation de la capitale ont ceci de spécial qu'ils ont été mis en oeuvre selon un plan d’action ficelé avec une approche intégrée, qui a permis à l’idée de l’inscription au patrimoine de l’UNESCO d'être couronnée de succès et aux projets y afférant de se réaliser dans les règles de l’art. 

Parallèlement au collossal travail de mise à niveau urbaine qui a couvert tous les quartiers de la ville, aux projets structurants d'envergure (gare ferroviaire de l'Agdal, gare routière, trémies...), de nombreux projets insufflant une nouvelle dynamique socio-économique et renforçant la vocation touristique de la ville sont, soit déjà réalisés, soit en cours de l'être tels la Bibliothèque Nationale, le Musée d’art Moderne et Contemporain Mohammed VI, la rénovation des musées existants, la construction du Grand Théâtre de Rabat, du Musée National de l’Archéologie et des sciences de la terre, de la Maison des Arts et de la Culture et de la Bibliothèque des Archives Nationales du Royaume du Maroc.

Ces réalisations complètent et entrent en symbiose avec les biens déjà inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO qui ont bénéficié d'un programme de préservation et de réhabilitation spécial, rendant ainsi leur éclat d'antan à l'ancienne Médina, à la "ville nouvelle", au site de Chellah, aux remparts et portes monumentales, à la tour Hassan, au quartier Habous de Diour Jamaa, au Jardin d’éssais botanique et, bien sûr, à la magnifique et majestueuse Casbah des Oudayas qui constitue le noyer historique de Rabat et qui doit son charme et son aura à son rôle historique, son passé glorieux et son présent séducteur.

L'Histoire façonnée par la géographie

L'Histoire justement. Pour Rabat, cette dernière ne peut être dissociée de la géographie compte tenu l'emplacement de la ville entre deux eaux, l’estuaire du Bouregreg et l’océan Atlantique. Ville maritime par excellence, Rabat a en effet vu son histoire façonnée par cette spécificité géographique.

Terre d'accueil des Andalous chassés de la péninsule ibérique aux tous débuts du 17e siècle, la ville almohade a dès lors pris un cachet andalou-morisque que l'on retrouve dans son architecture comme dans son héritage culturel et son art de vivre. Au départ, sa principale activité économique fut la course maritime avant de servir de port commercial dynamique dont le trafic devait se réduire progressivement jusqu’à l’extinction totale. N’empêche qu'aujourd’hui encore, Rabat demeure jalousement accrochée à ses façades fluviale et océanique malgré les changements et les mutations que son statut et son activité socio-économique ont connus au fil du temps.

Le Bouregreg, autrefois source de prospérité pour Rabat et sa jumelle Salé par ses activités diverses et par son poisson emblématique, l’Alose (Chabel) aujourd’hui disparu du fait de la construction du barrage Sidi Mohamed Ben Abdallah à 25 kilomètres en amont de l’estuaire, demeure de grande actualité pour la capitale.

Son activité, dominée pendant des siècles par les Barcassiers et les pêcheurs, deux corporations qui ont subi des fortunes diverses (disparition du port, concurrence du Bac à vapeur, puis construction du Pont Moulay Hassan), a changé de visage par l’implantation de nouvelles activités liées aux sports nautiques (aviron, canoé-kayak, voile…), à la restauration (cafés et restaurants) et au tourisme (corniche avec sa promenade sur sa rive gauche et sa marina sur sa rive droite), activités rendues possibles grâce au programme d’aménagement de la vallée du Bouregreg. Pendant longtemps figés dans le temps, l’Oued et sa plage Bergama s’inscrivent désormais dans l’ouverture aux exigences de la modernité et s’adaptent aux changements.

Sur le flan atlantique, la relation de Rabat avec l’océan a historiquement été soumise à une certaine rigueur via des rapports marqués par un souci de défense maritime et se traduisant par la construction, en chapelet, d’un certain nombre de fortifications défensives.
Le Fort Moulay Rachid sur le haut de la colline surplombant la plage, devenu prison d’El Alou puis musée militaire en devenir, en fait partie. Tout comme borj es-Sqala en contrebas de la Casbah des Oudayas, Borj es- Sirat dont la plateforme a abrité en 1919 le majestueux Phare de Rabat (phare de la Calette) toujours opérationnel, Borj ed-Dar qui a fait office de restaurant et, enfin, le splendide Fort Rothenburg (du nom de son réalisateur, l’ingénieur allemand Walter Rothenburg) appelé aussi Fort Hervé par les Français, construit en 1888 et doté de canons modernes.

Ce Fort, totalement rénové aujourd’hui et abritant le musée de l'art photographique, retrouve une nouvelle vie grâce au programme "Rabat Ville Lumière" qui a aussi le mérite de faire renverser la fâcheuse tendance qu’avait Rabat, celle de tourner le dos à la mer.
Par les réaménagements opérés, la route côtière allant du quartier l’Océan jusqu’à l’entrée de la commune de Harhoura, a subi un toilettage complet et enchanteur. La côte atlantique est devenue ainsi apte à recevoir des projets grandioses comme la grande piscine de Rabat (un franc succès), le Centre hospitalier régional Moulay Youssef, un futur Palace en cours d'acheminement à l'emplacement de l'ancien hôpital militaire (ex palais sultanien d’été et ex hôpital Marie Feuillet).

Avec ses nombreux terrains de sport de proximité aménagés durant ces dernières années dans tous les quartiers de la ville, la corniche maritime de Rabat revient de très loin au grand bonheur des riverains, comme des visiteurs.

Il est évident qu'entre l'historique et le contemporain, Rabat Ville Lumière a gagné le pari de cité accrochée à son patrimoine tout en se tournant agréablement vers l'avenir. Sa grande métamorphose s'est justement appuyée sur l'harmonie entre ces deux paramètres, signant ainsi un succès enchanteur.

Jamal HAJJAM




Jeudi 12 Janvier 2023