Une charge mentale accrue
Si le Ramadan est un moment de recueillement et de piété, il représente aussi une surcharge de travail pour de nombreuses femmes. En plus du jeûne, elles doivent souvent gérer la préparation des repas, qui prennent une place centrale dans les traditions du mois sacré.
Entre la préparation du ftour (repas de rupture du jeûne) et du shour (repas avant l’aube), les femmes se retrouvent fréquemment à passer de longues heures en cuisine, parfois au détriment de leur propre repos et spiritualité.
Dans certains foyers, cette répartition inégale des tâches est perçue comme un devoir naturel des femmes, renforçant ainsi la division sexuée du travail domestique. Pourtant, de plus en plus de voix s’élèvent pour revendiquer un partage plus équitable des responsabilités, permettant aux femmes de vivre pleinement le Ramadan dans toute sa dimension spirituelle et personnelle.
Une spiritualité entravée ?
Le Ramadan est un mois de prière et de connexion avec Dieu. Pourtant, certaines femmes se sentent freinées dans leur pratique religieuse. La menstruation, par exemple, les empêche d’accomplir certaines obligations religieuses comme le jeûne et la prière, ce qui peut susciter en elles un sentiment d’exclusion.
Bien que ces pauses soient légitimes dans l’islam, le poids des traditions et du regard social fait que certaines femmes préfèrent dissimuler leur état pour éviter les jugements.
Par ailleurs, entre le travail, les responsabilités familiales et la gestion du quotidien, de nombreuses femmes peinent à trouver du temps pour elles-mêmes, rendant plus difficile l’introspection et la connexion spirituelle recherchées durant ce mois sacré.
Un moment de sororité et de solidarité
Malgré ces défis, le Ramadan est aussi un moment où la solidarité entre femmes se renforce. Dans plusieurs communautés, elles s’organisent entre elles pour alléger la charge de travail, partager des tâches ou encore créer des espaces de discussion et de spiritualité exclusivement féminins.
Les réseaux sociaux et les groupes de discussion permettent également d’ouvrir des conversations sur les réalités du Ramadan au féminin, abordant des sujets comme la fatigue mentale, la place de la femme dans les traditions ou encore la gestion du jeûne en période de cycle menstruel.
Ces espaces de dialogue favorisent une prise de conscience collective et encouragent une réflexion sur une répartition plus juste des tâches durant ce mois.
Vers un Ramadan plus équitable ?
Les discussions autour de la place des femmes durant le Ramadan se multiplient, remettant en question des schémas profondément ancrés. Dans certains foyers, on observe une évolution des mentalités, avec un partage plus équitable des responsabilités et une reconnaissance du besoin des femmes de vivre pleinement ce mois sacré, au-delà des seules obligations domestiques.
Pour que le Ramadan soit un moment de spiritualité et de bien-être pour toutes et tous, il est essentiel de repenser la répartition des tâches et d’inclure davantage les femmes dans les décisions liées à l’organisation du quotidien. Après tout, le Ramadan est un mois de partage, et ce partage doit commencer dès le foyer.