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Réserves de sang au Maroc : alerte rouge et questions sur la gestion


Baisse inquiétante des réserves de sang au Maroc. Analyse critique de la gestion, des risques pour les patients et des réformes urgentes à engager.



Don de sang : le signal rouge que l’on fait semblant de ne pas voir

Réserves de sang au Maroc : alerte rouge et questions sur la gestion
Les réserves de sang chutent dans plusieurs centres de transfusion au Maroc. Appels urgents sur les réseaux, messages de bénévoles, files inégales. Nous frôlons une zone de risque évitable.

Dans certaines villes, on parle de quelques jours de stock pour certains groupes rares. Les centres publient des alertes tardives, puis comptent sur une poussée émotionnelle de dons le week‑end. Lundi suivant : la courbe retombe. Ce yo‑yo fragilise la prise en charge des accouchements compliqués, des anémies sévères, des patients en chimiothérapie, des victimes d’accidents. Le schéma est récurrent : sous‑anticipation, appel massif, essoufflement.

Le problème n’est pas seulement le “manque de donneurs”, mais l’absence d’un modèle proactif. Peu de segmentation de la base de donneurs (rappels ciblés par SMS selon groupe et ancienneté), horaires parfois rigides, collecte mobile insuffisamment industrialisée (peu de tournées systématiques dans zones industrielles, campus, administrations). On traite un flux vital comme un événement occasionnel. C’est de la logistique de santé publique qui devrait être pilotée par données en temps réel (tableaux ouverts : stocks par région, seuils, projections). Aujourd’hui, nous avons surtout des appels génériques.

Personne ne programme un accident. La mère en hémorragie de délivrance, le jeune drépanocytaire, le patient opéré d’urgence : sans poche disponible, chaque minute pèse. Une société résiliente se juge à sa capacité à garantir ces besoins essentiels. On investit dans le digital, c’est bien. Mais un registre dynamique des donneurs réguliers avec fidélisation (notifications, retour d’information : “votre don a aidé X patients”) aurait un impact direct sur des vies.

Le ministère souligne l’importance du “geste citoyen”. Certes. Mais moraliser ne remplace pas une stratégie. Des associations locales se démènent, souvent mieux structurées en terrain, mais manquent de moyens pour massifier. Sur les réseaux, on voit à la fois solidarité et lassitude : “On nous appelle seulement quand ça brûle.” Signal clair : déficit de confiance systémique.

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Samedi 9 Août 2025



Rédigé par le Samedi 9 Août 2025
Mamoune ACHARKI
Journaliste junior passionné par l'écriture, la communication, les relations internationales et la... En savoir plus sur cet auteur