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Responsabilité sociétale en santé au Maroc et en Afrique


le Mardi 5 Avril 2022

Dr Intissar HADDIYA, professeur de néphrologie à la faculté de Médecine d'Oujda vient de soutenir une thèse de doctorat à la Faculté des sciences de l'Éducation de Rabat, sur la responsabilité sociétale en santé en Afrique.



Par Dr Anwar CHERKAOUI

Responsabilité sociétale en santé au Maroc et en Afrique
Ce travail scientifique ayant porté sur 10 pays Africains.

« Responsabilité sociétale en santé et situation sanitaire en Afrique : Exemple de la prise en charge de la maladie rénale », est le thème de la thèse de doctorat, soutenue publiquement par Mme Intissar HADDIYA, à la faculté des sciences de l’éducation de l’Universié Mohammed V de Rabat.

Il est important de préciser que Mme Intissar HADDIYA est professeur de l’enseignement supérieur en Néphrologie à la Faculté de Médecine de l’université Mohamed Premier d’Oujda.

La responsabilité sociétale (RS) en santé est de la plus haute importance dans le développement des systèmes de santé.

C’est un concept qui fait actuellement l'objet d'une attention croissante à travers le monde, à l’instar de la responsabilité sociale des entreprises (RSE).

Il est ainsi fréquemment présenté comme l'une des réponses nécessaires à l’amélioration de la prise en charge des patients dans la plupart des pays développés.

De plus, la RS en santé a fait l’objet de plusieurs publications en occident et en Asie.
Toutefois, l’absence de données africaines relatives à ce sujet, a motivé la réalisation de cette étude qui avait pour but d’évaluer la RS des hôpitaux publics africains en terme de prise charge de la maladie rénale, et explorer les facteurs qui l’influencent en se basant sur les perceptions des patients et des médecins néphrologues, puis établir des propositions concrètes visant à l’améliorer.

Il s’agit d’une étude transversale qui s’est déroulée sur une période de neuf mois entre Octobre 2019 et Juin 2020, incluant des participants, médecins néphrologues et patients, relevant des structures hospitalières publiques de dix pays Africains (Maroc, Tunisie, Égypte, Tchad, Burundi, Sénégal, Gabon, Mozambique, Mauritanie et Cameroun), représentant les cinq régions africaines.

Deux questionnaires structurés étaient conçus pour mesurer les perceptions des patients et des médecins néphrologues de la responsabilité sociétale des hôpitaux dont ils relèvent. De plus, les caractéristiques des patients et des médecins ainsi que les indicateurs des pays inclus étaient analysés.

Seuls 27% des patients pensaient que leurs hôpitaux étaient socialement responsables. En effet, les participants étaient globalement satisfaits de la prise en charge thérapeutique, en l’occurrence de l’implication des soignants dans le processus des soins.

Cependant, l’environnement, les conditions générales de l’hôpital et l’accessibilité des soins (délais d’attente, coût global, non disponibilité des bilans et des traitements),étaient globalement perçues comme étant insatisfaisantes.

Aussi, les patients pensaient globalement que bénéficier d’un traitement indépendamment de la capacité de payer n’était pas toujours possible. Les analyses de corrélation des données des patients et la RS des hôpitaux avaient montré que les patients traités au niveau des grandes structures hospitalières et ceux qui avaient une couverture sanitaire étaient plus satisfaits. 

En outre, l’analyse statistique avait relevé une association positive significative entre le revenu du pays, ses dépenses publiques en santé et en éducation et la perception de la RS des hôpitaux.

En ce qui concerne les médecins, 60% des participants pensaient que leurs hôpitaux n’étaient pas socialement responsables. Toutefois, l’analyse statistique n’avait pas noté d’associations significatives entre les caractéristiques socioprofessionnelles des médecins, les caractéristiques socioéconomiques de leurs pays et leurs perceptions de la RS des hôpitaux.

De plus, les néphrologues participants avaient soulevé, outre les déterminants sociaux de la santé, un certain nombre de facteurs entravant la RS des hôpitaux africains, tels : le sous-effectif des professionnels de santé et la fuite des cerveaux.

D’autres facteurs liés à la structure hospitalière (leadership et gouvernance, infrastructures inadaptées et insuffisantes, non disponibilité  des médicaments et outils diagnostiques), ainsi que des facteurs liés au système de santé (ressources limitées, faibles budgets nationaux alloués à la santé, coût des soins et absence de couverture sanitaire) étaient également discutés.

Enfin, les médecins néphrologues avaient proposé des solutions s’adressant principalement aux responsables des hôpitaux ainsi qu’aux décideurs des systèmes de santé dont ils relèvent, englobant essentiellement les trois volets suivants : Recrutement et formation des ressources humaines, leadership et gouvernance, ainsi que le renforcement des infrastructures et de la logistique.

Le travail scientifique du Pr Intissar HADDIYA, a mis en exergue le rôle crucial de la gouvernance et de la gestion hospitalières, en impliquant les différentes parties prenantes, pour améliorer la RS des hôpitaux, et par conséquent l’offre des soins.

De plus, les perceptions et les préoccupations de nos participants fournissent des informations aux autorités sanitaires concernant la perception du fonctionnement des hôpitaux et la prise en charge de la maladie rénale en Afrique. Ces résultats pourraient contribuer à influencer les politiques de santé, en plus d’améliorer la performance de nos systèmes de santé en leur permettant d’adopter les actions requises pour devenir socialement responsables.

Il faut noter que Cette thèse était dirigée par les Professeurs Mohammed Guedira et Ali Lamnouar et jugée par le jury présidé par le Pr Rabia Bayahia et les professeurs Mohamed Harakat, Ali Lamnouar, Abdelhak Mohtaj et Mostafa El Mashrafi.

Au terme de la soutenance, la thèse a obtenu la mention « Très honorable » avec félicitations du jury et recommandation de publication.





Mardi 5 Avril 2022