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Ryad Mezzour révèle les secrets du partenariat Maroc-Sénégal

Analyse de Droit International


Le partenariat économique entre le Maroc et le Sénégal, tel que décrit par le ministre Ryad Mezzour, illustre une dynamique croissante d'intégration africaine. Les échanges commerciaux ont quadruplé depuis 2010, passant de 98,5 à 370 millions de dollars, soulignant une coopération structurée axée sur la prospérité partagée. Cette analyse examine les dimensions géopolitiques et de droit international économique, en s'appuyant sur les axes stratégiques identifiés : transfert d'expertise (agroalimentaire et énergies renouvelables), mutualisation des infrastructures logistiques, et création de fonds d'investissement pour les PME. Elle intègre également le contexte de la vitalité économique marocaine (hausse de 55% des IDE en 2024, secteur de la franchise à 20 milliards de dirhams de CA) et la stratégie industrielle africaine du Maroc.



Géopolitique Africaine : Comment le Maroc et le Sénégal Construisent une Prospérité Partagée via la ZLECAf

Ryad Mezzour révèle les secrets du partenariat Maroc-Sénégal
Géopolitiquement, ce partenariat s'inscrit dans la stratégie du Maroc de renforcer son influence en Afrique subsaharienne, particulièrement en Afrique de l'Ouest. Le Maroc, réintégré à l'Union Africaine (UA) en 2017 après une absence de 33 ans, utilise l'économie comme levier pour consolider son rôle de "hub" continental. Le Sénégal, avec son économie stable et sa position stratégique au carrefour de l'Afrique de l'Ouest, représente un allié clé. Cette alliance va au-delà du bilatéral : elle soutient l'intégration africaine promue par l'UA et l'Agenda 2063, visant une Afrique unie et prospère.

Les axes stratégiques révèlent une géopolitique des ressources. Le transfert d'expertise en agroalimentaire et énergies renouvelables répond aux défis climatiques et alimentaires communs, renforçant la résilience face aux chocs mondiaux (comme la guerre en Ukraine affectant les importations alimentaires). La mutualisation des infrastructures portuaires (Tanger Med au Maroc et Dakar au Sénégal) crée un corridor logistique atlantique, contrecarrant l'influence croissante de puissances extérieures comme la Chine (via la Belt and Road Initiative) ou la Turquie en Afrique. Cela positionne le duo comme un pôle de stabilité dans une région marquée par l'instabilité.

De plus, ce partenariat a des implications pour la géopolitique régionale. Le Maroc, via des programmes techniques opérationnels, exporte son modèle de développement (industrialisation, franchises) vers le Sénégal, renforçant les liens Sud-Sud. Cela pourrait influencer la Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), où le Sénégal joue un rôle pivot, et contrer les rivalités avec l'Algérie, qui courtise aussi l'Afrique subsaharienne. Globalement, dans un contexte de multipolarité (guerre froide USA-Chine, rôle de la Russie en Afrique), ce partenariat favorise une "diplomatie économique" africaine autonome, alignée sur les objectifs de développement durable (ODD) de l'ONU.

Cependant, des risques géopolitiques persistent : dépendance aux fluctuations des marchés mondiaux, vulnérabilités climatiques, et tensions potentielles liées à la migration ou aux ressources (eau, pêche). Le supplément spécial du journal Le Soleil sur le Maroc témoigne d'une soft power réussie, renforçant l'image du Royaume comme leader africain.

Du point de vue du droit international économique, ce partenariat s'appuie sur un cadre multilatéral et bilatéral robuste. Il est ancré dans la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf), entrée en vigueur en 2021, qui vise à créer un marché unique de 1,3 milliard de consommateurs. Les échanges accrus (de 98,5 à 370 millions de dollars) bénéficient de la réduction des barrières tarifaires prévue par la ZLECAf, favorisant l'intégration des chaînes de valeur régionales. Les axes stratégiques – transfert d'expertise et fonds communs pour PME – alignent sur les principes de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), notamment l'Accord sur les Mesures d'Investissement liées au Commerce (TRIMs), qui encourage les investissements sans distorsions.

Les accords bilatéraux entre le Maroc et le Sénégal (comme l'accord de partenariat économique de 2019) protègent les investissements via des clauses de traitement national et de nation la plus favorisée (NPF), inspirées des modèles de l'ONU et de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED). La création de fonds d'investissement pour PME s'inscrit dans le droit des investissements internationaux, régi par des traités bilatéraux d'investissement (TBI). Le Maroc, avec 70 TBI signés, offre un cadre attractif, renforcé par sa hausse de 55% des IDE en 2024, conforme aux normes de l'OMC sur la facilitation des investissements.

En matière d'infrastructures logistiques, la mutualisation portuaire respecte le droit maritime international (Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, UNCLOS), facilitant le commerce transfrontalier. Les programmes en énergies renouvelables s'alignent sur l'Accord de Paris (COP21), avec des mécanismes de financement verts (comme ceux de la Banque Africaine de Développement). Pour les PME, les fonds communs pourraient invoquer des protections contre l'expropriation et des mécanismes de règlement des différends (comme l'arbitrage CIRDI de la Banque Mondiale).

Des défis juridiques émergent : harmonisation des normes (par exemple, certifications agroalimentaires sous l'OMC/SPS), risques de litiges sur les investissements (si des réformes sénégalaises affectent les intérêts marocains), et conformité à la ZLECAf, qui exige des règles d'origine strictes. La feuille de route marocaine 2025-2027 pour les exportations renforce cela via des stratégies de branding, alignées sur le droit des marques (OMPI).

Ce partenariat Maroc-Sénégal est un modèle de coopération Sud-Sud, géopolitiquement renforçant l'intégration africaine et économiquement ancré dans des cadres internationaux comme la ZLECAf et l'OMC. Il promeut une prospérité partagée, mais nécessite une vigilance sur les risques géopolitiques et une harmonisation juridique pour maximiser les bénéfices. Avec la vitalité économique du Maroc, il pourrait inspirer d'autres alliances continentales, contribuant à une Afrique plus autonome sur la scène mondiale.

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Lundi 4 Août 2025