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SIEL : miroir grossissant ou déformant du monde du livre marocain ?


Rédigé par La Rédaction le Mardi 29 Avril 2025

Imaginez une immense scène où le livre marocain est à l'honneur, sous les projecteurs, acclamé par une foule enthousiaste. Le Salon International de l'Édition et du Livre (SIEL) de Rabat, dans sa 30ᵉ édition du 17 au 27 avril 2025, a rassemblé 775 exposants de 51 pays, présentant plus de 100 000 titres. ​



SIEL : miroir grossissant ou déformant du monde du livre marocain ?
Avec un budget de 38 millions de dirhams, le SIEL 2025 a proposé une programmation riche : 329 activités culturelles animées par 762 intervenants, des hommages à des figures emblématiques telles que Driss Chraïbi, et une mise à l'honneur de l'Émirat de Sharjah. ​

Cependant, derrière cette effervescence, des questions subsistent. Le SIEL reflète-t-il fidèlement la réalité du monde du livre marocain ? Les défis structurels du secteur, tels que la faible production en langue amazighe ou la sous-représentation des autrices, sont-ils suffisamment abordés ?​

De plus, la concentration géographique des activités, principalement à Rabat, et la prédominance des grandes maisons d'édition soulèvent des interrogations sur l'accessibilité et l'inclusivité de l'événement. Les petites structures éditoriales et les auteurs émergents trouvent-ils leur place dans ce grand rendez-vous ?​

Enfin, si le SIEL attire un large public, avec une affluence record de 316 000 visiteurs en 2024, il reste à déterminer si cet engouement se traduit par une augmentation durable de la lecture et de l'achat de livres tout au long de l'année. ​

L'avis de l'avocat du diable

Le SIEL, bien que spectaculaire, risque de devenir une façade brillante masquant les lacunes profondes du secteur du livre au Maroc. Sans une réflexion critique et des actions concrètes pour renforcer la chaîne du livre dans son ensemble, le salon pourrait se transformer en un événement ponctuel, déconnecté des réalités et des besoins des acteurs du monde du livre.​
 

Édition marocaine – Production éditoriale – Subventions publiques – Centralisation géographique – Littérature – Sciences humaines – Tirage faible – Dépendance institutionnelle – Diffusion limitée – Langue arabe – Langue française – Langue amazighe – Vulnérabilité structurelle – Lecture publique – Lectorat élitiste – Accès au livre – Numérique – Écosystème du livre – Commande publique – Château de cartes





Mardi 29 Avril 2025