Son accession au pouvoir a été rendue possible par une coalition de dernière minute avec le Parti japonais pour l’innovation (Ishin), après l’éclatement du partenariat historique entre le PLD et le parti centriste Komeito, en place depuis 1999. Résultat : une majorité fragile de 231 sièges, soit deux de moins que la majorité absolue.
Cette alliance, arrachée dans l’urgence, permet à Sanae Takaichi de succéder à Shigeru Ishiba, tout en plongeant le Japon dans une période politique incertaine. Son gouvernement devra composer avec une opinion publique méfiante et un PLD affaibli par un scandale financier.
Âgée de 63 ans, Sanae Takaichi n’a jamais caché son admiration pour Margaret Thatcher, dont elle revendique le modèle. Elle promet un gouvernement “à la scandinave”, avec un nombre record de femmes ministres, contre seulement deux dans le précédent cabinet. Parmi elles, la presse japonaise annonce la nomination de Satsuki Katayama au ministère des Finances. Une façon de marquer une rupture symbolique dans un pays encore classé 118e sur 148 par le Forum économique mondial en matière d’égalité hommes-femmes.
Malgré son statut de pionnière, Sanae Takaichi reste fidèle à une ligne ultraconservatrice :
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opposition à la réforme autorisant les couples mariés à garder chacun leur nom,
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défense d’une succession impériale exclusivement masculine,
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attachement à la tradition et au patriotisme national.
Elle a cependant surpris une partie de l’opinion par sa franchise sur la santé des femmes, évoquant sans détour ses symptômes de ménopause, un sujet encore tabou dans la vie politique japonaise.
À peine nommée, la nouvelle Première ministre doit déjà se préparer à accueillir Donald Trump la semaine prochaine. Elle a d’ailleurs adouci son discours sur la Chine et évité de se rendre au sanctuaire Yasukuni, geste perçu comme un signal d’apaisement diplomatique envers Pékin et Séoul. Sur le plan économique, elle promet de relancer la croissance tout en contrant le déclin démographique, l’un des défis majeurs du Japon.Sa victoire a d’ailleurs dopé la Bourse de Tokyo, atteignant un plus haut historique.