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Seul le PJD peut faire parler Aziz Akhannouch … même mal !


Un gouvernement est attendu pour sa politique actuelle, non pour se dissimuler derrière les politiques prises par ses prédécesseurs, immédiats ou lointains. Et quand bien même, un gouvernement responsable est appelé à prendre des mesures, à mettre en place des politiques, à atténuer les chocs externes et internes



Par Aziz Boucetta

Seul le PJD peut faire parler Aziz Akhannouch … même mal !
Le chef du gouvernement n’est semble-t-il pas sorti de la campagne électorale de l’été 2021 et de la hargne verbale des années qui ont précédé. Interpelé au parlement sur le sujet du jour et du mois, celui qui préoccupe les Marocains et grève sévèrement leur portefeuille, les prix des carburants, il a attaqué le PJD. Interrogé sur sa politique, il a répondu en faisant de la politique.

En somme, nous dit Aziz Akhannouch, arrimé à ses nouvelles fonctions de chef du gouvernement, est qu’il ne peut rien faire car, 1/ il n’est pas responsable de la situation et de la flambée des prix car les tensions géopolitiques, la compétition géoéconomique, la guerre en Ukraine et surtout la décision du PJD de décompenser en 2015 le sont plus que lui… et 2/ la Samir ne peut être exploitée car l’affaire est devant la justice internationale. Et M. Akhannouch, comme chacun sait, a le plus grand respect pour la justice et l’équité…

Or, un gouvernement est attendu pour sa politique actuelle, non pour se dissimuler derrière les politiques prises par ses prédécesseurs, immédiats ou lointains. Et quand bien même, un gouvernement responsable est appelé à prendre des mesures, à mettre en place des politiques, à atténuer les chocs externes et internes, et pas à dire, en gros, « c’est pas moi, c’est l’autre ». Surtout lorsque l’on a été un allié de « l’autre » près de dix années durant

Quant à la Samir, la raffinerie nationale, son histoire est compliquée, faite de légèreté et de voracité, d’incompétence et de mauvaise gouvernance. Soit. Mais face à la situation actuelle, on peut s’interroger sur la capacité d’un gouvernement à décréter l’urgence nationale pour la remettre en marche. Aucun tribunal au monde, aucun juriste sensé ne pourrait reprocher à un Etat de prendre les dispositions nécessaires pour assurer ses approvisionnements et sa sécurité énergétique.

Et au final, Aziz Akhannouch a fait ce qu’il sait faire le mieux : attaquer son ancien allié le PJD et, ce faisant, rester sur le même logiciel que celui d’avant les élections. On ne saurait le lui reprocher car ainsi est la politique, faite de tensions et de dissensions, d’attaques et d’un zeste de mauvaise foi.

Il n’en reste pas moins que le chef du gouvernement n’a pas répondu aux questions sur les solutions proposées : remettre la Samir en marche (et laisser la justice internationale faire son travail, aussi peu pressée  qu’empressée à rendre son jugement), plafonner les prix comme l’y autorise l’article 4 de la loi sur la liberté des prix et de la concurrence (ne serait-ce que pour 6 mois, possiblement un an), demander et obtenir un effort des compagnies pétrolières (Afriquia, en leader du marché, pourrait donner l’exemple et ouvrir la voie…), réduire les taxes grevant les produits pétroliers, même provisoirement…

Non, Aziz Akhannouch a préféré s’en prendre au PJD et l’accuser d’avoir « dissimulé » la volonté d’Alger d’interrompre ses approvisionnements gaziers à travers le gazoduc Maghreb-Europe… « dissimulé », comme si le RNI se trouvait depuis 5 ans, 10 ans, 15 ans et même plus sur une île déserte, et comme si l’Office des Hydrocarbures ONHYM n’était pas dirigé depuis des temps immémoriaux par Amina Benkhadra, membre éminente du RNI.

Tout cela a profité à M. Akhannouch car il aura réussi à faire sortir Abdelilah Benkirane de sa réserve. L’ancien chef du gouvernement s’en est pris avec sa virulence habituelle et sa véhémence coutumière à son successeur, l’accusant en somme de dire n’importe quoi et de lancer ses accusations dans tous les sens et sans fondement ni entendement.

Comment donc M. Akhannouch pourrait-il camper cette position intenable qui est la sienne, où le conflit d’intérêt avéré risque fort de compliquer le conflit social potentiel et où il offre tant de prises à ses adversaires politiques ? En dehors d’une aide apportée aux professionnels, rien n’est prévu pour la population. Et pourtant, les leviers d’action sont nombreux.

Il ne suffit pas de dire que « les Marocains comprennent les origines de la crise ». Il faut aussi leur montrer, comme pour la crise Covid, que l’Etat sait mettre la main à la poche quand il le faut, qu’il peut déployer des politiques anticipatives s’il le faut, qu’il est capable de brandir l’urgence nationale pour relancer la Samir (ou expliquer sérieusement et avec intelligence et pertinence pourquoi ce ne serait pas possible) puisqu’il le faut, et qu’il est indécent que les distributeurs continuent d’engranger des bénéfices exorbitants par temps orageux, comme ils le font.

Attaquer le PJD pour se faire plaisir, cela peut se comprendre quand on prend aussi des mesures qui font plaisir. Pour le moment, le sentiment qui infuse au sein de l’opinion publique est un possible conflit d’intérêt, gros comme une part de marché…

Rédigé par Aziz Boucetta sur Panora Post


Lundi 25 Avril 2022