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Quand le bac devient une fin en soi, et non un tremplin réfléchi vers l’avenir
Ils passent leur bac, et personne ne les regarde vraiment. Des centaines de milliers de jeunes Marocains vivent en ce moment l’une des étapes les plus décisives de leur parcours : l’examen national du baccalauréat. Pourtant, autour d’eux, un silence assourdissant règne. Pas de grandes campagnes d’orientation. Pas de mobilisation médiatique. Pas de discours politique structurant. Pas même d’engagement académique visible sur l’accompagnement de cette génération. Tout se passe comme si l’objectif était d’en finir avec les épreuves, et de « laisser faire » après. Comme si l’avenir de ces jeunes pouvait se gérer par défaut.
Or, c’est justement après le bac que tout se joue. Ce diplôme, qui devrait être un tremplin vers un avenir construit, se transforme bien souvent en une gare de triage improvisée, où chacun choisit selon le hasard, les rumeurs de quartier, les conseils mal informés ou les désirs parentaux déconnectés du monde du travail.
La question de l’orientation scolaire au Maroc n’est pas nouvelle. Elle est régulièrement évoquée dans les rapports du Conseil Supérieur de l’Éducation, dans les critiques des syndicats enseignants, ou dans les colloques pédagogiques. Mais, dans la pratique, elle reste marginale, sous-financée, et absente du calendrier politique.
Aucun ministère ne semble s’en emparer comme d’une urgence nationale. Aucune plateforme étatique crédible n’existe pour guider massivement les élèves selon leurs profils, leurs ambitions et les besoins du pays. Le système se contente d’un minimum : un portail web peu intuitif, quelques brochures, et trop peu de conseillers d’orientation mal formés et débordés.
Le résultat ? Des cohortes de bacheliers qui, année après année, s’engagent dans des filières mal adaptées, saturées ou sans débouchés. Les effets sont bien connus : échec universitaire, abandon au bout d’un an, réorientation forcée, ou pire encore, une errance prolongée entre petits jobs informels et frustrations sociales.
Ce silence institutionnel finit par se transformer en crise de confiance : envers l’école, envers les diplômes, et envers l’idée même de méritocratie. Et c’est précisément à ce moment-là que les experts débarquent, que les éditorialistes s’alarment et que les institutions promettent des réformes. Mais il est déjà trop tard. Le gâchis est fait.
L’orientation devrait être l’affaire de tous : des établissements scolaires, bien sûr, mais aussi des régions, des acteurs économiques, des universités, des médias, et surtout, des décideurs politiques.
L’absence totale de campagnes ciblées à la télévision, sur les réseaux sociaux ou dans les lycées est un aveu d’abandon. Pourquoi ne pas diffuser des vidéos sur les filières émergentes ? Organiser des journées d’immersion dans les métiers d’avenir ? Mettre en avant des parcours inspirants d’anciens bacheliers ? Où sont les rectorats, les chambres de commerce, les fédérations professionnelles ?
Et surtout : où sont les ministres ? L’Éducation nationale parle examens. L’Enseignement supérieur gère les inscriptions. Le ministère de l’Emploi regarde ailleurs. Ce découpage institutionnel absurde produit des jeunes mal orientés, mal formés et mal préparés à l’économie réelle.
Peut-être, après tout, que ce silence est voulu. Qu’il arrange un système universitaire qui fonctionne à guichets fermés. Que laisser les jeunes se perdre évite d’avoir à leur dire que les places sont rares, les débouchés limités, et l’économie incapable d’absorber tous les diplômés.
Peut-être que le système espère que l’auto-sélection fasse le tri à sa place, sans confrontation avec les réalités sociales ni planification stratégique. Ce serait cynique. Mais pas illogique. Et profondément injuste.
Or, c’est justement après le bac que tout se joue. Ce diplôme, qui devrait être un tremplin vers un avenir construit, se transforme bien souvent en une gare de triage improvisée, où chacun choisit selon le hasard, les rumeurs de quartier, les conseils mal informés ou les désirs parentaux déconnectés du monde du travail.
La question de l’orientation scolaire au Maroc n’est pas nouvelle. Elle est régulièrement évoquée dans les rapports du Conseil Supérieur de l’Éducation, dans les critiques des syndicats enseignants, ou dans les colloques pédagogiques. Mais, dans la pratique, elle reste marginale, sous-financée, et absente du calendrier politique.
Aucun ministère ne semble s’en emparer comme d’une urgence nationale. Aucune plateforme étatique crédible n’existe pour guider massivement les élèves selon leurs profils, leurs ambitions et les besoins du pays. Le système se contente d’un minimum : un portail web peu intuitif, quelques brochures, et trop peu de conseillers d’orientation mal formés et débordés.
Le résultat ? Des cohortes de bacheliers qui, année après année, s’engagent dans des filières mal adaptées, saturées ou sans débouchés. Les effets sont bien connus : échec universitaire, abandon au bout d’un an, réorientation forcée, ou pire encore, une errance prolongée entre petits jobs informels et frustrations sociales.
Ce silence institutionnel finit par se transformer en crise de confiance : envers l’école, envers les diplômes, et envers l’idée même de méritocratie. Et c’est précisément à ce moment-là que les experts débarquent, que les éditorialistes s’alarment et que les institutions promettent des réformes. Mais il est déjà trop tard. Le gâchis est fait.
L’orientation devrait être l’affaire de tous : des établissements scolaires, bien sûr, mais aussi des régions, des acteurs économiques, des universités, des médias, et surtout, des décideurs politiques.
L’absence totale de campagnes ciblées à la télévision, sur les réseaux sociaux ou dans les lycées est un aveu d’abandon. Pourquoi ne pas diffuser des vidéos sur les filières émergentes ? Organiser des journées d’immersion dans les métiers d’avenir ? Mettre en avant des parcours inspirants d’anciens bacheliers ? Où sont les rectorats, les chambres de commerce, les fédérations professionnelles ?
Et surtout : où sont les ministres ? L’Éducation nationale parle examens. L’Enseignement supérieur gère les inscriptions. Le ministère de l’Emploi regarde ailleurs. Ce découpage institutionnel absurde produit des jeunes mal orientés, mal formés et mal préparés à l’économie réelle.
Peut-être, après tout, que ce silence est voulu. Qu’il arrange un système universitaire qui fonctionne à guichets fermés. Que laisser les jeunes se perdre évite d’avoir à leur dire que les places sont rares, les débouchés limités, et l’économie incapable d’absorber tous les diplômés.
Peut-être que le système espère que l’auto-sélection fasse le tri à sa place, sans confrontation avec les réalités sociales ni planification stratégique. Ce serait cynique. Mais pas illogique. Et profondément injuste.
Je n'ose pas penser un instant que ce silence est voulu.
Qu’il arrange un système universitaire qui fonctionne à guichets fermés. Que laisser les jeunes se perdre évite d’avoir à leur dire que les places sont rares, les débouchés limités, et l’économie incapable d’absorber tous les diplômés.
Peut-être que le système espère que l’auto-sélection fasse le tri à sa place, sans confrontation avec les réalités sociales ni planification stratégique. Ce serait cynique. Mais pas illogique. Et profondément injuste.
Peut-être que le système espère que l’auto-sélection fasse le tri à sa place, sans confrontation avec les réalités sociales ni planification stratégique. Ce serait cynique. Mais pas illogique. Et profondément injuste.