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Sonasid, pionnière du “Green Steel” en Afrique


Rédigé par le Mercredi 4 Juin 2025



Sonasid, pionnière du “Green Steel” en Afrique
Au cœur d’un monde industriel encore largement dépendant des énergies fossiles, un petit miracle sidérurgique est en train de s’imposer depuis le Maroc : produire de l’acier propre. Ce qui pourrait passer pour un simple effet de communication devient, avec Sonasid, une réalité technique et économique concrète. L’entreprise sidérurgique, en pleine transformation, s’est imposée comme l’un des tout premiers producteurs africains de « Green Steel », un acier issu à 100 % de matériaux recyclés et produit avec une énergie majoritairement renouvelable.

Dans un secteur réputé pour ses émissions massives de CO₂, cette performance change la donne. À Nador et Jorf Lasfar, les unités de production fonctionnent à hauteur de 90 % grâce à de l’électricité verte, notamment issue de l’éolien et du solaire. L’acier est fabriqué à partir de ferraille collectée localement, réduisant drastiquement l’empreinte carbone liée à l’importation de minerai ou de matière semi-finie. À chaque tonne d’acier produite, ce sont plus d’une tonne et demie de CO₂ évitées par rapport à un procédé classique.

Ce modèle n’est pas seulement vertueux sur le plan écologique, il est aussi compétitif. Dans un contexte mondial de taxation carbone imminente et de pressions réglementaires croissantes, les aciers « verts » fabriqués au Maroc trouvent une résonance particulière auprès des donneurs d’ordre internationaux. Les exportations de Sonasid vers l’Europe, le Moyen-Orient ou l’Amérique du Nord bénéficient déjà de cette labellisation implicite : produire propre devient un argument commercial autant qu’une exigence morale.

L’entreprise n’a pas attendu une réglementation pour prendre le virage. Depuis plusieurs années, elle a investi dans une politique environnementale exigeante, avec des certifications ISO, une traçabilité des matériaux, des processus de valorisation des déchets, et une réduction constante de la consommation d’eau industrielle. En 2024, Sonasid a ainsi atteint un taux de recyclage des eaux industrielles supérieur à 85 % sur certains sites.

Mais au-delà de ses usines, l’entreprise entend jouer un rôle d'entraînement dans l’écosystème industriel marocain. En partageant ses pratiques, en collaborant avec des centres de recherche, en s’impliquant dans les débats publics sur la décarbonation, Sonasid s’impose comme un acteur responsable de la transition énergétique nationale. Elle prouve que l’industrie lourde, souvent montrée du doigt, peut être un levier de transformation plutôt qu’un fardeau écologique.

Dans un contexte où les grands chantiers marocains — ports, logements, hôpitaux, infrastructures sportives — sont appelés à devenir des vitrines de durabilité, la disponibilité d’un acier bas carbone national est un atout stratégique. Elle permet à l’État de construire vert, local, traçable. Et elle donne au Maroc une avance symbolique mais réelle sur ses voisins africains, dans une ère où la souveraineté énergétique s’accompagne d’une souveraineté industrielle durable.

Sonasid, par ses choix, démontre que le Green Steel n’est pas une lubie de bureau d’étude. C’est un pilier d’avenir. Un acier pour construire sans hypothéquer demain.





Mamoune ACHARKI
Journaliste junior passionné par l'écriture, la communication, les relations internationales et la... En savoir plus sur cet auteur
Mercredi 4 Juin 2025