Mais je dois avouer un regret sincère :
Nos grandes écoles marocaines d’informatique, de télécommunications et d’ingénieurs, qui forment depuis des décennies des générations d’excellents ingénieurs et chercheurs, auraient pu et devraient encore jouer un rôle beaucoup plus visible et structurant dans la construction de notre souveraineté numérique. J’aurais souhaité que ces écoles, avant tout, aient créé entre autres une intelligence artificielle marocaine, des systèmes d’exploitation, des systèmes de gestion de bases de données et des protocoles de communication adaptés à nos besoins nationaux et régionaux, au lieu de voir leurs diplômés partir renforcer les laboratoires et les équipes de grandes entreprises étrangères.
Un héritage et une responsabilité historique
Ces institutions prestigieuses ont été les pionnières de la formation technologique au Maroc. L’ENSIAS, fondée en 1992, est la référence nationale en ingénierie logicielle et systèmes d’information. L’INPT, créée en 1961, a façonné les cadres de nos télécommunications et de la transformation numérique. L’École Mohammadia d’Ingénieurs, fondée en 1959, fut le premier grand symbole de la formation d’ingénieurs marocains après l’indépendance.
Autrement dit, ces institutions existaient bien avant Mistral, OpenAI, Google et les géants actuels de l’intelligence artificielle. Elles disposaient du temps, du talent et du savoir pour inventer un modèle marocain de la technologie, fondé sur notre réalité économique, nos langues, nos données et nos besoins sociétaux.
Autrement dit, ces institutions existaient bien avant Mistral, OpenAI, Google et les géants actuels de l’intelligence artificielle. Elles disposaient du temps, du talent et du savoir pour inventer un modèle marocain de la technologie, fondé sur notre réalité économique, nos langues, nos données et nos besoins sociétaux.
Une interrogation nécessaire
Aujourd’hui, je m’interroge avec bienveillance, mais aussi avec exigence : quelle est la contribution nationale concrète de ces écoles, à un moment où le Maroc a déjà engagé sa stratégie Maroc Digital et IA 2030, annoncée lors des Assises du Numérique à Rabat. Quels résultats tangibles — logiciels, plateformes, systèmes, brevets, innovations ou startups ont émergé de leurs laboratoires pour répondre aux problèmes réels du pays : la connectivité rurale, la cybersécurité nationale, les data centers souverains, les langues et l’IA multilingue, l’éducation numérique, ou encore la santé digitale ?
Une confiance et un appel à la mobilisation
Je reste profondément persuadé que la contribution de ces écoles peut être décisive. Elles disposent d’un capital humain exceptionnel, d’une expertise scientifique reconnue, et surtout d’un ancrage national qui leur donne toute légitimité pour devenir les piliers d’une intelligence artificielle souveraine, éthique et inclusive. C’est pourquoi je les appelle solennellement à nous rejoindre, non pas en simples observateurs, mais en partenaires actifs dans les dynamiques collectives déjà engagées.
L’association AI4Morocco, qui fédère chercheurs, enseignants, étudiants et entrepreneurs autour d’une vision nationale de l’intelligence artificielle. Le cluster MedinIA, lancé à Rabat pour créer un écosystème d’innovation éthique et souveraine. Et d’autres structures en création, ouvertes à toutes les initiatives qui placent le savoir, la recherche et la souveraineté numérique au cœur du développement du Maroc.
L’association AI4Morocco, qui fédère chercheurs, enseignants, étudiants et entrepreneurs autour d’une vision nationale de l’intelligence artificielle. Le cluster MedinIA, lancé à Rabat pour créer un écosystème d’innovation éthique et souveraine. Et d’autres structures en création, ouvertes à toutes les initiatives qui placent le savoir, la recherche et la souveraineté numérique au cœur du développement du Maroc.
Construire ensemble une IA à empreinte marocaine
L’avenir de notre pays dépend de notre capacité à concevoir nos propres systèmes intelligents, à valoriser nos données et à reconnecter la recherche académique aux besoins concrets de la société. L’intelligence artificielle ne doit pas être importée clé en main, mais pensée, adaptée et ancrée dans nos réalités culturelles, linguistiques et économiques.
Le Maroc dispose de tous les atouts : institutions solides, jeunesse talentueuse, volonté politique et vision stratégique. Encore faut-il que nos écoles et universités prennent toute leur place dans cette transformation, non pas en suivant le mouvement, mais en le co-construisant. C’est là que se jouera notre avenir collectif, notre souveraineté cognitive et la reconnaissance du Maroc comme acteur et non spectateur de la révolution de l’intelligence artificielle.
Par Dr Az-Eddine Bennani
Le Maroc dispose de tous les atouts : institutions solides, jeunesse talentueuse, volonté politique et vision stratégique. Encore faut-il que nos écoles et universités prennent toute leur place dans cette transformation, non pas en suivant le mouvement, mais en le co-construisant. C’est là que se jouera notre avenir collectif, notre souveraineté cognitive et la reconnaissance du Maroc comme acteur et non spectateur de la révolution de l’intelligence artificielle.
Par Dr Az-Eddine Bennani