L'ODJ Média

Stabilité monétaire et euphorie boursière : les signaux positifs de la finance marocaine au T2 2025

Alors que la politique monétaire marque une pause, le crédit progresse, la monnaie se raffermit, et la Bourse de Casablanca flambe. Le Maroc semble entrer dans une nouvelle ère de confiance financière.


Rédigé par le Vendredi 11 Juillet 2025

Le Maroc affiche au deuxième trimestre 2025 une stabilité monétaire remarquable, une hausse des crédits à l’investissement, un dirham fort et une Bourse en pleine ascension. Analyse complète des signaux de confiance.



Une reprise des crédits tournée vers l’investissement

Stabilité monétaire et euphorie boursière : les signaux positifs de la finance marocaine au T2 2025
Le deuxième trimestre 2025 aura été marqué par une consolidation silencieuse mais décisive des fondamentaux monétaires et financiers du Royaume. Dans un contexte international toujours mouvant, l’économie marocaine a su faire preuve d’une remarquable résilience, non seulement sur le plan réel, mais également dans ses équilibres monétaires et sur les marchés financiers. À la clé : un climat de confiance renforcé, des taux d’intérêt bien orientés, un marché boursier en pleine effervescence et une monnaie nationale plus solide.

L’un des signaux les plus révélateurs de cette dynamique est sans doute la progression des créances sur l’économie, en hausse de sept virgule cinq pour cent en glissement annuel. Cette accélération du crédit n’est pas anecdotique : elle traduit une orientation plus offensive des banques commerciales, notamment en faveur des entreprises.

Les crédits à l’équipement – indicateur clé de l’investissement productif – enregistrent une nette reprise. Les entreprises anticipent, planifient, investissent. Cette confiance retrouvée dans les perspectives de croissance interne contraste avec les incertitudes liées au commerce extérieur. Le secteur immobilier, après plusieurs trimestres en demi-teinte, semble également retrouver des couleurs, soutenu par un environnement de taux plus accommodant et une reprise de la demande résidentielle et touristique.

Parallèlement à cette reprise du crédit, la masse monétaire continue de progresser à un rythme soutenu : sept virgule six pour cent au deuxième trimestre, après huit pour cent au premier. Cette croissance monétaire ne s’est toutefois pas traduite par une envolée de la liquidité immédiate.

Bien au contraire, la circulation fiduciaire – c’est-à-dire le cash en circulation – a décéléré. Ce phénomène est interprété comme un signe de normalisation économique. Moins de billets dans les portefeuilles, plus de dépôts bancaires et de paiements électroniques : les comportements monétaires évoluent vers une plus grande bancarisation, ce qui renforce la traçabilité des flux et la profondeur du système financier.

Autre indicateur encourageant : la diminution des créances nettes sur l’administration centrale. Le Trésor public a réduit son endettement auprès du système bancaire de cinq virgule cinq pour cent, un mouvement qui suggère une gestion budgétaire plus rigoureuse et des marges retrouvées en matière de financement.

Dans le même temps, les avoirs officiels de réserve – autrement dit les réserves en devises de Bank Al-Maghrib – ont crû de neuf virgule cinq pour cent. Cette hausse témoigne d’une position extérieure plus confortable, renforcée par l’appréciation du dirham et la stabilité du compte courant.

Dans ce contexte rassurant, Bank Al-Maghrib a choisi la prudence. Après avoir réduit son taux directeur de vingt-cinq points de base au premier trimestre, la banque centrale a décidé de maintenir le cap au deuxième trimestre, en conservant le taux à deux virgule vingt-cinq pour cent.

Les taux interbancaires se sont stabilisés au niveau du taux directeur, marquant une baisse moyenne de soixante-quatorze points de base sur un an. Même tendance pour les taux créditeurs, en repli moyen de dix-huit points de base. Ce mouvement global vers le bas reflète la volonté des autorités de soutenir le crédit sans attiser les tensions inflationnistes.

Sur le marché de la dette souveraine, les adjudications des bons du Trésor confirment cette détente. Les taux à un an, cinq ans et dix ans ont chuté respectivement de soixante-dix, quatre-vingt-douze et quatre-vingt-huit points de base, allégeant d’autant le coût du financement public.

La monnaie nationale a profité pleinement de ce contexte apaisé. Le dirham s’est apprécié de deux virgule sept pour cent par rapport à l’euro, et de sept virgule sept pour cent face au dollar américain. Cette évolution favorable s’explique par la baisse du différentiel d’inflation entre le Maroc et ses partenaires, mais aussi par une perception améliorée des fondamentaux macroéconomiques du pays.

Un dirham plus fort signifie également un allègement de la facture énergétique et une réduction du coût des importations, avec un impact potentiel à la baisse sur les prix à la consommation. Mais il représente aussi un défi pour la compétitivité à l’exportation, à surveiller de près.

Mais c’est sur le marché boursier que la confiance s’est le plus spectaculairement exprimée. L’indice MASI a bondi de trente-sept virgule six pour cent en glissement annuel, après un déjà très solide trente-six virgule cinq pour cent au trimestre précédent. La capitalisation boursière a, quant à elle, progressé de trente-huit virgule six pour cent.

Cette envolée s’explique par plusieurs facteurs : le reflux de l’inflation, la détente monétaire, et l’amélioration générale des perspectives économiques. Mais aussi par la performance de secteurs clefs : biens d’équipement industriel, transport, électricité, santé, mines, holdings et immobilier.

La liquidité du marché suit la tendance, avec une augmentation de vingt-cinq pour cent du volume des transactions. Ce regain d’intérêt des investisseurs – particuliers comme institutionnels – traduit une meilleure perception du risque et une volonté de diversifier les portefeuilles vers les actifs productifs.

Conclusion : un climat de confiance à préserver
Le Maroc affiche aujourd’hui des fondamentaux monétaires et financiers solides, portés par une politique équilibrée, une dynamique de crédit constructive et une Bourse en pleine forme. Ce contexte constitue un levier puissant pour attirer davantage d’investissements et approfondir le développement financier.

Mais la confiance est une construction fragile. Elle nécessite stabilité politique, cohérence macroéconomique, et anticipation des chocs extérieurs. Dans un monde où les vents contraires peuvent surgir à tout moment, le Maroc a plus que jamais intérêt à capitaliser sur cette accalmie pour poser les fondations d’une croissance durable, inclusive et résiliente.







 

Taux directeur Maroc 2025, marché boursier Casablanca, indice MASI 2025, inflation Maroc, appréciation dirham, politique monétaire BAM, crédit entreprises Maroc, Trésor public désendettement





Vendredi 11 Juillet 2025