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Staffan de Mistura brise un tabou : le Sahara, un conflit entre deux États




Par Abdelghani El Arrasse

Staffan de Mistura brise un tabou : le Sahara, un conflit entre deux États
Un demi-siècle de propagande vient de vaciller sous le poids d’une seule déclaration. Lors d’un entretien avec l’ISPI à Rome, Staffan de Mistura, l’envoyé du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, a surpris par sa franchise. Là où ses prédécesseurs entretenaient l’ambiguïté, lui a nommé les choses : le conflit oppose le Maroc et l’Algérie, et non un peuple prétendument représenté par le Polisario.

« Aujourd’hui encore, je m’occupe d’essayer d’éviter un conflit lié à une tension entre deux nations en particulier, le Maroc et l’Algérie, et un groupe appelé Polisario, dans le Sahara occidental », a-t-il déclaré.

 Un narratif renversé 

Pendant près de cinquante ans, Alger a imposé la fiction d’un « peuple sahraoui » représenté par le Polisario. De Mistura, par sa formule, a dynamité ce récit. En reconnaissant la dimension bilatérale Maroc-Algérie, il met l’Algérie face à ses responsabilités et brise le masque commode du « soutien extérieur ».

Cette clarification s’inscrit dans une dynamique internationale claire : le plan d’autonomie marocain, décrit par le Conseil de sécurité comme « sérieux, crédible et réaliste », s’impose comme seule issue viable.

 Washington confirme 

Quelques jours après, une autre voix s’est fait entendre. Massad Boulos, conseiller spécial de Donald Trump pour l’Afrique et le Moyen-Orient, a rencontré De Mistura. Son message fut sans détour : les États-Unis maintiennent leur reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara et considèrent que l’autonomie est la seule solution définitive.

Cette réaffirmation s’ajoute à celle de Trump lui-même en août 2025, qui a rappelé la validité de la décision historique de 2020.

 Le consensus occidental 

Le Maroc n’est plus seul. Trois puissances du Conseil de sécurité — États-Unis, France et Royaume-Uni — ont officiellement convergé vers la même lecture : l’autonomie est la solution la plus crédible et pragmatique.

 Washington : soutien inébranlable depuis 2020.
 Londres : ralliement officiel en juin 2025.
 Paris : positions publiques renforcées et gestes politiques concrets en 2025.
 Madrid : depuis 2022, appuie l’autonomie comme « base la plus sérieuse et crédible ».


Ce quatuor pèse lourd au Conseil de sécurité et met Alger sous pression diplomatique croissante.

 À l’ONU : un tournant décisif 

La phrase de Staffan de Mistura change la donne. En identifiant explicitement le Maroc et l’Algérie comme protagonistes, l’ONU n’a plus d’échappatoire : le Conseil de sécurité peut — et doit — exiger la participation officielle de l’Algérie aux négociations.

Ce cadre offrirait la possibilité de lancer une feuille de route claire autour du plan d’autonomie sous souveraineté marocaine, soutenu par les principales puissances mondiales. Une telle feuille de route pourrait inclure :

-des garanties internationales pour assurer la stabilité,
-des mesures de confiance pour les populations locales (droits culturels, gestion locale, développement économique),
-et un calendrier précis pour la mise en œuvre.


En d’autres termes, l’ONU peut désormais contraindre Alger à quitter la posture d’« observateur » pour endosser son rôle de partie prenante directe du règlement.

En quelques mots pour conclure, Staffan de Mistura a mis fin à un mythe et replacé le conflit du Sahara sur son véritable échiquier : celui des relations Maroc-Algérie. Combinée à la réaffirmation américaine et au ralliement européen, cette clarification ouvre une séquence nouvelle. L’histoire retiendra peut-être qu’en 2025, une phrase — « entre deux nations, le Maroc et l’Algérie » — aura changé la donne diplomatique d’un dossier figé depuis un demi-siècle.


Vendredi 12 Septembre 2025