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Super monkey président




Par El Montacir Bensaid

Super monkey président
Ce matin la forêt gauloise était en effervescence, tous les animaux étaient excités, particulièrement les singes, macaques et autres ouistitis zemmouriens.
 
Ça criait, piaillait, gesticulait, sautait de branche en branche.
 
Les femelles étaient en chaleur, se faisaient monter par tout ce qui passait à leur portée et les singes mandrill, libidineux à outrance, en profitaient au maximum.
 
De jeunes ouistitis de la famille de Super Monkey, des zemmouriens, pur jus, aux poils gominés et à l’air dédaigneux, qui tétaient encore aux mamelles de leur guenon de maman, prenant un air docte, alertaient les habitants de la jungle sur le danger qui les guettait :
 
LE GRAND REMPLACEMENT !
 
Déjà les plus fragiles des macaques commençaient à trembler, à se mordre les babines, à chier un peupartout et à se pisser les uns sur les autres. On leur disait d’observer la cime des arbres, de fouiller dans les buissons et derrière les rochers car les envahisseurs du sud sont déjà là. Ils sont facilement reconnaissables à leur barbiche plus longue que chez les autres singes et à leurs femelles, nombreuses d’ailleurs, et qui se couvrent la tête, probablement par coquetterie, d’une feuille de palmier.
 
On n’arrivait plus à contenir l’émeute qui menaçait, les animaux voulaient en découdre avec ces étrangers qui voulaient prendre leur place.

C’est à ce moment qu’IL apparut, LE SAUVEUR !
 
Juché sur des échasses, pour ressembler à un grand primate qui avait dirigé la forêt gauloise, il y a bien longtemps et dont il se considérait le digne héritier, vêtu d’une longue redingote, un peu rapiécée certes, et coiffé d’un tricorne, Il essayait de marcher tant bien que mal, manquant de tomber à plusieurs reprises, sous un tonnerre d’applaudissements, aux sons des trompettes et roulements de tambours, alors que de jeunes guenons sexy distribuaient des bananes aux animaux réunis.
 
Il fit un signe majestueux ,d'apaisement à la foule pour réclamer le silence et se lança, sous le regard énamouré de la jeune guenon qui l'accompagnait un peu partout, dans un discours invraisemblable, décousu, ambigu, schizophrénique.
 
Il était dans tous ses états, moulinait des bras, vociférait des mots que personne ne comprenait vraiment, récitant la même litanie, ininterrompue, jusqu’à en perdre la voix et tomber dans les pommes :
 
Arabesislamterroristesfemmesvoiléesétrangersmigrantseurope
frontièresjeanned’arcvercingétorixdegaullenapoléongauchistes
territoiresperdusguerrecivileremplacementfindesharicots…

 
L’assemblée était médusée, Super Monkey, avait perdu connaissance, il était tombé de haut, son tricorne avait roulé découvrant sa pauvre tête grotesque, démesurée et chauve. Une bave verdâtre suintait de sa bouche, il s'était fait dessus, probablement à cause du film dantesque qu'il était le seul à visualiser dans son cerveau malade.
 
Puis brusquement, se réveillant, réalisant le ridicule de sa situation, il s’en alla, tout menu, la queue basse ,le derrière crotté, murmurant :
 
Président, président, je veux être président à la place du président.
 
El Montacir Bensaid.


Mercredi 1 Décembre 2021