L’OMS estime qu’environ 1,2 milliard de personnes fument toujours dans le monde, dont 80 % dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Sur le continent africain, le tabagisme reste concentré dans les grandes villes et chez les jeunes adultes, mais les chiffres demeurent nettement inférieurs à ceux des autres régions.

La baisse s’explique en partie par les politiques publiques plus strictes adoptées ces dernières années :
– interdiction de fumer dans les lieux publics,
– limitation de la publicité,
– avertissements sanitaires imposés sur les paquets,
– hausse progressive des taxes.
Ces mesures ont permis de freiner la progression du tabac et de sensibiliser une population jeune et urbaine aux risques de la cigarette.
 

Si l’Afrique montre la voie, la bataille n’est pas terminée. Le continent connaît une explosion démographique et une croissance des classes moyennes, qui attisent la convoitise des géants du tabac. Les nouvelles formes de consommation — e-cigarettes, tabac chauffé, sachets de nicotine — représentent une menace émergente, surtout parmi les adolescents. L’OMS tire la sonnette d’alarme : “le vapotage crée une nouvelle génération de dépendants”, prévient l’organisation, qui réclame un encadrement légal plus rigoureux de ces produits encore mal régulés dans plusieurs pays africains.
 

Pour les experts en santé publique, le succès africain repose sur une stratégie cohérente mêlant éducation, prévention et régulation. Des campagnes communautaires, notamment dans les écoles et les universités, ont permis de changer les comportements.

Mais les services de sevrage tabagique restent peu accessibles : le manque de structures spécialisées et de personnel formé freine la prise en charge des fumeurs. Malgré tout, l’Afrique devrait atteindre l’objectif mondial de réduction de 30 % du tabagisme d’ici 2030, une prouesse attribuée à la mobilisation politique et sociale.
 

Le danger désormais, c’est le marketing agressif des industriels du vapotage, souvent déguisé en innovation “saine”. Les gouvernements africains devront adapter leurs lois, tout en renforçant la prévention numérique auprès des jeunes, de plus en plus exposés sur les réseaux sociaux. Pour l’OMS, l’Afrique prouve qu’un continent à faibles ressources peut réussir là où d’autres échouent : réduire la dépendance sans sacrifier la croissance.

Reste à savoir si cette dynamique survivra à la vague des produits alternatifs. Car dans la guerre mondiale contre le tabac, l’Afrique est aujourd’hui le dernier poumon qui respire encore librement.