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Tech pilotée par la pensée : doit-on s’attendre à des progrès majeurs en 2023 ?


le Vendredi 20 Janvier 2023

Exosquelettes, robots, prothèses, ordinateurs, électrodes reliées aux muscles ou aux nerfs… le vieux rêve de commander des machines par la seule pensée progresse peu à peu. Au point de bouleverser l’année à venir ? Nous avons demandé à des experts.



Tech pilotée par la pensée : doit-on s’attendre à des progrès majeurs en 2023 ?
C’est un peu comme la voiture volante : on en parle depuis des décennies, la science-fiction fantasme dessus, mais les applications concrètes se font toujours attendre. La technologie pilotée par la pensée – ou interface cerveau-ordinateur – est un vieux rêve qui peine encore à émerger auprès du grand public. Car la difficulté à « lire » les pensées pour les transformer en commandes et actions est réelle. Comme le dit le Fabien Lotte, directeur de recherche du Laboratoire bordelais de recherche en informatique : « La plupart des interfaces cerveau-ordinateur fonctionnent, mais elles fonctionnent mal. »

Deux voies parallèles se développent. D’un côté, l’option la plus fiable, mais aussi la plus extrême, consiste à percer un ou plusieurs trous dans la boîte crânienne et placer un ou des capteurs sur le cerveau à des endroits stratégiques. Avec tous les risques que cela comporte. L’alternative est non-invasive et donc bien moins risquée. Il s’agit de détecter l’activité cérébrale grâce à un EEG. C’est-à-dire un examen qui enregistre les signaux électriques du cerveau par le biais de nombreuses électrodes placées sur la tête. C’est un simple casque qu’on enfile, de manière totalement indolore et sans acte médical lourd. Mais le résultat est bien moins précis.

D’un rêve dans les années 1970 à une réalité au XXIe siècle

« La tech contrôlée par la pensée a commencé à être sérieusement évoquée dans les années 1970 par quelques scientifiques visionnaires, nous explique Jérémie Mattout, chercheur à l’Inserm au Centre de recherche en neurosciences de Lyon. Puis il y a eu les premières démonstrations de la possibilité d’une telle interface cerveau-ordinateur. Il a cependant fallu le début du XXIe siècle pour voir les premiers exemples concrets, grâce à la convergence des progrès en neurosciences, des capteurs, de l’informatique et la progression des puissances de calcul. Mais il ne faut pas s’enthousiasmer trop vite : les technologies n’ont pas encore quitté les laboratoires. On est toujours en phase de recherche. »

Dean Burnett, neuroscientifique britannique, auteur de The Idiot Brain (2016) et The Happy Brain (2019), s’intéresse de près à la tech contrôlée par la pensée et analyse la situation de manière assez similaire.
« La technologie qui peut être contrôlée par des implants placés dans le cerveau existe depuis plusieurs décennies. Cela n’a donc rien de très nouveau. Les choses ont certes évolué depuis lors et se sont grandement améliorées. Mais il me semble que c’est davantage grâce aux avancées des ordinateurs et des logiciels qu’à une révolution de nos connaissances dans l’activité neuronale et la technologie de captation. »
 

Qu’attendre en 2023… et après ?

« Il y a toujours la possibilité d’une percée majeure que personne n’a anticipée, et cela pourrait se produire cette année autant que les années suivantes, estime Dean Burnett. Neuralink fait beaucoup parler, mais j’ai l’impression que c’est beaucoup de hype. Mieux vaut attendre les démos concrètes à venir. Quant à l’adoption par le grand public d’interfaces cerveau-ordinateur, cela n’arrivera pas tant que la technologie ne sera pas abordable financièrement et permettra réellement de faire moins d’effort que le geste en lui-même. » Allumer une lampe dans une pièce par la pensée, ce n’est donc pas pour tout de suite.

Et dans le domaine de la recherche et des applications de santé ? Abderrahmane Kheddar a « l’impression qu’on a atteint un plateau à l’heure actuelle. Le système qui capte les activités cérébrales fonctionne bien avec les implants et un long apprentissage par le patient. Mais les alternatives non-invasives manquent de finesse. Globalement, on a compris comment fonctionnait le cerveau. Aujourd’hui, tout l’enjeu est dans les capteurs, leur miniaturisation et leur acceptation. Je suis assez étonné de constater que l’idée d’avoir des implants dans le cerveau ne choque pas plus que ça les jeunes générations. C’est peut-être de là que viendront les grandes avancées. »

Repéré sur l'Eclaireur Fnac, repris et adapté par la Fondation Tamkine 
#Tamkine_ensemble_nous_reussirons 




Vendredi 20 Janvier 2023