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Thierry Ardisson est mort… et il était royaliste




Un royaliste très médiatique avec un goût de l’ordre dans le chaos télévisuel

Thierry Ardisson est mort… et il était royaliste
Le monde des médias français est en deuil : Thierry Ardisson, figure iconique de la télévision hexagonale, s’est éteint à l’âge de 75 ans. Homme en noir, provocateur assumé, maître de l’interview cash et de la punchline calibrée, Ardisson emporte avec lui un pan entier de la télé de nuit. Mais dans les hommages qui affluent depuis l’annonce de sa mort, un détail insolite et peu connu du grand public refait surface : Thierry Ardisson était royaliste.

Oui, royaliste. Pas pour la frime, pas en boutade. Un royaliste à l’ancienne, tendance Action française version salon chic et société du spectacle. Dans un pays qui a décapité son roi il y a plus de deux siècles, voilà une confession idéologique qui étonne, amuse ou dérange selon de quel côté de la République on se place.

Ardisson ne s’en cachait pas totalement. Dans plusieurs entretiens donnés au fil des années, il avait exprimé sa nostalgie d’une France "ordonnée", d’un "chef incarné" et d’un "récit national puissant", qu’il ne retrouvait plus dans la Cinquième République et ses logiques d’alternance molle. "La monarchie, c’est la télé du pouvoir", disait-il un jour sur un plateau, mi-sérieux, mi-sarcastique.

C’était du Ardisson tout craché : provocateur, ambigu, jamais là où on l’attend. Mais ses amis proches savent qu’il ne s’agissait pas seulement d’un jeu de posture. Dans ses bibliothèques privées trônaient des biographies de Louis XVI, des mémoires d’émigrés, et même un exemplaire rare de La démocratie contre la République de Marcel Gauchet, annoté dans les marges.

Ce royalisme discret, mais réel, peut paraître paradoxal chez celui qui a fait exploser les codes de la télé : émissions nocturnes sulfureuses, guests imprévus, interviews provocantes, flirt avec le trash et le politiquement incorrect. Et pourtant, derrière le chaos apparent de Tout le monde en parle, il y avait une volonté d’ordre : des séquences millimétrées, un déroulé stratégique, un montage serré — la marque d’un homme qui croyait, peut-être, que la liberté s’exerce mieux sous une figure d’autorité.

C’est aussi dans sa manière de concevoir la télévision comme un royaume, avec lui en monarque noir sur son trône d’interviewer, que se révèle ce tropisme monarchiste. Il régnait sur le plateau, choisissait qui pouvait parler, tranchait avec humour ou agacement. Une souveraineté médiatique, indiscutable.

Selon certaines sources proches de la famille, Ardisson aurait laissé des instructions très précises pour ses obsèques. Il aurait demandé à ce qu’on joue Les Indes galantes de Rameau, que son cercueil soit recouvert d’un drapeau blanc orné de fleurs de lys, et que l’on cite Charles Maurras dans son oraison funèbre (ce que l’Église pourrait diplomatiquement éviter).

La rumeur court même qu’il aurait voulu être inhumé dans un costume noir taillé sur mesure "à la Louis-Philippe", avec une épingle dorée en forme de sceptre sur le revers. Bluff ou réalité ? Avec Ardisson, on ne saura peut-être jamais.

Il est mort comme il a vécu : en iconoclaste. À contre-courant, démodé pour certains, avant-gardiste pour d’autres. Un royaliste au pays de BFM TV, un nostalgique du roi dans une époque qui zappe. Thierry Ardisson laisse derrière lui une œuvre audiovisuelle foisonnante et une énigme politique non résolue.

Peut-être que dans un autre monde — celui qu’il rêvait en noir et blanc, avec fanfare, étiquette et panache — il aurait été chroniqueur à la cour du roi… ou ministre de la Culture sous Henri V.

 


Mardi 15 Juillet 2025