Dès les premières heures du jour, un cortège massif s’est formé au cœur de la capitale. Femmes, hommes, jeunes diplômés, ouvriers, fonctionnaires, travailleuses domestiques, et membres des communautés migrantes ont défilé d’une seule voix, rassemblés autour d’un mot d’ordre fort : la dignité du travailleur. Le slogan du jour, « La main qui construit la patrie mérite d’y vivre dignement », a résonné avec intensité dans toutes les rues traversées.

Pancartes, drapeaux syndicaux et banderoles à la main, les manifestants ont exprimé leur ras-le-bol face à l’aggravation de la précarité, la flambée du coût de la vie, et le recul des libertés syndicales. Les slogans fusaient, dénonçant les inégalités salariales, l’absence de protection sociale et l’inaction face à la détérioration des conditions de travail.

Prenant la parole face à la foule, le secrétaire général de l’ODT, Ali Lotfi, a prononcé un discours fort :
« Le travail des femmes et des hommes qui construisent ce pays est sacré. Pourtant, ils sont aujourd’hui les principales victimes de l’inflation, de la précarité et du mépris. Notre exigence est claire : des salaires décents, une couverture sociale juste, le respect des libertés syndicales et une fiscalité plus équitable, taxant les grandes fortunes pour soulager les plus vulnérables. »

Il a également réclamé une série de mesures urgentes : l’augmentation immédiate du SMIG et des pensions de retraite à 6.000 dirhams, l’instauration d’un 13e mois de salaire, un revenu universel pour les jeunes sans emploi, la suppression de la limite d’âge d’accès à la fonction publique, et une réforme équitable du système de retraite, mettant fin à la discrimination entre secteurs public et privé.

Mais cette journée n’a pas été uniquement marquée par les revendications. En marge du défilé, des ressortissants éthiopiens, vêtus de leurs habits traditionnels, ont animé l’événement avec des chants patriotiques et des danses ancestrales, en signe de solidarité et de fraternité africaine.

Non loin de là, un groupe de jeunes originaires d’Afrique de l’Ouest a captivé le public avec une performance chorégraphique rythmée par tambours, balafons et chants engagés, insufflant une énergie spirituelle et militante à la manifestation.
 

« Nous ne sommes pas seulement des travailleurs. Nous sommes des êtres humains, et nous exigeons respect et dignité, ici comme ailleurs », a lancé un représentant de ces collectifs, sous les applaudissements nourris de la foule.

En donnant une place centrale à ces expressions culturelles africaines, l’ODT a voulu rappeler que la lutte syndicale ne connaît ni frontières ni nationalités.
 

« Le 1er mai est une journée internationale. Nos combats pour la justice sociale sont universels. Qu’on soit marocain, subsaharien ou éthiopien, la dignité humaine ne se négocie pas : elle se défend », a martelé Ali Lotfi.

Par ce 1er mai haut en couleurs et en voix, l’ODT a transformé l’espace public en une scène vivante de revendications sociales. Elle y a porté les douleurs du quotidien, mais aussi les espoirs d’un avenir plus juste, en réclamant avec force : une réforme équitable du système de santé et des retraites, une fiscalité sociale plus juste, la régularisation des travailleurs migrants, une loi syndicale conforme à la Constitution, et la reconnaissance pleine et entière des syndicats, y compris dans les très petites entreprises, sans oublier la réintégration des syndicalistes injustement licenciés.