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Trump – Poutine en Alaska : l’accord qui pourrait réécrire la carte du monde

En Alaska, Trump et Poutine pourraient sceller un accord inédit sur l’Ukraine. Analyse des scénarios possibles et des enjeux pour l’ordre mondial.


Rédigé par le Dimanche 10 Août 2025

Le 15 août, à Anchorage, Donald Trump et Vladimir Poutine vont se rencontrer pour la première fois depuis le retour de l’ex-président américain à la Maison-Blanche. Officiellement, il s’agit de « parler de paix » en Ukraine. Officieusement, ce huis clos pourrait être l’acte fondateur d’un nouvel ordre mondial… ou le début d’un gel conflictuel qui redessine les frontières par la force.



Le sommet improbable d’Anchorage

Trump – Poutine en Alaska : l’accord qui pourrait réécrire la carte du monde
Un vent glacé balaiera sans doute les rues d’Anchorage ce vendredi matin, mais la température diplomatique promet d’être brûlante. Ce n’est pas à Genève ni à Paris, mais dans l’Alaska isolé que Trump et Poutine ont choisi de s’asseoir face à face. À quelques encablures seulement du détroit de Béring, les deux capitales ennemies se rapprochent symboliquement et dangereusement sur le terrain.

Pour Trump, le décor est parfait : une rencontre sur sol américain, mais loin de Washington, loin du Congrès, et loin des caméras habituelles. Pour Poutine, c’est l’opportunité de fouler le sol américain malgré le mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale que les États-Unis ne reconnaissent pas.

​L’Alaska, ce trait d’union glacé

Mémo historique : jusqu’en 1867, l’Alaska était russe. Les États-Unis l’ont acheté pour 7,2 millions de dollars, une affaire jugée « extravagante » à l’époque, mais qui s’est révélée une manne stratégique et énergétique. C’est aussi l’un des rares endroits au monde où Russie et États-Unis ne sont séparés que par une vingtaine de kilomètres d’océan.

En choisissant Anchorage, les deux leaders ravivent un souvenir géopolitique : celui d’une proximité géographique qui ne se traduit pas toujours par une proximité politique.

​Pourquoi maintenant ? Les coulisses d’un timing calculé

Depuis plusieurs mois, la guerre en Ukraine s’est figée sur un front meurtrier mais stable. Ni Moscou ni Kiev ne parviennent à imposer un changement majeur sur le terrain. Trump, revenu au pouvoir avec la promesse de « mettre fin à la guerre en 24 heures », joue gros : tenir cette promesse est un moyen de frapper l’opinion publique américaine à un an des élections de mi-mandat.

Pour Poutine, ce rendez-vous tombe à point : la Russie, sous sanctions, cherche à briser son isolement et à obtenir une reconnaissance implicite de ses gains territoriaux.

​Trois scénarios d’accord plausibles

Scénario 1 – Le gel du conflit
Un cessez-le-feu immédiat, avec maintien des lignes actuelles. Les territoires occupés par la Russie restent sous contrôle de facto de Moscou, mais sans reconnaissance juridique formelle. Une paix « froide » qui pourrait durer des décennies.

Scénario 2 – L’échange de territoires contre garanties
Reconnaissance par les États-Unis (et potentiellement certains Européens) des annexions russes, en échange d’un retrait sur d’autres zones et de garanties de non-agression. Ce serait l’option la plus controversée.

Scénario 3 – L’accord à étages
Un cessez-le-feu immédiat, suivi d’une période de négociation encadrée par des puissances neutres. Des « zones spéciales » administrées conjointement ou placées sous mandat international pourraient voir le jour.

​L’Ukraine, grande absente mais première concernée

Volodymyr Zelensky a été clair : « Toute décision prise sans l’Ukraine serait morte-née. » Pourtant, Kiev n’est pas invitée. L’absence ukrainienne fragilise d’emblée la légitimité d’un éventuel accord. Mais Trump et Poutine parient sur un fait brutal : sans l’appui militaire américain, l’Ukraine pourrait être contrainte d’accepter la donne.

​L’Europe face au risque du précédent

À Bruxelles, Berlin et Paris, on retient son souffle. Un accord qui valide un changement de frontière par la force serait un coup porté au droit international et à la crédibilité européenne. Mais, dans les couloirs feutrés, certains avouent qu’un gel du conflit soulagerait les économies frappées par l’inflation énergétique.

​Le pari diplomatique des deux hommes

Pour Trump, réussir à arracher un accord, même minimaliste, c’est se poser en artisan de paix. Pour Poutine, obtenir des concessions territoriales de Washington serait une victoire symbolique, un signe que la Russie peut négocier d’égal à égal avec les États-Unis malgré son isolement.

Le pari est double : chaque dirigeant veut un succès à montrer à son opinion publique, mais aucun ne veut apparaître comme celui qui a cédé.

Ce que cela pourrait changer pour l’ordre mondial

Si un accord est signé, il pourrait devenir un précédent pour d’autres conflits gelés : Taïwan, la Corée, ou encore les tensions en mer de Chine. Mais il ouvrirait aussi une ère où la force militaire redevient un levier central pour imposer un fait accompli diplomatique.

L’Alaska a déjà été le théâtre de transactions historiques. Ce vendredi, il pourrait devenir le symbole d’un troc géopolitique dont l’onde de choc dépasserait largement les steppes ukrainiennes. Trump et Poutine vont tenter un coup de poker diplomatique. Si les cartes sont mal distribuées, ce n’est pas seulement Kiev qui perdra, mais l’architecture fragile des relations internationales.

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Dimanche 10 Août 2025