Après Moscou, cap sur Pékin : Trump multiplie les gestes d’apaisement
Jeudi dernier, c’est une conversation téléphonique de près d’une heure et demie qui a lié deux des hommes les plus puissants de la planète : Donald Trump, toujours aussi imprévisible, et Xi Jinping, maître du tempo diplomatique chinois. Et si l’échange a été qualifié de « très positif » par l’ancien président américain, ce n’était pas qu’un simple appel de courtoisie.
Dans une atmosphère tendue par des mois de turbulences commerciales, cette reprise de contact s’apparente à une opération séduction de la part de Trump, qui multiplie ces derniers temps les signaux d’ouverture. Après avoir salué Vladimir Poutine quelques jours plus tôt, le revoilà en pleine tentative de "reset" avec Pékin.
Le contentieux sino-américain est loin d’être réglé. Les deux superpuissances s’étaient engagées en mai, après des négociations en Suisse, à geler une guerre commerciale aux proportions délirantes. À l’époque, les droits de douane américains avaient grimpé à 125 %, tandis que les produits chinois étaient taxés jusqu’à 145 %. Un compromis temporaire avait abaissé ces taux à 30 % et 10 %, mais rien n’est encore scellé.
Jeudi, Trump a révélé que leurs équipes respectives allaient se rencontrer « bientôt » pour en discuter de nouveau. Un lieu reste à définir. Toutefois, il a assuré qu’il ne « devrait plus y avoir de questions à l’avenir » concernant l’accès américain aux précieuses terres rares chinoises – ces matériaux indispensables à la fabrication de semi-conducteurs et de batteries. C’est là que réside l’enjeu stratégique majeur : sans terres rares, pas d’autonomie technologique.
Du côté chinois, le message est clair : il faut maintenir le cap sans céder aux turbulences. Xi Jinping a employé une métaphore maritime éloquente : « Pour redresser la trajectoire du grand navire des relations sino-américaines, il nous incombe d’en assurer fermement le gouvernail et d’en fixer clairement le cap. » Il a également mis en garde contre les « interférences » qui risqueraient de saboter les relations bilatérales.
Ce langage mesuré, presque poétique, contraste avec les tweets tranchants d’un Trump qui reconnaît toutefois que « c’est extrêmement dur de trouver un accord » avec son interlocuteur chinois. Ce jeu de poker diplomatique montre un Trump plus habile qu’on ne le croit, alternant entre menaces et flatteries.
Mais toute tentative d’apaisement est soumise à une condition non négociable : Taïwan. Pékin ne transige pas. L’île reste, pour la Chine, une « affaire intérieure », et toute reconnaissance implicite ou explicite d’une indépendance taïwanaise est perçue comme une ligne rouge.
Xi Jinping a donc averti Trump que les États-Unis « doivent traiter la question de Taïwan avec prudence ». Le président chinois redoute que « la petite minorité de séparatistes » n’entraîne les deux géants dans un engrenage conflictuel. Ces mots ne sont pas lancés en l’air : ils tracent les limites de ce rapprochement apparent.
L’appel n’a pas porté uniquement sur l’économie ou la géopolitique. Un autre sujet sensible a fait irruption : les visas étudiants. Trump a récemment suspendu l’octroi de visas pour les étrangers souhaitant intégrer l’université de Harvard. Une décision qui a déclenché une réponse immédiate de Pékin.
Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Lin Jian, a dénoncé la « politisation de la coopération éducative » et promis de défendre les droits des quelque 1 300 étudiants chinois concernés. Près de 280 000 jeunes chinois étudient aujourd’hui dans des universités américaines : derrière l’aspect symbolique, c’est tout un réseau d’influence intellectuelle et culturelle qui est en jeu.
Malgré ces divergences, un ton de courtoisie et même de civilité persiste. Xi a officiellement invité Trump et son épouse Melania à visiter la Chine. De son côté, l’Américain a proposé une rencontre aux États-Unis. Rien n’est encore fixé, mais le symbole est fort : même à l’ère des tensions exacerbées, le dialogue demeure possible – et il est visiblement souhaité des deux côtés.
Dans une époque où chaque mot est décortiqué, chaque geste amplifié par les réseaux, cette séquence diplomatique semble inaugurer une forme de "diplomatie en 5G" : plus rapide, plus directe, mais pas moins calculée.
L’appel Trump-Xi marque un tournant. Pas encore une percée, mais une respiration dans un climat saturé de crispations. Si les mots restent polis, les dossiers abordés sont explosifs. De la guerre commerciale aux terres rares, de Taïwan aux visas étudiants, rien ne semble définitivement réglé. Et pourtant, ces quelques gestes suffisent à maintenir une ligne de contact.
Cette diplomatie de la dernière chance ressemble moins à une stratégie globale qu’à une gestion de crise permanente. Mais dans ce monde instable, cela vaut peut-être mieux que l’absence de communication. La paix mondiale ne se construit pas à coups de tweets — mais parfois, elle commence par un simple appel.
Dans une atmosphère tendue par des mois de turbulences commerciales, cette reprise de contact s’apparente à une opération séduction de la part de Trump, qui multiplie ces derniers temps les signaux d’ouverture. Après avoir salué Vladimir Poutine quelques jours plus tôt, le revoilà en pleine tentative de "reset" avec Pékin.
Le contentieux sino-américain est loin d’être réglé. Les deux superpuissances s’étaient engagées en mai, après des négociations en Suisse, à geler une guerre commerciale aux proportions délirantes. À l’époque, les droits de douane américains avaient grimpé à 125 %, tandis que les produits chinois étaient taxés jusqu’à 145 %. Un compromis temporaire avait abaissé ces taux à 30 % et 10 %, mais rien n’est encore scellé.
Jeudi, Trump a révélé que leurs équipes respectives allaient se rencontrer « bientôt » pour en discuter de nouveau. Un lieu reste à définir. Toutefois, il a assuré qu’il ne « devrait plus y avoir de questions à l’avenir » concernant l’accès américain aux précieuses terres rares chinoises – ces matériaux indispensables à la fabrication de semi-conducteurs et de batteries. C’est là que réside l’enjeu stratégique majeur : sans terres rares, pas d’autonomie technologique.
Du côté chinois, le message est clair : il faut maintenir le cap sans céder aux turbulences. Xi Jinping a employé une métaphore maritime éloquente : « Pour redresser la trajectoire du grand navire des relations sino-américaines, il nous incombe d’en assurer fermement le gouvernail et d’en fixer clairement le cap. » Il a également mis en garde contre les « interférences » qui risqueraient de saboter les relations bilatérales.
Ce langage mesuré, presque poétique, contraste avec les tweets tranchants d’un Trump qui reconnaît toutefois que « c’est extrêmement dur de trouver un accord » avec son interlocuteur chinois. Ce jeu de poker diplomatique montre un Trump plus habile qu’on ne le croit, alternant entre menaces et flatteries.
Mais toute tentative d’apaisement est soumise à une condition non négociable : Taïwan. Pékin ne transige pas. L’île reste, pour la Chine, une « affaire intérieure », et toute reconnaissance implicite ou explicite d’une indépendance taïwanaise est perçue comme une ligne rouge.
Xi Jinping a donc averti Trump que les États-Unis « doivent traiter la question de Taïwan avec prudence ». Le président chinois redoute que « la petite minorité de séparatistes » n’entraîne les deux géants dans un engrenage conflictuel. Ces mots ne sont pas lancés en l’air : ils tracent les limites de ce rapprochement apparent.
L’appel n’a pas porté uniquement sur l’économie ou la géopolitique. Un autre sujet sensible a fait irruption : les visas étudiants. Trump a récemment suspendu l’octroi de visas pour les étrangers souhaitant intégrer l’université de Harvard. Une décision qui a déclenché une réponse immédiate de Pékin.
Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Lin Jian, a dénoncé la « politisation de la coopération éducative » et promis de défendre les droits des quelque 1 300 étudiants chinois concernés. Près de 280 000 jeunes chinois étudient aujourd’hui dans des universités américaines : derrière l’aspect symbolique, c’est tout un réseau d’influence intellectuelle et culturelle qui est en jeu.
Malgré ces divergences, un ton de courtoisie et même de civilité persiste. Xi a officiellement invité Trump et son épouse Melania à visiter la Chine. De son côté, l’Américain a proposé une rencontre aux États-Unis. Rien n’est encore fixé, mais le symbole est fort : même à l’ère des tensions exacerbées, le dialogue demeure possible – et il est visiblement souhaité des deux côtés.
Dans une époque où chaque mot est décortiqué, chaque geste amplifié par les réseaux, cette séquence diplomatique semble inaugurer une forme de "diplomatie en 5G" : plus rapide, plus directe, mais pas moins calculée.
L’appel Trump-Xi marque un tournant. Pas encore une percée, mais une respiration dans un climat saturé de crispations. Si les mots restent polis, les dossiers abordés sont explosifs. De la guerre commerciale aux terres rares, de Taïwan aux visas étudiants, rien ne semble définitivement réglé. Et pourtant, ces quelques gestes suffisent à maintenir une ligne de contact.
Cette diplomatie de la dernière chance ressemble moins à une stratégie globale qu’à une gestion de crise permanente. Mais dans ce monde instable, cela vaut peut-être mieux que l’absence de communication. La paix mondiale ne se construit pas à coups de tweets — mais parfois, elle commence par un simple appel.