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Un bond fiscal impressionnant au Maroc : vers une économie plus solide ou une pression fiscale accrue ?


Rédigé par La Rédaction le Mercredi 15 Janvier 2025

Une réforme fiscale ambitieuse au service de l’inclusion sociale.
Les entreprises et ménages sous le poids d’une fiscalité en hausse.
Déficit budgétaire et dette publique : vers un équilibre fragile.



Une réforme à multiples facettes pour des objectifs sociaux

Un bond fiscal impressionnant au Maroc : vers une économie plus solide ou une pression fiscale accrue ?
Entre 2020 et 2024, le Maroc a enregistré une croissance spectaculaire de ses recettes fiscales, atteignant 299 milliards de dirhams, soit une augmentation de 100 milliards en seulement quatre ans. Cette performance est attribuée à une réforme fiscale ambitieuse, mais elle soulève également des questions sur les implications pour les contribuables et l’économie nationale. Comment le pays peut-il maintenir cette dynamique tout en garantissant un équilibre fiscal ?

Sous l’impulsion de la réforme fiscale, le gouvernement a mobilisé des fonds significatifs pour soutenir des initiatives sociales et économiques.

Parmi les 100 milliards de dirhams additionnels, 44 milliards ont financé le dialogue social, renforçant ainsi les engagements envers les syndicats et les salariés. De leur côté, 35 milliards de dirhams ont été alloués à des aides directes pour soutenir les ménages vulnérables, tandis que 19,5 milliards ont servi à renforcer la couverture médicale universelle.

L’adoption de la Contribution Professionnelle Unique (CPU) illustre la volonté de simplifier le système fiscal, tout en l’adaptant aux réalités économiques des professions libérales et des petites entreprises. De plus, les efforts pour lutter contre l’évasion fiscale ont porté leurs fruits : les contrôles renforcés en 2024 ont permis de récupérer 17,77 milliards de dirhams, en hausse de 26,4 % par rapport à l’année précédente.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : l’impôt sur les sociétés a progressé de 48,8 milliards de dirhams en 2020 à 70 milliards en 2024, reflétant la dynamique des grandes entreprises marocaines. La Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA), quant à elle, a connu une augmentation de 59 %, atteignant 89 milliards de dirhams. Enfin, l’impôt sur le revenu a grimpé à 59,6 milliards, boosté par l’élargissement de l’assiette fiscale aux revenus non salariaux.

Cependant, ces avancées ne sont pas sans controverse. Pour de nombreux ménages, ces hausses fiscales pourraient alimenter un sentiment de pression croissante, malgré les exonérations annoncées pour les revenus modestes et les retraités. Par exemple, les salaires inférieurs à 6 000 dirhams sont désormais exonérés d’impôt, et des efforts financiers ciblant la classe moyenne, à hauteur de 8,5 milliards de dirhams, ont été mis en place.

L'opération de régularisation volontaire, qui a permis de récupérer 127 milliards de dirhams, est une autre pierre angulaire de cette réforme. En offrant une confidentialité accrue aux déclarants, le gouvernement a encouragé une transparence fiscale inédite. Cependant, la question reste : cette dynamique est-elle soutenable ?

Avec un déficit budgétaire prévu à 4 % et une dette publique stabilisée à 69,5 % du PIB, les marges de manœuvre restent limitées. Si ces chiffres traduisent une gestion rigoureuse, ils interrogent également sur la capacité à attirer des investissements massifs tout en préservant un climat fiscal compétitif.

Le Maroc semble donc à la croisée des chemins : capitaliser sur cette avancée pour consolider l’économie ou risquer de voir ces progrès effrités par des pressions socio-économiques croissantes.

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Mercredi 15 Janvier 2025