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Une démocratie à 25 %, des chiffres et des lettres




Une démocratie à 25 %, des chiffres et des lettres

Si «La démocratie est le pire des systèmes, à l'exclusion de tous les autres.» Selon Winston Churchill, il n’en demeure pas moins que tout système politique reste perfectible, mais éternellement inachevé.

 

“On va avoir des gens qui vont dire qu’est-ce qu’on à faire de la démocratie représentative ? D’autres qui vont dire : OK pour le parlement, c’est un moindre mal, mais pourquoi la démocratie participative ? D’autres encore qui vont dire : il nous faut la démocratie participative et on doit supprimer le parlement .Moi je pense, qu’au contraire, il faut construire beaucoup de contre pouvoirs pour avancer dans une direction saine” 


Ahmed Réda Chami, Président du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE)
Economie Entreprise du 4/21

 

Le débat persiste, mais pour faire simple, la démocratie, c’est au moins 50 % et une voix pour gouverner pendant une législature et l’opposition solde le reste comme contre pouvoir.


Je voudrais revenir au début de cet article sur les cinq idées subliminales si bien ancrées dans notre cortex cérébral :
 

Dans le télencéphale : l'inutilité de l'existence même des partis politiques au Maroc
 

Dans le diencéphale : une classe politique défaillante et obnubilée seulement par ses propres intérêts
 

Dans le mésencéphale : le désintérêt total de l’engagement politique des Marocains, des jeunes en particulier, en âge de voter
 

Dans le cervelet : sans programmes, sans idées pertinentes et réalistes, les partis politiques excellent dans le suivisme et le copié-collé
 

Dans le bulbe rachidien : ils sont sans pouvoir sinon celui d'être téléguidés, persistant dans la langue de bois et un populisme de mauvaise nature.
 

La messe semble être dite aussi bien dans les réseaux sociaux que dans les Clubs Houses de nos différents golfs féeriques.
 

Mais où sont les chiffres, les datas comme on dit maintenant.
 

Alors en absence de sondages ou d'enquêtes d’opinion sérieuses pour valider ou relativiser cette perception, ne pourrait-on pas s’accrocher aux chiffres des dernières élections.
 

Un petit retour dans le passé 2016 :
 

Les inscrits sur les listes électorales étaient, en 2016, au nombre de 15 702 592 citoyens sur le 22.000.000 en âge de voter donc en âge d'être inscrits.
 

Ainsi 6.300.000 Marocains, soit 29 % de la population en âge de voter, se sont abstenus de s’inscrire pour éventuellement user de leurs droits de pouvoir s’exprimer !
 

Il aurait été plus pertinent de pouvoir faire la part des urbains et des ruraux parmi ces 6.300.000, mais l’information semble non disponible.
 

Il est toujours utile de faire des comparaisons : 94 % des Français en âge de voter sont inscrits sur les listes électorales.
 

Ainsi, en absence d'études sociologiques de référence, faut-il conclure que 29 % de la population marocaine en âge de voter n'adhère pas au système démocratique ?
 

À ce premier niveau, c’est un échec collectif de l'État, des partis politiques et des associations.
 

Alors, intéressons-nous aux 15.700.000 inscrits afin d'être en situation de s’exprimer et de participer à la vie démocratique.
 

Après une campagne électorale (34 partis politiques, 6 992 candidats, une majorité sortante avec un bilan à juger, ……) :
 

57 % des inscrits (8.550.000) décident de ne pas se déplacer et de ne pas choisir.
 

On pourrait conclure que l’offre politique (programmes et profils des candidats) n’avait pas convaincu une majorité des Marocains inscrits.
 

43 % des inscrits (6.450.000) décident de participer au moins en se déplaçant, car on retiendra que 900.000 parmi eux étaient comptabilisés comme bulletin non-valide ou vote blanc.
 

40 % des inscrits (5.550.000) ont réellement accepté l’offre politique disponible (22 partis sur les 34 n'obtiennent aucun élus) et d’arbitrer entre les candidats pour élire 395 députés à la première chambre du parlement.
 

La conséquence ou la conclusion de toute cette avalanche de chiffres demeure que le Parlement 2016-2021 ne fut représentatif que de l’ordre de 25 % de la population marocaine en âge de voter.
 

Dans un second temps, il est légitime de s'interroger sur la représentativité de cette majorité sortante (PJD, RNI, USFP, UC, MP) qui gouverne le pays depuis 2016.
 

Trois chiffres révélateurs pour mesurer la problématique de cette majorité (au-delà de ses divergences internes) qui représente certes 55 % des voix exprimées, mais seulement 20 % par rapport aux inscrits et 14 % par rapport à la population en âge de voter.
 

On peut retenir donc que la majorité sortante ne reflétait que 14 % de l’opinion publique et pour être complet l’opposition 10 % seulement.
 


À ce stade, on constate, chiffres à l'appui, que 3 Marocains sur 4 (75 %) sont bien hors zone du champ et du système politique.

Cet exercice concerne les élections législatives, mais on peut affirmer sans beaucoup de risques de se tromper de retrouver ses mêmes tendances lourdes au niveau communal, régional, des chambres professionnelles, et même dans le monde syndical.
 

Le Maroc serait donc démocratique à 25 % après deux générations de transition démocratique !
 

Autant faire sa propre autocritique (sans complaisance et sans se victimiser éternellement derrière l'ère Basri) et passer la flamme à la prochaine génération en espérant qu’elle ira tranquillement et sereinement vers les 50 %.
 

Une démocratie libérale, comme nous l’avons tous choisie en 2011, mériterait des acteurs politiques dignes du Royaume pour réussir le nouveau modèle de développement, le nouveau contrat social initié par SM le Roi (couverture santé universelle, retraite généralisée, ..........) , de ne pas rater encore une fois la réforme de l’enseignement et de la formation professionnelle et de s'inscrire pleinement et sans réserves dans le Green New Deal Royal (Barrage, dessalement, assainissement et les énergies renouvelables).
 

Le système institutionnel Marocain est légitime, fort et incontesté, nul besoin de médiocrité parlementaire, régionale ou communale. 
 

Les prochaines élections (septembre 2021) ne feront surement pas le printemps, mais nous pouvons, peut-être, espérer un été indien sans Covid, une belle crise d'intelligence nationale et une belle reprise juste et bien ordonnée.
 

Mon mot de la fin : Certes, quand je me compare, je me console et je me rassure.


Adnane Benchakroun  

 



Samedi 24 Avril 2021