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Une histoire française…




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Par Rachid Boufous

Une histoire française…
Depuis quelques jours toutes les polices de France et Navarre sont à la poursuite de l’Imam Iquioussen pour l’expulser.

Mais l’expulser où ? Au Maroc, dont l’imam en question porte la nationalité, même s’il est né en France et ne connaît du bled que ce que ses parents ont apporté avec eux, il y’a bien longtemps ou ce qu’il a pu en voir durant les vacances scolaires. 

Ce même Maroc qui vient de rétorquer le laissez-passer consulaire qui aurait permis à la France de l’expulser chez nous. Sans doute que le Maroc ne voulait pas hériter d’une si grosse patate chaude, mais aussi de gêner le gouvernement français, qui croit à tort, qu’il peut encore renvoyer si facilement en Afrique du Nord tous les individus qui sont indésirables sur son sol. 

Bref, depuis le démarrage de cette ténébreuse affaire, Iquioussen reste introuvable. Certains disent qu’il se serait échappé en Belgique, d’autres pensent qu’il rôde dans les tunnels de la ligne Maginot ou les caves de Valenciennes. Quelqu’un l’aurait même aperçu dans la baraque à frites de Danny Boon du côté de Lille, mais ce n’est pas sûr…

ReBref, Iquioussen est devenu, par la volonté folle et déraisonnable, du ministre de l’intérieur Gérald Darmanin, le nouveau Mesrine français (prononcez Merine, sinon ça va pas plaire à Vincent Cassel), ou ennemi public numéro un, pour faire plus simple, surtout pour les jeunes générations qui ne se souviennent ni du commissaire Broussard, ni du président Valéry Giscard-d’Estaing. Même si, en réalité, Mesrine était quand même plus baraqué et plus sexy que l’hirsute chti d’origine marocaine qu’est Iquioussen. Rien à voir en effet.

Pour les retardataires de l’info, l’imam Iquioussen est devenu du jour au lendemain la bête noire du ministre de l’intérieur français, qui veut absolument faire un coup médiatique en cette rentrée morose et a décidé d’expulser Iquioussen, pour des propos antisemites qu’il aurait proférés entre 2004 et 2014, selon ses avocats.

L’imam en question, aurait aussi minimisé la portée des attentats terroristes de 2015. Il est surtout connu pour être un grand prosélyte sur les réseaux sociaux et serait trop proche de l’association cataloguée téléguidée par les frères musulmans en france, l’UIOF, devenue entre-temps Musulmans de France et qui se trouve être une autre bête noire des autorités françaises, qui n’arrivent pas à juguler l’expansionnisme islamiste au sein de la société.

Cela fait très longtemps que l’imam en question fait ses prêches dans différents lieux et médias, sans qu’il n’ait été inquiété, le moins du monde. On l’entendait à la radio ou sur YouTube, sermonner le faible et haranguer le naïf. 

Bien que ses prêches étaient très limite, on se disait que c’était à cause de la liberté d’expression, qui en Europe, permet à de tels individus d’instiller leur morale à deux balles, sans qu’il ne soit mis fin à leurs agissements. N’ont-ils pas le droit de s’exprimer librement dans l’espace public, quitte à raconter tout et n’importe quoi ?

Cette année, après une campagne présidentielle et législative entachées de fortes poussées de l’extrême droite, le gouvernement Macron cherche à marquer les esprits et surtout à phagocyter le débat public alors que la rentrée risque d’être chaude sur le plan social avec un second mandat présidentiel, qui s’annonce plus difficile que le précédent.

Alors le ministre de l’intérieur français , Gérald Darmanin, qui aurait été aperçu, par le passé, taillant la bavette, en compagnie d’Iquioussen, décide d’un coup, d’expulser ce dernier, sans motif autre que celui de ses très anciens propos publics. Un coup médiatique sans doute, comme savent si bien le concocter les politiciens, en général et sur lequel surfent frénétiquement des médias enclins à voir très rapidement des terroristes à tous les coins de rue de la très vielle France…

Vu que cet apprenti imam n’a que la nationalité marocaine, même s’il est né en France, les autorités françaises veulent absolument l’expulser vers le Maroc.

On ferait quoi d’Iquioussen chez nous ? Et puis de quoi vivrait-il ici ? Il ne parle que français et on ne prêche pas en français au Maroc. Que la bonne vielle langue du Dhad, qui est par ailleurs très surveillée ici, surtout pour ce qui est des prêches et des prosélytismes à outrance. Il y’a aussi de fortes chances qu’il crée au Maroc une nébuleuse d’adeptes issus de l’immigration.

Nous avons assez d’énergumène tarés au bled, pour en accepter d’autres, même s’ils ne s’expriment que dans langue de Molière.

Iquioussen devrait plutôt être expulsé en Bosnie, ou en Tchétchénie, où, il devrait être accueilli à bras ouverts, à moins que les adeptes d’Izet Begovitch ou Kadyrov n’aient changé d’avis et ne veulent plus de semeurs de troubles chez eux….

Normalement, vu son discours, un tantinet culpabilisateur, c’est le Qatar ou la Turquie d’Erdogan qui devraient nommer Iquioussen amabassadeur de leurs bonnes intentions déstabilisatrices dans le monde Arabe. 

Ces deux pays nous aiment tellement, qu’ils financent tous les frères musulmans, rien que pour foutre la merde sur terre. C’est leur soft power à eux deux.

Donc il est fort probable qu’Iquioussen, qui est actuellement en fuite quelque part en Europe, finira par prendre un vol pour atterrir en Turquie tout d’abord. Après soit il partira à Doha au Qatar, soit il atterrira à Djeddah. Mais je ne crois pas qu’il pourra aller dans ces deux pays, vu que leurs dirigeants sont en bons termes avec la France.

Alors Iquioussen n’a que le choix de se terrer dans une cave à Molenbeek-Saint-Jean près de Bruxelles, soit atteindre, à grands frais Istanbul.

Pauvre chéri, il pensait haranguer éternellement les jeunes de banlieue, sans retour de bâton. Il n’avait qu’à voir le triste sort de son copain en prêche, l’autre frérot sans poils, Tarik Ramadan. Il a été dégommé de la scène médiatique en un temps trois mouvements. 

La France et l’Europe en général se sont réveillées très tardivement par rapport à cette question d’infiltration de l’islam politique, qui aujourd’hui fait des ravages dans toutes les communautés immigrés, mais aussi, dans les universités, les écoles et l’espace public.

L’islamisme politique prospère là où se développe les misères : misères sociales, économiques, culturelles, humaines et ce n’est pas ce qui manque dans les banlieues européennes, où on a entassé les mêmes communautés précaires depuis plus de cinquante ans…

La prospérité d’une nation, quand elle n’est pas partagée avec toutes les franges de la société produit du ressentiment et de la révolte.

Le sentiment d’être des laissés-pour-compte devient alors très fort surtout chez les jeunes générations issus de familles précaires, qui voient leur horizon bouché et une possible réussite personnelle irréalisable. Alors ces jeunes se renferment sur eux-mêmes, ou se réfugient dans la religion, en quête d’un hypothétique changement de leurs conditions, par des prières rogatoires. 

Économiquement, ils cherchent à s’en sortir, en déalant de la drogue, en chapardant, ou même en s’engageant têtes baissées dans le grand banditisme.

C’est là où des imams malins, financés sans doute par des puissances étrangères, principalement du moyen orient, se sont dit, qu’il serait intéressant de ramener ces brebis égarées vers le droit chemin, en les endoctrinant dans les mosquées et autres lieux de culte créés à cet effet par ces pays. Ils pourraient toujours servir plus tard…

Cela a débuté à la fin des années 70 au Benelux et en France, quand les secondes générations d’immigrés sont arrivées sur le marché du travail. Face aux difficultés économiques, ces jeunes seront pris en charge par un certain nombre d’organisations religieuses, non traçables, car les autorités européennes sous estimaient leur poids et la portée de leurs actes prosélytes.

Mais avec le temps, l’influence de ces associations, relayées par des prêcheurs payés par elles, devint importante un peu partout, transformant les quartiers sensibles en zones ressemblant plus à l’Afghanistan, qu’aux pays de Paul Valéry ou de Vermeer. 

Les ports du hijab, de la bourqa, du Kamiss et les longues barbes devinrent la règle dans les banlieues immigrées. Des tensions sont apparues dans ces quartiers ou sur les lieux de travail, où ces jeunes ont commencé à refuser de serrer les mains des femmes, à exiger des lieux de prières dans les entreprises et les filles voulaient subitement aller à l’école ou à l’université voilées ou refuser de faire les séances de sport au collège et au lycée.

Mêmes les piscines municipales n’ont pas été épargnées, les femmes musulmanes exigeant la séparation des sexes. Les femmes portant de longues burqas noires, commençaient à marcher dans les rues et boulevards européens, défiant les lois de ces pays. 

Le communautarisme déborda aussi sur l’espace public, où le commerce « islamiquement correct » apparût, comme les rayons Halal dans les supermarchés ou les poupées sans visages vendues à des enfants… 

L’Europe se retrouve, aujourd’hui, tétanisée par des communautés nationales ou issues de l’immigration qui refusent d’être assimilées, et qui prennent les européens à leurs propres jeux démocratiques, qu’ils utilisent avec brio, pour exiger des droits issus de leurs culture d’origine, qu’ils revisitent selon leurs propres optique, sans pour autant chercher à les adapter aux valeurs des pays européens, où ils sont pourtant nés et dont ils portent pour la plupart la nationalité.

Pour n’avoir pas réagi à temps pour prendre à bras le corps la gestion des lieux de culte et de surveiller les réseaux de financement des associations dites « islamiques » sur leurs territoire, les européens découvrent depuis l’éclosion de l’état islamique en Irak et en Syrie, l’ampleur de cette formidable bévue. 

Des milliers de jeunes issus de l’immigration ou natifs de ces pays se sont retrouvés sur les champs de bataille en orient avec femmes et enfants. Certains d’entre-eux ont même été téléguidés pour opérer des attentats terroristes sur les territoires européens.

Reste que faire aujourd’hui, d’Iquioussen,  un exemple pour que les autres prêcheurs cachés ou non, aient peur, ne servira pas à grand chose, par ce que le problème n’est pas Iquioussen en lui-même, mais ce qu’il incarne aux yeux d’une jeunesse européenne perdue, à la recherche de quelqu’un qui puisse exprimer son désarroi et tisser un lien social, jamais établi auparavant par les sociétés européennes hôtes.

Même si les européens se fédéraient entre eux et arrivaient par une opération du saint esprit à occire tous les Iquioussen ou similaires sur leurs territoires, le problème de l’islamisation des sociétés européennes ne s’arrêterait pas d’un seul coup.

Les populations immigrées ou d’origine étrangères ou côtoyant ces populations manquent de reconnaissance et d’ascension sociale au sein de leurs sociétés. Tant qu’on les observera comme des populations de seconde catégorie ou représentant une menace potentielle, juste parce qu’ils ont une couleur de peau différente, des cheveux frisés ou portant des fichus sur la tête, alors ces populations se considèreront toujours comme rejetées et ne feront aucun effort pour se « dissoudre » dans les sociétés européennes comme celle-ci le souhaitent ardemment mais sans parvenir à le réaliser.

Des actions aussi anodines comme empêcher un « basané » d’aller sur une plage privée, d’entrer en boite de nuit, ou de présenter un CV qui est systématiquement refusé, cela se transforme en un sentiment d’injustice ressenti sur le coup et qui fait tâche d’huile, après dans toutes ces communautés, grâce aux réseaux sociaux, qui amplifient ces phénomènes à outrance.

Il est tout de même ahurissant de voir les jeunes français ou européens, d’origine maghrébine qui ont réussi dans leurs études universitaires, partir en masse à Doha, Dubaï, Londres ou New-York pour y créer leurs entreprises ou y s’épanouir professionnellement. 

La France et beaucoup de pays européens, perdent ainsi une partie de leurs enfants qu’ils ne savent plus retenir, à défaut de les intégrer ou de les assimiler. Ces jeunes talents, iront produire de la richesse ailleurs, où on ne les juge ni sur leurs origines ni sur la couleur de leur peau…

Dans le même registre, Iquioussen est le produit de ces frustrations de la jeunesse française et européenne d’origine maghrébine. Il est né, étudié et vivait en France. Il n’a aucun lien avec le Maroc, terre d’origine de ses parents. 

Il est français par la force de la loi du sol française. Pourquoi donc les autorités française s’échinent à vouloir l’expulser au Maroc ?

C’est un mauvais signal donné à toute la jeunesse française d’origine maghrébine. Au lieu de cela, il aurait mieux valu promouvoir des jeunes issus de l’immigration ou d’origine maghrébine dans tous les niveaux de la société française, afin qu’ils donnent le bon exemple à suivre, mais pas uniquement dans le football ou le spectacle. De montrer aux autres jeunes qu’on peut réussir dans la vie et être accepté par le pays où on vit, sans forcément suivre les enseignements stériles de sombres prédicateurs…

Au risque de voir cette affaire tourner au ridicule politico-diplomatique, Iquioussen, lui, continue de courir… 

Des Iquioussen, il y’en aura toujours, et sous diverses formes et latitudes, à chaque fois que les sociétés européennes seront fragilisées par une incapacité à accepter l’autre, étranger ou d’origine étrangère et à lui offrir les mêmes chances qu’à ses propres enfants..

Quant à la présente affaire de cet imam Iquioussen, il s’agit bien d’une histoire française, comme ce pays aime à créer et à surmédiatiser, à chaque fois que ses gouvernants souffrent dans les sondages, sans pour autant apporter des solutions pérennes sur le terrain pour juguler les problèmes liés à l’immigration …

Rédigé par Rachid Boufous


Mercredi 7 Septembre 2022