Nommer un Premier ministre est toujours un acte fort dans la Ve République. C’est censé être un moment de relance, une respiration politique, parfois même un pari sur l’avenir. Mais dans le cas présent, difficile de voir autre chose qu’un calcul défensif, presque une fuite en avant. J’ose le dire : ce gouvernement ne tiendra pas jusqu’au 31 décembre. Non pas par provocation, mais parce que tous les ingrédients d’une chute rapide sont réunis. Et sauf miracle politique — qui, soyons honnêtes, n’existe pas — la mécanique est enclenchée.
Le nouveau Premier ministre, choisi pour sa proximité avec Emmanuel Macron, arrive sans vraie autonomie ni vision propre. L’Élysée garde la main, l’opinion publique le sait, et les partis aussi. Résultat : l’effet d’annonce, déjà faible, est avalé en quelques heures par le bruit social et médiatique. Là où l’on attendait un signal d’autorité, on perçoit une simple opération de maintien.
Dans un pays fracturé, un chef de gouvernement doit incarner plus qu’une délégation présidentielle : il doit rassembler, surprendre, imposer son style. Ici, rien de tout cela. La nomination ressemble à une pièce ajoutée dans une mécanique déjà grippée.
À la veille des municipales de 2026, la logique des partis prend le pas sur toute autre considération. Chaque formation est obsédée par ses positions locales, par la constitution d’alliances, par la préparation d’un rapport de force qui conditionnera la présidentielle suivante.
Dans ce contexte, le nouveau Premier ministre n’est pas un allié potentiel, mais un obstacle ou un pion. Les partis n’ont aucun intérêt à lui offrir une respiration politique. Le Parti socialiste, en particulier, se trouve dans une impasse : soit il s’oppose frontalement, soit il accepte de tendre la main pour sauver le budget, mais au prix d’un suicide politique. Le calcul est vite fait : personne ne se sacrifie pour un gouvernement fragile.
Comme si cela ne suffisait pas, trois jours de manifestations sont déjà à l’agenda. Le gouvernement n’a pas encore existé politiquement qu’il est déjà convoqué par la rue. C’est un baptême du feu inédit, qui intervient dans un climat où la contestation sociale s’exprime plus vite, plus fort, et plus durablement qu’autrefois.
Face à cela, le Premier ministre n’a que deux options : céder, et apparaître comme faible ; ou tenir, et risquer l’embrasement. Dans les deux cas, son crédit s’épuise à grande vitesse. Or, un gouvernement qui brûle son capital dès sa naissance est condamné.
La bombe budgétaire et les agences de notation
À cette pression sociale s’ajoute un autre front, tout aussi redoutable : celui des finances publiques. La France risque cette semaine une dégradation de sa note par les agences de notation. Cette perspective n’est pas seulement technique ou comptable : elle est politique. Car une dégradation signifie des emprunts plus chers, donc moins de marges pour financer les promesses, et une défiance accrue des marchés.
Dans ce contexte, la moindre négociation budgétaire devient explosive. Comment faire passer un budget d’austérité dans un Parlement fragmenté et une société chauffée à blanc ? L’arithmétique ne tient pas, et les partenaires politiques le savent. L’opposition n’a aucun intérêt à sauver un gouvernement déjà en difficulté : mieux vaut attendre qu’il tombe pour engranger le bénéfice politique.
C’est la combinaison de ces deux fronts — la contestation sociale et la pression financière — qui rend la situation intenable. Un gouvernement peut parfois survivre à la rue s’il rassure les marchés. Il peut parfois rassurer les marchés en s’appuyant sur un soutien politique solide. Mais ici, il ne bénéficie ni de l’un ni de l’autre.
La rue s’annonce hostile, les agences de notation implacables, et les partis calculateurs. Le Premier ministre se retrouve seul, enfermé dans une fonction qui demande du souffle mais ne lui offre que des murs.
Certains diront que tout est possible en politique, qu’un retournement est toujours envisageable, qu’un « miracle » pourrait sauver ce gouvernement. Mais la politique française de ces dernières années a prouvé l’inverse. Les miracles n’existent pas : les rapports de force, eux, sont implacables.
On n’improvise pas une majorité, on ne fabrique pas de l’autorité en quelques semaines, et on ne retourne pas une opinion publique déjà lassée par des années de crises successives. La logique des institutions, des partis et de la rue est plus forte que les discours.
C’est pourquoi je prends ce pari : ce gouvernement ne tiendra pas jusqu’au 31 décembre. Non pas par cynisme, mais par observation froide des faits. À peine nommé, il est déjà pris en étau. À peine installé, il doit faire face à une contestation sociale et à une sanction financière. À peine reconnu, il est déjà sapé par les partis qui ne voient en lui qu’un obstacle provisoire sur la route de 2026.
Sauf improbable miracle politique, il tombera. Et ce ne sera pas seulement la chute d’un homme, mais la démonstration que la Ve République, dans sa forme actuelle, est incapable de donner du souffle à un exécutif affaibli.
Le nouveau Premier ministre, choisi pour sa proximité avec Emmanuel Macron, arrive sans vraie autonomie ni vision propre. L’Élysée garde la main, l’opinion publique le sait, et les partis aussi. Résultat : l’effet d’annonce, déjà faible, est avalé en quelques heures par le bruit social et médiatique. Là où l’on attendait un signal d’autorité, on perçoit une simple opération de maintien.
Dans un pays fracturé, un chef de gouvernement doit incarner plus qu’une délégation présidentielle : il doit rassembler, surprendre, imposer son style. Ici, rien de tout cela. La nomination ressemble à une pièce ajoutée dans une mécanique déjà grippée.
À la veille des municipales de 2026, la logique des partis prend le pas sur toute autre considération. Chaque formation est obsédée par ses positions locales, par la constitution d’alliances, par la préparation d’un rapport de force qui conditionnera la présidentielle suivante.
Dans ce contexte, le nouveau Premier ministre n’est pas un allié potentiel, mais un obstacle ou un pion. Les partis n’ont aucun intérêt à lui offrir une respiration politique. Le Parti socialiste, en particulier, se trouve dans une impasse : soit il s’oppose frontalement, soit il accepte de tendre la main pour sauver le budget, mais au prix d’un suicide politique. Le calcul est vite fait : personne ne se sacrifie pour un gouvernement fragile.
Comme si cela ne suffisait pas, trois jours de manifestations sont déjà à l’agenda. Le gouvernement n’a pas encore existé politiquement qu’il est déjà convoqué par la rue. C’est un baptême du feu inédit, qui intervient dans un climat où la contestation sociale s’exprime plus vite, plus fort, et plus durablement qu’autrefois.
Face à cela, le Premier ministre n’a que deux options : céder, et apparaître comme faible ; ou tenir, et risquer l’embrasement. Dans les deux cas, son crédit s’épuise à grande vitesse. Or, un gouvernement qui brûle son capital dès sa naissance est condamné.
La bombe budgétaire et les agences de notation
À cette pression sociale s’ajoute un autre front, tout aussi redoutable : celui des finances publiques. La France risque cette semaine une dégradation de sa note par les agences de notation. Cette perspective n’est pas seulement technique ou comptable : elle est politique. Car une dégradation signifie des emprunts plus chers, donc moins de marges pour financer les promesses, et une défiance accrue des marchés.
Dans ce contexte, la moindre négociation budgétaire devient explosive. Comment faire passer un budget d’austérité dans un Parlement fragmenté et une société chauffée à blanc ? L’arithmétique ne tient pas, et les partenaires politiques le savent. L’opposition n’a aucun intérêt à sauver un gouvernement déjà en difficulté : mieux vaut attendre qu’il tombe pour engranger le bénéfice politique.
C’est la combinaison de ces deux fronts — la contestation sociale et la pression financière — qui rend la situation intenable. Un gouvernement peut parfois survivre à la rue s’il rassure les marchés. Il peut parfois rassurer les marchés en s’appuyant sur un soutien politique solide. Mais ici, il ne bénéficie ni de l’un ni de l’autre.
La rue s’annonce hostile, les agences de notation implacables, et les partis calculateurs. Le Premier ministre se retrouve seul, enfermé dans une fonction qui demande du souffle mais ne lui offre que des murs.
Certains diront que tout est possible en politique, qu’un retournement est toujours envisageable, qu’un « miracle » pourrait sauver ce gouvernement. Mais la politique française de ces dernières années a prouvé l’inverse. Les miracles n’existent pas : les rapports de force, eux, sont implacables.
On n’improvise pas une majorité, on ne fabrique pas de l’autorité en quelques semaines, et on ne retourne pas une opinion publique déjà lassée par des années de crises successives. La logique des institutions, des partis et de la rue est plus forte que les discours.
C’est pourquoi je prends ce pari : ce gouvernement ne tiendra pas jusqu’au 31 décembre. Non pas par cynisme, mais par observation froide des faits. À peine nommé, il est déjà pris en étau. À peine installé, il doit faire face à une contestation sociale et à une sanction financière. À peine reconnu, il est déjà sapé par les partis qui ne voient en lui qu’un obstacle provisoire sur la route de 2026.
Sauf improbable miracle politique, il tombera. Et ce ne sera pas seulement la chute d’un homme, mais la démonstration que la Ve République, dans sa forme actuelle, est incapable de donner du souffle à un exécutif affaibli.
L’hiver sera rude à Paris
La France entre dans une séquence où chaque jour pèsera. Les manifestations à venir, la décision des agences de notation, le calendrier budgétaire, les premières fractures dans la majorité… Tout cela va converger dans les semaines à venir.
En décembre, on ne se demandera pas si ce gouvernement peut réformer, mais s’il peut encore exister. Et la réponse, je le crains, sera négative. Les illusions tomberont avant les feuilles mortes, et la chronique d’une chute annoncée s’écrira sous nos yeux.
En décembre, on ne se demandera pas si ce gouvernement peut réformer, mais s’il peut encore exister. Et la réponse, je le crains, sera négative. Les illusions tomberont avant les feuilles mortes, et la chronique d’une chute annoncée s’écrira sous nos yeux.
Le pari ultime et cynique de Macron ?
Et si le véritable calcul d’Emmanuel Macron n’était ni budgétaire ni social, mais géopolitique ? S’il ne voulait ni rembourser la dette ni heurter les grandes fortunes, mais s’offrir une porte de sortie par le fracas des armes ? L’histoire regorge de dirigeants qui, acculés, ont choisi l’état d’exception pour suspendre le cours ordinaire des choses.
Une guerre contre la Russie donnerait à Paris un budget d’urgence, la légitimité de décréter des restrictions exceptionnelles, et la promesse d’un effacement partiel de la dette par des institutions financières prêtes à « soutenir l’effort de guerre ». Dans cette logique, la France ne se bat plus seulement pour elle-même, mais pour l’Europe tout entière : une cause commune qui justifierait que d’autres paient la facture.
Utopie cynique ou scénario secret ? Une chose est sûre : si la voie intérieure semble bouchée, la tentation extérieure devient un raccourci. Mais à ce jeu-là, l’histoire est rarement clémente avec ceux qui allument l’incendie pour mieux cacher leurs ruines.
Une guerre contre la Russie donnerait à Paris un budget d’urgence, la légitimité de décréter des restrictions exceptionnelles, et la promesse d’un effacement partiel de la dette par des institutions financières prêtes à « soutenir l’effort de guerre ». Dans cette logique, la France ne se bat plus seulement pour elle-même, mais pour l’Europe tout entière : une cause commune qui justifierait que d’autres paient la facture.
Utopie cynique ou scénario secret ? Une chose est sûre : si la voie intérieure semble bouchée, la tentation extérieure devient un raccourci. Mais à ce jeu-là, l’histoire est rarement clémente avec ceux qui allument l’incendie pour mieux cacher leurs ruines.