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Une université mexicaine s’allie à Fès pour offrir des diplômes 100 % en ligne

Des formations multilingues à visée professionnelle, portées par des géants de l’éducation


Rédigé par La Rédaction le Lundi 5 Mai 2025

TECH est la plus grande université numérique au monde. Avec un impressionnant catalogue de plus de 14 000 programmes académiques disponibles en 11 langues, elle se positionne comme leader en matière d’employabilité, avec un taux d’insertion professionnelle de 99 %.



Un partenariat qui interpelle : peut-on vraiment "apprendre le monde" depuis son salon ?

Une université mexicaine s’allie à Fès pour offrir des diplômes 100 % en ligne
C’est une annonce qui intrigue, impressionne… et inquiète. TECH Universidad, géant mexicain de l’éducation numérique, vient de s’associer avec l’Université Euromed de Fès (UEMF) pour proposer des diplômes conjoints 100 % en ligne, accessibles depuis n’importe quel coin d’Afrique – ou du monde. À première vue, l’idée semble brillante : des formations multilingues, pensées pour répondre aux besoins concrets du marché du travail, sans barrière géographique, et disponibles en arabe, en français et en anglais.

Mais derrière l’innovation se cache une question majeure : assiste-t-on à une démocratisation éclairée de l’enseignement supérieur, ou à une délocalisation froide de l’université vers le cloud ?

Considérée par Forbes comme « la meilleure université numérique du monde », TECH Universidad a bâti sa renommée sur une méthode pédagogique appelée Relearning, centrée sur la répétition intelligente et autonome des contenus. Plus de 500 000 professionnels auraient déjà été formés grâce à ce système, qui mêle vidéos interactives, évaluation continue, et tutorat à distance. Présente dans plus de 150 pays, TECH veut maintenant miser sur le continent africain.

Et pour poser un premier jalon stratégique, elle s’associe à l’UEMF, institution connue pour son ancrage régional et ses ambitions internationales. C’est un pari à double tranchant : d’un côté, TECH gagne en légitimité en Afrique, de l’autre, l’UEMF s’ouvre à des formats qui bousculent le modèle traditionnel de l’université marocaine.

Le programme est ambitieux : santé, ingénierie, droit, intelligence artificielle, éducation… autant de filières cruciales qui seront accessibles intégralement en ligne, avec une double validation – marocaine et internationale. Ce dispositif se veut agile, modulaire, adapté aux réalités locales tout en conservant les standards européens.

Mais une question plane : quelle reconnaissance réelle pour ces diplômes numériques sur le marché du travail marocain ? Quels contrôles qualité dans des formations sans campus physique ? Et surtout, que deviennent les milliers d’étudiants marocains qui n’ont ni connexion stable, ni équipement adapté à ce nouveau modèle d’apprentissage ?

L’un des aspects les plus marquants de cette initiative est sa dimension stratégique : au-delà des diplômes, l’accord prévoit des coopérations en matière de recherche, d’innovation, de transfert de technologies et de création d’emplois numériques. Une belle promesse. Mais ne faut-il pas d’abord garantir que les talents locaux puissent suivre ces cursus dans de bonnes conditions ? La fracture numérique est bien réelle dans de nombreuses régions.

Enfin, cette offensive de TECH sur le continent africain confirme une tendance mondiale : l’éducation supérieure devient une industrie globale, concurrentielle, où l’agilité technologique prime parfois sur la rigueur académique. Le défi pour les universités africaines comme l’UEMF sera donc de garder leur âme, tout en jouant le jeu de l’hybridation.

On pourrait saluer ici une belle initiative de coopération Sud-Sud, tournée vers l’avenir. Mais ne faut-il pas y voir aussi une forme d’uberisation académique, où la salle de classe devient un produit consommable, standardisé, livré par fibre optique ? L’alliance TECH–UEMF nous force à repenser le sens même de l’université. Or, sans interaction humaine ni ancrage local fort, la formation risque de perdre son essence : former des citoyens, pas seulement des techniciens.
 
 
 
 

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Lundi 5 Mai 2025