Un droit reconnu mais peu appliqué
Mais elles soulignent un paradoxe inquiétant : aucune résolution des Nations unies ne fait de la santé mentale des enfants et des jeunes une priorité explicite du développement, de la santé ou des droits humains. Les enfants continuent ainsi de passer sous les radars des engagements internationaux, alors même que leurs besoins augmentent.
Journée mondiale de l’enfance : un signal d’alerte
À l’occasion de la Journée mondiale de l’enfance, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, tire la sonnette d’alarme : 36 ans après l’adoption de la Convention relative aux droits de l’enfant, ces droits vacillent sous l’effet de la pauvreté, des crises humanitaires, du dérèglement climatique et des dangers numériques. Il appelle à écouter les enfants, protéger leur avenir et unir les efforts pour bâtir un monde plus sûr et équitable.
L’Unicef et l’OMS notent que si les politiques onusiennes évoquent la santé mentale, les actions ciblant les enfants et les jeunes restent limitées. Cette absence conduit à des approches fragmentées, aggravées par un manque chronique d’investissements dans la prévention et les interventions précoces.
Une génération en détresse
Selon les deux organisations, un jeune de 10 à 19 ans sur sept souffre d’un trouble mental. Dans de nombreux pays, les taux de suicide chez les 10-24 ans sont en hausse, tandis que seulement 56 % des pays disposent d’une politique incluant la santé mentale des enfants et des jeunes. Moins de la moitié offrent des services adaptés, qu’il s’agisse d’accompagnement scolaire, communautaire ou psychosocial.
Ce fossé entre besoins réels et réponses institutionnelles illustre, selon l’Unicef et l’OMS, une invisibilisation persistante de la souffrance juvénile. Les deux organismes pointent plusieurs défaillances : absence de résolutions ciblées, absence d’engagements spécifiques par tranche d’âge, manque de mécanismes participatifs impliquant les jeunes, et suivi insuffisant des engagements financiers et politiques.
Replacer les enfants au centre des politiques
Face à cette situation, l’Unicef et l’OMS lancent un appel clair : faire de la santé mentale des enfants une priorité mondiale. Elles recommandent de consacrer des ressources spécifiques, de l’intégrer dans les futures résolutions onusiennes et dans les politiques nationales, et de créer une plateforme interinstitutions et multipartite pour harmoniser approches et financements.
Les États sont également encouragés à adopter des stratégies alignées sur les programmes de l’OMS et de l’Unicef, fondées sur les droits humains, l’inclusion et la communauté, tout en assurant la participation significative des enfants et des jeunes. La prévention doit relier école, communauté, santé, culture, numérique, sport et protection sociale.
L’Unicef et l’OMS rappellent une évidence trop souvent négligée : les enfants aussi ont une santé mentale, qui mérite autant d’attention, de financements et de politiques adaptées que celle des adultes. Corriger cet oubli historique, c’est investir dans des sociétés plus équilibrées, résilientes et humaines.