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Vacances salées : le revers des plages marocaines

Été 2025 : quand le Maroc vend du soleil… à prix d’or


Rédigé par La rédaction le Samedi 2 Août 2025

Été 2025 : prix exorbitants, abus et silence officiel font fuir touristes et RME des plages marocaines. Une crise qui menace l’image du Royaume :
Des tarifs qui étranglent et une offre qui déçoit
Un secteur en crise à la veille d’événements majeurs
Silence officiel et colère populaire : le fossé se creuse



Des plages désertées… : Des prix qui défient toute logique dans un silence officiel qui choque

Vacances salées : le revers des plages marocaines
Cet été devait être celui de la relance touristique. Il restera dans les mémoires comme celui des prix délirants, des abus et d’une communication officielle déconnectée. Entre colère des estivants, perte d’attractivité et silence des autorités, plongée dans une saison qui interroge sur l’avenir du tourisme balnéaire marocain.

De Tanger à Agadir, en passant par Martil, M’diq, Saidia, Taghazout-Argana Bay ou Mogador Essaouira, les images qui circulent sur les réseaux sociaux cet été ressemblent plus à des appels au boycott qu’à des cartes postales.

Les témoignages s’accumulent : familles marocaines repartant après quelques jours, Marocains résidant à l’étranger (RME) annulant leurs vacances, touristes étrangers préférant filer vers la Tunisie ou la Turquie.

Ce n’est pas une météo capricieuse qui explique cet exode. C’est un mélange explosif : tarifs exorbitants, arnaques, insécurité et harcèlement constant.

Un couple rencontré à Martil résume :
« On ne parle même plus de vacances… c’est devenu un parcours du combattant. Chaque service, chaque espace est prétexte à soutirer de l’argent. Et le pire, c’est que personne ne semble vouloir mettre de l’ordre. »

La première gifle, c’est celle de la facture. Café à 40 dirhams, simple location de chaise longue à 150 dirhams la journée, plats ordinaires affichés à des prix de restaurants étoilés, et locations saisonnières doublant voire triplant leurs tarifs par rapport à l’an dernier.

Le constat est brutal :

Les tarifs ne reflètent pas le pouvoir d’achat local.
Les prestations sont souvent en décalage avec les prix pratiqués.
L’offre manque cruellement de contrôle et de régulation.

Et pendant ce temps, dans les pays concurrents, les mêmes services sont proposés à moitié prix, souvent avec un accueil plus chaleureux et un environnement mieux encadré.

Pour beaucoup d’estivants, l’été 2025 ne se résume pas qu’aux prix abusifs. C’est aussi une impression permanente d’être traqués : démarcheurs insistants, tentatives d’extorsion, surfacturations à peine voilées.

Dans certains points chauds comme M’diq, Saidia, Taghazout-Argana Bay ou Martil, des témoignages évoquent même des agressions physiques après refus de payer un service « imposé ». Des comportements qui, en plus de ternir l’image du pays, font fuir les visiteurs les plus fidèles.

Alors que les plaintes se multiplient et que la presse étrangère relaie des avertissements explicites – « Évitez le Maroc cet été, vous le regretterez » – le ministère du Tourisme reste figé dans une communication institutionnelle triomphaliste, célébrant des chiffres de fréquentation non contestés par les opérateurs. Et cela est bien bizare.

Cette déconnexion entre discours officiel et vécu des touristes creuse le fossé. La crédibilité du Maroc en tant que destination fiable et professionnelle en prend un sérieux coup.

La question du contrôle est au cœur du problème. Sur plusieurs plages, des exploitants illégaux monopolisent l’accès au sable, louent chaises et parasols à prix fort, imposent des « taxes » informelles.
Et les autorités ? Elles brillent par leur absence, ou ferment les yeux ?

Ce laxisme contraste avec la rigueur observée en Espagne ou en Turquie, où l’occupation illégale de l’espace public est sanctionnée et où les prix sont régulés.

Tous les acteurs du tourisme ne jouent pas ce jeu malsain. Beaucoup d’hôteliers, restaurateurs et prestataires investissent dans la qualité et respectent les règles. Mais ces derniers se retrouvent pris en otage par la mauvaise réputation créée par une minorité.

Un hôtelier d’Agadir confie :
« Nous faisons des efforts, mais les touristes repartent avec une mauvaise impression globale. Une saison comme celle-ci peut ruiner des années de fidélisation. »


Ce fiasco ne pourrait pas tomber plus mal. Dans moins de six mois, le Maroc accueillera la Coupe d’Afrique des Nations 2025, vitrine sportive et touristique majeure. Et dans cinq ans, ce sera la Coupe du Monde 2030, coorganisée avec l’Espagne et le Portugal.

Sans mesures correctives rapides, contrôle des prix, sécurisation des espaces, lutte contre les abus, le pays risque non seulement de perdre des touristes, mais aussi de ternir son image à l’international.

Il serait injuste de peindre le tableau uniquement en noir. Le Maroc a prouvé par le passé sa capacité à redresser la barre : campagnes de promotion intelligentes, grands projets d’infrastructures, amélioration de la connectivité aérienne…

Mais aujourd’hui, la balle est dans le camp des décideurs.

Réagir vite, c’est envoyer un signal clair : le tourisme n’est pas un espace de non-droit. Ne pas agir, c’est accepter que les réseaux sociaux continuent de dicter l’image du pays à coups de vidéos virales et de hashtags désastreux.

Cet été, le Maroc avait rendez-vous avec son ambition touristique. Il a trouvé sur sa route une réalité bien moins reluisante. Entre les mains de ceux qui décideront dans les prochains mois se trouve plus qu’un secteur économique : l’un des visages les plus visibles du Royaume. Reste à savoir si le sursaut viendra… avant que le sable ne glisse définitivement entre les doigts.

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Samedi 2 Août 2025