Selon les premières informations, les forces houthies ont fait irruption samedi dans un bâtiment de l’ONU à Sanaa, capitale qu’ils contrôlent depuis 2014. Le complexe abritait du personnel international et local. Cinq employés nationaux et quinze internationaux ont été placés en détention, parmi lesquels Peter Hawkins, figure connue des opérations humanitaires au Yémen.
Onze employés yéménites, également arrêtés, ont depuis été relâchés. Jean Alam, porte-parole de la coordination onusienne au Yémen, a indiqué que l’ONU reste en contact avec les Houthis et d’autres médiateurs pour obtenir une libération rapide.
Ce n’est pas la première fois que les Houthis visent les agences humanitaires. Fin août, une dizaine d’agents onusiens avaient déjà été arrêtés, accusés d’espionnage pour les États-Unis et Israël. Jeudi, le chef du mouvement, Abdelmalek al-Houthi, a réaffirmé à la télévision avoir « démantelé l’une des cellules d’espionnage les plus dangereuses », prétendument liée au Programme alimentaire mondial et à l’Unicef.
Ces accusations, qualifiées de « dangereuses et inacceptables » par Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU, ont mis le feu aux poudres : « Elles mettent gravement en danger la sécurité du personnel humanitaire et compromettent les opérations vitales de secours. » Depuis 2014, le Yémen est plongé dans une guerre dévastatrice opposant les rebelles houthis au gouvernement reconnu par la communauté internationale.
Résultat : plus de 377 000 morts directs et indirects, 17 millions de personnes en insécurité alimentaire et des millions d’enfants sans accès à l’éducation. L’ONU qualifie la situation de « pire crise humanitaire au monde », mais les attaques répétées contre ses équipes paralysent les opérations. Le pays reste sous tension malgré les pourparlers intermittents entre Riyad, Téhéran et les factions yéménites.
L’ONU tente une médiation d’urgence via le Bureau de l’Envoyé spécial pour le Yémen et la diplomatie omanaise, réputée neutre.
Mais sans geste rapide des Houthis, les programmes humanitaires pourraient être suspendus, mettant des millions de civils en danger immédiat.