Un enfant qui convulse soudainement à la suite d’une fièvre banale, des cris, des gestes désordonnés, des yeux révulsés… et la panique s’installe. Dans les services d’urgence pédiatrique marocains, les convulsions fébriles restent l’un des motifs d’admission les plus fréquents. Mais sont-elles aussi dangereuses qu’on le pense ? À l’occasion du Morocco Medical Expo 2025, les spécialistes vont fait le point : si elles impressionnent toujours, elles ne devraient plus autant effrayer.
Un phénomène fréquent et souvent bénin
Selon les données présentées par le Pr Karim Zemmouri, 5 à 7 % des enfants de moins de cinq ans feront au moins une convulsion fébrile dans leur vie. Dans la grande majorité des cas, elles sont :
brèves (moins de 5 minutes),
généralisées (tout le corps est concerné),
sans conséquence neurologique à long terme.
Mais leur aspect spectaculaire provoque, à juste titre, une peur intense chez les parents… et parfois une réponse médicale excessive.
Trop de panique, trop d’hospitalisations inutiles
Dans de nombreux cas, les enfants sont hospitalisés par précaution, subissent des examens lourds (ponctions lombaires, imagerie cérébrale), et reçoivent des traitements anticonvulsivants non nécessaires. Les spécialistes appellent à recentrer la prise en charge sur l’observation clinique et l’éducation familiale.
La recommandation actuelle est claire : une première convulsion fébrile simple, chez un enfant sans antécédents, ne nécessite pas d’exploration invasive.
Identifier les cas à surveiller
Toutefois, certaines convulsions fébriles doivent alerter :
durée supérieure à 15 minutes,
convulsion partielle (un seul membre ou un seul côté du corps),
plusieurs épisodes en moins de 24 h,
antécédents familiaux d’épilepsie.
Dans ces cas, une évaluation neurologique approfondie s’impose, ainsi qu’un suivi plus rigoureux.
Une urgence d’éducation parentale
Au Maroc, beaucoup de familles ignorent les bons gestes à adopter : allonger l’enfant sur le côté, dégager les voies respiratoires, ne rien mettre dans sa bouche, appeler les secours si la crise dure plus de 5 minutes. Trop souvent, les parents administrent des produits dangereux ou secouent l’enfant, pensant bien faire.
Le salon a mis en avant l’importance de programmes de sensibilisation à la fièvre et aux gestes d’urgence, à diffuser dans les crèches, les écoles et les réseaux sociaux.
La fièvre reste l’ennemi mal compris
Au-delà de la convulsion, la gestion de la fièvre elle-même reste problématique. Beaucoup de parents surmédicalisent, alternent paracétamol et ibuprofène, ou laissent l’enfant emmitouflé.
Les experts rappellent : la fièvre est un symptôme, pas une maladie. Elle est le signe que le corps se défend. Le rôle du médecin est de rassurer, expliquer, accompagner.
FOCUS : Convulsions fébriles – que faire ?
Allonger l’enfant sur le côté, surveiller sa respiration
Ne pas le secouer, ni le comprimer, ni rien mettre en bouche
Noter la durée de la crise (plus de 5 min = urgence)
Appeler les urgences si convulsion prolongée ou répétée
Ne pas paniquer : une crise isolée chez un enfant sain n’est pas un signe d’épilepsie
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