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​Agadir : coup d’arrêt à la spéculation sur les billets de la CAN


Rédigé par La rédaction le Dimanche 28 Décembre 2025

L’arrestation à Agadir d’un individu soupçonné de revendre illégalement des billets de la Coupe d’Afrique des nations à des prix exorbitants illustre la vigilance accrue des autorités face aux dérives liées aux grands événements sportifs. À quelques semaines d’échéances très attendues, cette affaire met en lumière un phénomène récurrent qui alimente colère populaire et défiance.



À Agadir, les services de sécurité ont interpellé un individu accusé de s’être livré à la revente illégale de billets pour la Coupe d’Afrique des nations. Selon les premiers éléments, les tickets étaient proposés à des tarifs largement supérieurs à leur valeur faciale, profitant de la forte demande autour de la compétition. Une pratique connue, mais rarement stoppée aussi visiblement, qui a suscité une vague d’indignation locale et relancé le débat sur la régulation de l’accès aux grands événements sportifs.

Les faits, en eux-mêmes, ne surprennent guère. À chaque compétition d’envergure, la rareté réelle ou organisée des billets ouvre la voie à un marché parallèle où les prix flambent. Ce qui change ici, c’est la réaction rapide des autorités locales, décidées à montrer que la spéculation sur un événement d’intérêt national ne sera pas tolérée. L’enquête devra déterminer l’ampleur exacte du réseau, l’origine des billets et les éventuelles complicités, mais le message est déjà clair : la surveillance est renforcée.

Le contexte est particulièrement sensible. La CAN ne se limite pas à une compétition sportive. Elle constitue un enjeu d’image, d’organisation et de crédibilité pour les villes hôtes et, au-delà, pour le pays tout entier. Les billets deviennent alors bien plus que de simples titres d’accès aux stades : ils symbolisent l’équité d’accès, la promesse d’une fête populaire et le respect du public. La spéculation vient heurter de plein fouet cette promesse, en excluant de facto une partie des supporters au profit de logiques purement lucratives.

Sur le plan social, ces pratiques alimentent un sentiment d’injustice. Pour de nombreux supporters, souvent jeunes ou issus de milieux modestes, assister à un match relève déjà d’un effort financier. Voir les prix multipliés sur le marché noir renforce l’idée d’un événement confisqué par quelques-uns. Politiquement, laisser prospérer ce type de dérive expose les organisateurs et les pouvoirs publics à des critiques sur leur capacité à anticiper et contrôler.

L’arrestation d’Agadir pourrait ainsi marquer un tournant. Elle s’inscrit dans une volonté plus large de sécuriser la billetterie, de tracer les ventes et de dissuader les revendeurs opportunistes. Reste toutefois une question centrale : la répression suffit-elle sans une refonte plus structurelle des systèmes de distribution, notamment numériques, souvent contournés par les spéculateurs les plus organisés ?

À court terme, cette affaire devrait encourager d’autres interventions similaires dans les villes concernées par la CAN. À plus long terme, elle pose une interrogation plus large sur la gestion des grands événements sportifs : comment garantir un accès équitable tout en répondant à une demande massive et passionnée ?

L’interpellation d’Agadir n’est donc pas qu’un fait divers. Elle agit comme un révélateur d’un malaise latent autour de la marchandisation excessive du sport, et rappelle que la fête du football, pour rester populaire, doit aussi rester accessible.




Dimanche 28 Décembre 2025