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​Chronique économique : Quand l’économie française finit par se venger de la politique de l'Élysée ..


Rédigé par le Dimanche 19 Octobre 2025



Une double dégradation et une troisième en filigrane

​Chronique économique : Quand l’économie française finit par se venger de la politique de l'Élysée ..
Il arrive parfois que l’économie, ce grand mécanisme aux rouages invisibles mais implacables, rappelle aux responsables politiques que les promesses et atermoiements ont un prix. Aujourd’hui, c’est la France qui en fait l’amère expérience : elle voit sa note souveraine une nouvelle fois dégradée — à nouveau — parce que les faits s’accumulent et que les alertes n’ont pas été entendues.

Depuis la fin de 2024, plusieurs agences de notation ont fait sentir leur impatience. Moody’s a déjà abaissé la note française (à « Aa3 ») en décembre 2024, pointant des finances publiques affaiblies et une capacité réduite à assurer la consolidation budgétaire. 

Puis, plus récemment, Fitch Ratings a réduit la note de la France de « AA- » à « A+ » au motif d’une dette publique croissante et surtout d’une instabilité politique qui rend incertaine toute trajectoire de redressement. 

Ajoutez à cela que Standard & Poor’s avait déjà placé la perspective en « négative » en février 2025, signe avant-coureur. 

Le message est clair : la France n’a pas (encore) convaincu les marchés que le virage budgétaire est pris et que la gouvernance politique est à la hauteur.

Les causes profondes : dette, déficit… et politique

On peut certes s’épancher sur les chiffres : une dette publique qui s’approche, voire dépasse, les 110 % du PIB, un déficit récurrent, des taux d’intérêt qui montent… 

Mais le plus frappant, c’est le rôle prépondérant de la politique : les agences insistent sur l’instabilité gouvernementale, les impasses budgétaires, les retards de réforme. 

L’économie se venge ici non pas parce que elle est méchante (non !), mais parce que elle est implacable : lorsqu’un pays accumule les promesses sans les tenir, lorsque les choix sont remis à plus tard, lorsque la gouvernance vacille, les marchés le perçoivent — et la sanction vient.

Pourquoi c’est mauvais (et bon) signe

Mauvais signe : Une note dégradée signifie que l’emprunt devient plus coûteux. Les investisseurs demandent une prime de risque plus élevée pour prêter. Cela peut fragiliser les finances publiques, réduire la marge de manœuvre du gouvernement et augmenter la dépendance vis-à-vis des diktats du marché. Le signal envoyé au monde est celui d’un pays qui n’est plus jugé comme « excellent » mais simplement « bon ».

Un côté positif (oui, vraiment) : Cette « punition » peut être un coup de fouet utile. Si elle sert de réveil et incite à des réformes, alors elle peut devenir le catalyseur d’un redressement. Cela remet la gouvernance au centre — et rappelle que l’économie n’est pas une machine abstraite : elle dépend des choix de politique budgétaire, de la crédibilité des responsables, de la confiance.

La morale sinueuse : L’économie ne choisit pas ses victimes ; elle répond à des logiques. Quand la politique repousse les décisions structurantes, réforme des retraites, maîtrise des dépenses, investissements productifs, l’accumulation paie.
La France n’a pas simplement été « victime d’un marché cruel ». Elle a été sanctionnée parce qu’elle a tardé, bifurqué, hésité et le marché l’a vu.
Ni fatalisme, ni triomphalisme : simplement un rappel que gouverner, c’est anticiper, décider, assumer. Lorsqu’on attend trop longtemps, l’économie finit par rappeler ses règles.

Quelques pistes pour inverser la tendance selon certains économistes : 

Redonner priorité à une trajectoire claire de réduction du déficit : pas seulement des promesses, mais un calendrier crédible.
Stabiliser la gouvernance politique afin que les décisions budgétaires et réformes ne soient pas sans cesse remises en cause.
Mettre l’investissement au cœur : croissance + réduction de dette = un duo gagnant.
Restaurer la confiance des entreprises et des ménages : car une note n’est pas seulement un chiffre, c’est un pari sur le futur.

La dégradation de la note de la France pour la seconde (voire troisième) fois ne relève pas d’un caprice des agences de notation. C’est un symptôme. Un symptôme d’un pays où les marges de manœuvre se réduisent, où les choix stratégiques tardent, où la politique vacille.

Le rude message : dans l’économie, on ne procrastine pas avec l’endettement ou la gouvernance. Si on le fait, on finit par payer. Et parfois ce sont les marchés, avec leurs chiffres froids, qui donnent la facture.

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Dimanche 19 Octobre 2025