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​Coupe du Monde des Clubs 2025 : Quand les rues américaines vibrent aux couleurs arabes




Par Dr Anwar CHERKAOUI

​Coupe du Monde des Clubs 2025 : Quand les rues américaines vibrent aux couleurs arabes
 La Coupe du Monde des Clubs 2025 ne durera qu’un mois . 
 Mais l’impact des foules arabes dans les rues américaines pourrait, lui, durer bien plus longtemps. 

 New York, Philadelphie, Los Angeles, Houston… 

Des noms de villes qui résonnent comme des icônes de la puissance américaine. 

Et pourtant, ces jours-ci, ce ne sont pas les drapeaux étoilés qui font battre le cœur de leurs boulevards. 

Ce sont les drapeaux rouges, verts, blancs, noirs... ceux du Maroc, d'Égypte, de Tunisie, d'Arabie Saoudite, des Émirats Arabes Unis. 

La Coupe du Monde des Clubs 2025, tenue aux États-Unis, a réveillé un phénomène culturel, identitaire et géopolitique insoupçonné : l’éveil de la fierté arabe sur le sol américain. 

 Une ferveur populaire incontrôlable 

Sur les trottoirs de Washington, les youyous couvrent parfois les klaxons. 

À Philadelphie, on chante en darija, en khaliji, en égyptien dialectal, sous les regards intrigués d’une Amérique encore peu habituée à voir des foules arabes danser sans revendication, sinon celle d’exister. 

Le Wydad, Al Ahly, l’Espérance de Tunis , Al Hilal Al Masri, Al Ain, Assaoudi… 
Ce ne sont plus seulement des clubs. 
Ce sont les nouveaux ambassadeurs d’un peuple diasporique, jeune, exalté, revendicatif, et surtout : présent.

 Une diaspora active et consciente 

Car ces foules ne sont pas importées. 
Elles vivent déjà ici. Étudiants, ingénieurs, chauffeurs Uber, enseignants, commerçants, restaurateurs… 
Des citoyens ou résidents arabes des États-Unis qui saisissent enfin l’occasion de faire entendre leur existence, au rythme du football, dans une Amérique qui regarde trop souvent ailleurs.

Certains défilent drapés de keffieh ou de jellabas, d’autres portent des maillots rouges ou verts, et beaucoup entonnent les hymnes nationaux de leurs pays d’origine dans les parcs ou les stades. 

Des générations mêlées, grands-parents en babouches, enfants en sneakers. Et tous ont un message : "Nous sommes là. Et nous comptons ."

 Un signal fort aux autorités américaines 

Ce mouvement populaire et festif est une opportunité – mais aussi un avertissement. 

La jeunesse arabe, qu’elle soit citoyenne américaine ou pas encore naturalisée, représente un potentiel considérable en matière de créativité, d’entrepreneuriat, de lien social. 

Mais elle peut également se refermer, se radicaliser, se sentir exclue ou stigmatisée, si les politiques américaines persistent à marginaliser ou instrumentaliser les questions arabes.

Le football n’est qu’un miroir, grossissant peut-être, mais révélateur d’un état de fait : les États-Unis doivent repenser leur regard sur le monde arabe et sur leurs propres citoyens issus de ce monde.

 Aujourd’hui une liesse, demain un choix 

Aujourd’hui, les avenues américaines brillent aux couleurs de Casablanca, du Caire, de Riyad et de Tunis. 

Mais demain ? 
Ce peuple qui fête ses équipes peut devenir un levier de diplomatie douce, d'influence culturelle, voire d’innovation économique. 

Ou au contraire, un foyer de frustrations, de ruptures identitaires, de repli et d’incompréhension.

Le ballon roule. 
Et avec lui, l’Histoire. 

L’Amérique ferait bien de comprendre que dans chaque dribble d’un joueur arabe, dans chaque chant d’un supporter en ghutra ou en tarbouche, se joue peut-être une partie de son avenir intérieur.

Car aujourd’hui ce sont des chants. 
Mais si l’on n’écoute pas, demain ce seront des cris.

A bon entendeur, Salut, l’Oncle SAM.


Dimanche 22 Juin 2025