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​Économie de prestige, économie de confiance : ce que révèlent nos mégaprojets


Rédigé par La rédaction le Lundi 20 Octobre 2025



Les grands événements polarisent. Pour les uns, ils consomment un capital rare au détriment du social. Pour les autres, ils accélèrent les chantiers, “rendent visible l’invisible”, et construisent un récit de confiance. Au-delà des budgets, la vraie valeur est politique : le pays croit-il assez en lui-même pour investir, anticiper, exécuter ?

​Économie de prestige, économie de confiance : ce que révèlent nos mégaprojets
Évitons les caricatures. Oui, des moyens publics vont au sport : lignes dédiées en 2024 (500 MDH) et enveloppes globales en 2024-2025 pour les infrastructures sportives (1,4 puis 1,2 MMDH)

Non, cela n’explique pas la sous-exécution chronique de la santé/éducation : 28 % et 38 % d’exécution au 30 juin 2025, bien que les enveloppes existent

Le cœur du sujet est la gouvernance, pas la concurrence budgétaire.

Les mégaprojets sont des tests de système. Ils obligent à coordonner ministères, collectivités, opérateurs, banques, et à tenir les délais. S’ils réussissent, ils produisent plus que des stades : procédures modernisées, supply-chains élargies, compétences accrues. S’ils échouent, ils révèlent les angles morts : données non publiées, opacité contractuelle, silos administratifs.

Le Maroc a progressé en infrastructures ces vingt ans. La décennie qui s’ouvre doit être celle de l’exécution intelligente : projets mieux cadencés, écosystèmes mobilisés (événementiel, tourisme, tech), données ouvertes. Dans cet agenda, un opérateur comme Sonarges doit muter : de gestionnaire d’enceintes à plateforme d’affaires. Or sa situation financière encore déficitaire montre le chemin à parcourir — et la nécessité d’un contrat d’objectifs public, chiffré, transparent

Politiquement, le récit de “prestige vs proximité” n’est pas tenable. Les citoyens veulent les deux : fierté et services. Il faut donc documenter comment l’événementium irrigue la proximité : emplois formés dans la sécurité, la technique, l’accueil ; PME locales signataires ; mobilité améliorée pour tous ; espaces publics réhabilités utiles en semaine. L’argument bascule quand le “prestige” devient usage quotidien.

Reste un point cardinal : la confiance. Elle ne se décrète pas. Elle se gagne par la preuve — contrats publiés, KPI communiqués, dépassements expliqués. Et par une capacité d’apprendre : post-mortems, évaluations indépendantes, corrections institutionnelles. Les mégaprojets sont des amplificateurs ; ils n’inventent pas la qualité d’un État, ils la révèlent.

L’économie de prestige n’est pas l’ennemie de l’économie de proximité. Elle devient sa vitrine si la gouvernance suit. Le Maroc joue ici plus qu’un match ; il joue un style : rigoureux, ouvert, et obsédé par l’impact réel. Le reste n’est que bruit.




Lundi 20 Octobre 2025