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​Fonds immobiliers : l’émergence discrète mais stratégique des OPCI et OPCC au Maroc


Rédigé par La Rédaction le Mardi 13 Mai 2025



​Fonds immobiliers : l’émergence discrète mais stratégique des OPCI et OPCC au Maroc
Longtemps attendu, le marché des Organismes de Placement Collectif Immobilier (OPCI) commence à prendre corps au Maroc. En 2024, les chiffres de l’AMMC témoignent d’une montée en puissance notable : le nombre d’OPCI agréés est passé à 29 fonds, pour un encours total de 47,4 milliards de dirhams, en progression de plus de 45 % par rapport à 2023. Parallèlement, les Organismes de Placement Collectif en Capital (OPCC), encore plus récents, affichent 9 structures agréées.

Cette tendance confirme l’intérêt croissant pour des placements tangibles, à long terme, et générateurs de revenus, dans un contexte où l’épargne cherche des refuges stables.

Une réponse aux besoins des institutionnels
Le succès des OPCI s’explique d’abord par leur caractère hybride : ils combinent la régularité des revenus locatifs à la valorisation potentielle de l’actif immobilier. Ils sont plébiscités par les investisseurs institutionnels — compagnies d’assurance, caisses de retraite — en quête de rendements récurrents, notamment dans les segments bureaux et commerces.

Les organismes publics sont également encouragés à loger une partie de leur patrimoine immobilier dans ces fonds, dans le cadre de la réforme de la gestion domaniale de l’État. En 2024, plusieurs deals emblématiques ont été conclus, notamment dans les grandes métropoles.

Un marché encore embryonnaire mais stratégique
L’essor des OPCI s’inscrit dans une dynamique de modernisation du marché des capitaux. Le Maroc comble progressivement son retard par rapport aux grandes places africaines et européennes. Le régulateur veille à renforcer la transparence, l’évaluation indépendante des actifs, et la qualité de la gestion.

Côté OPCC, on note une émergence timide d’initiatives tournées vers l’investissement dans le capital de PME ou de projets innovants, bien que les montants levés restent encore modestes.

Un potentiel de démocratisation ?
À moyen terme, les OPCI pourraient devenir un véritable outil de diversification pour les particuliers, notamment via des OPCI grand public cotés ou accessibles via l’épargne salariale. Certains acteurs réfléchissent déjà à des formats plus souples, permettant aux classes moyennes d’investir indirectement dans l’immobilier sans passer par l’achat direct de biens.

Mais la fiscalité, la liquidité et la communication pédagogique devront encore évoluer pour espérer élargir la base d’investisseurs.

Et si les OPCI n’étaient qu’un instrument d’optimisation patrimoniale pour les grands groupes et l’État, déguisé en produit d’investissement moderne ? En l’absence d’une réelle ouverture aux particuliers, ces fonds servent surtout à reconditionner des actifs immobiliers anciens ou sous-performants, tout en bénéficiant d’un habillage réglementaire rassurant.

Quant aux OPCC, leur rôle dans le financement des PME reste symbolique. En réalité, le capital investissement marocain peine à décoller et l’écosystème reste verrouillé. Derrière les slogans de « dynamisation de l’épargne » et de « valorisation du patrimoine », c’est peut-être encore une fois le haut du panier économique qui récolte les fruits d’un marché complexe, opaque pour le commun des épargnants.





Mardi 13 Mai 2025