On associe souvent les barrages à l’irrigation, à la production d’eau potable ou, plus récemment, à la génération d’électricité verte. Mais un autre rôle, plus discret et pourtant fondamental, mérite aujourd’hui toute l’attention des décideurs : la prévention des inondations. Dans un Maroc de plus en plus exposé à des événements climatiques extrêmes, les barrages apparaissent désormais comme des boucliers hydrauliques, appelés à amortir les chocs violents du dérèglement climatique.
Ces dernières années, plusieurs régions du Royaume ont connu des épisodes d’inondations soudaines : crues de oueds dans l’Atlas, débordements de rivières à Fès, effondrements de routes dans le Sud, villages isolés pendant des jours. Ces événements, autrefois sporadiques, deviennent plus fréquents, plus intenses, et moins prévisibles. Le changement climatique ne signifie pas seulement moins d’eau : il signifie davantage de contrastes. Des périodes de sécheresse prolongée suivies de pluies diluviennes. Et ce sont ces chocs hydriques que les barrages peuvent aider à réguler.
Plusieurs exemples récents montrent l’utilité de cette fonction. Le barrage de Ratba, dans la province de Taounate, avec ses 1 900 millions de m³ de capacité, a été conçu pour stocker les crues du bassin du Sebou. Il évitera que les pluies torrentielles dévalent sans retenue vers les villes en aval. De même, le barrage de Boulaouane, à Chichaoua, devrait jouer un rôle crucial pour protéger la plaine de Metjat et la ville d’Imintanoute. Quant au modeste barrage de Fask, dans la région de Guelmim, il a été expressément conçu pour contenir les débordements dangereux des oueds, responsables dans le passé de pertes humaines et matérielles.
Ces barrages, qu’ils soient colossaux ou de petite taille, ont tous en commun un rôle que l’on commence à intégrer davantage dans les politiques publiques : celui de retenue préventive. Ils agissent comme des poumons artificiels : au lieu de laisser l’eau pluviale ruisseler brutalement, ils la retiennent, la stockent, la libèrent progressivement, évitant les effets de saturation des sols et d’érosion.
Mais cette mission de protection n’est pas sans limites. De nombreux barrages souffrent de désensablement rapide, ce qui réduit leur capacité réelle de stockage. D’autres, mal entretenus, peuvent eux-mêmes devenir des sources de danger en cas de rupture ou de débordement incontrôlé. Par ailleurs, les bassins versants en amont, souvent déforestés ou mal aménagés, ne jouent plus leur rôle naturel de régulateur, aggravant les pics de crue.
Autre point de vigilance : la prise en compte du risque climatique dans la conception des nouveaux barrages. Si certains projets récents intègrent cette logique, d’autres restent encore centrés uniquement sur l’usage agricole ou domestique. Pourtant, les modèles climatiques anticipent d’ici 2050 une augmentation des précipitations extrêmes en période courte, particulièrement dans le Nord et le Centre du pays. Il est donc impératif que chaque nouveau barrage soit aussi pensé comme un outil de protection civile.
Enfin, l’efficacité de ces infrastructures dépend d’une coordination en temps réel entre les agences hydrauliques, les services météorologiques, la protection civile et les collectivités locales. Sans systèmes d’alerte précoce, sans gestion dynamique des retenues, un barrage peut autant prévenir qu’aggraver une catastrophe.
Le Maroc est à un tournant. En reconnaissant pleinement la fonction anti-catastrophe des barrages, le pays peut transformer une vulnérabilité en force. Dans un climat devenu instable, stocker l’eau, c’est aussi stocker du temps, de la sécurité et de la résilience.
Ces dernières années, plusieurs régions du Royaume ont connu des épisodes d’inondations soudaines : crues de oueds dans l’Atlas, débordements de rivières à Fès, effondrements de routes dans le Sud, villages isolés pendant des jours. Ces événements, autrefois sporadiques, deviennent plus fréquents, plus intenses, et moins prévisibles. Le changement climatique ne signifie pas seulement moins d’eau : il signifie davantage de contrastes. Des périodes de sécheresse prolongée suivies de pluies diluviennes. Et ce sont ces chocs hydriques que les barrages peuvent aider à réguler.
Plusieurs exemples récents montrent l’utilité de cette fonction. Le barrage de Ratba, dans la province de Taounate, avec ses 1 900 millions de m³ de capacité, a été conçu pour stocker les crues du bassin du Sebou. Il évitera que les pluies torrentielles dévalent sans retenue vers les villes en aval. De même, le barrage de Boulaouane, à Chichaoua, devrait jouer un rôle crucial pour protéger la plaine de Metjat et la ville d’Imintanoute. Quant au modeste barrage de Fask, dans la région de Guelmim, il a été expressément conçu pour contenir les débordements dangereux des oueds, responsables dans le passé de pertes humaines et matérielles.
Ces barrages, qu’ils soient colossaux ou de petite taille, ont tous en commun un rôle que l’on commence à intégrer davantage dans les politiques publiques : celui de retenue préventive. Ils agissent comme des poumons artificiels : au lieu de laisser l’eau pluviale ruisseler brutalement, ils la retiennent, la stockent, la libèrent progressivement, évitant les effets de saturation des sols et d’érosion.
Mais cette mission de protection n’est pas sans limites. De nombreux barrages souffrent de désensablement rapide, ce qui réduit leur capacité réelle de stockage. D’autres, mal entretenus, peuvent eux-mêmes devenir des sources de danger en cas de rupture ou de débordement incontrôlé. Par ailleurs, les bassins versants en amont, souvent déforestés ou mal aménagés, ne jouent plus leur rôle naturel de régulateur, aggravant les pics de crue.
Autre point de vigilance : la prise en compte du risque climatique dans la conception des nouveaux barrages. Si certains projets récents intègrent cette logique, d’autres restent encore centrés uniquement sur l’usage agricole ou domestique. Pourtant, les modèles climatiques anticipent d’ici 2050 une augmentation des précipitations extrêmes en période courte, particulièrement dans le Nord et le Centre du pays. Il est donc impératif que chaque nouveau barrage soit aussi pensé comme un outil de protection civile.
Enfin, l’efficacité de ces infrastructures dépend d’une coordination en temps réel entre les agences hydrauliques, les services météorologiques, la protection civile et les collectivités locales. Sans systèmes d’alerte précoce, sans gestion dynamique des retenues, un barrage peut autant prévenir qu’aggraver une catastrophe.
Le Maroc est à un tournant. En reconnaissant pleinement la fonction anti-catastrophe des barrages, le pays peut transformer une vulnérabilité en force. Dans un climat devenu instable, stocker l’eau, c’est aussi stocker du temps, de la sécurité et de la résilience.