L'ODJ Média

​L’Amour libre et l’Adultère, ces casse-têtes juridiques marocains !




A lire ou à écouter en podcast :


Par Ali Bouallou

​L’Amour libre et l’Adultère, ces casse-têtes juridiques marocains !
En Occident, à peu près un homme sur deux et une femme sur trois avouent avoir été infidèles ou pratiquent l’adultère de manière régulière. Auparavant, les hommes et les femmes avaient du mal à l’avouer. De nos jours, les sondages d’opinion en la matière sont de plus en plus nombreux et plus explicites sur le pourquoi du comment de ce fait social universel, ordinaire et immoral dans les sociétés occidentales, tabou et tout aussi immoral dans les sociétés orientales.

Les hommes et les femmes parlent de plus en plus facilement de leur sexualité en couple ou extraconjugale qui n’est nullement en relation avec l’amour conjugal qu’ils portent à une femme versus un homme car il y a bel et bien une différence entre l’amour et la sexualité et parce que les us et coutumes des hommes et des femmes à l’époque actuelle le favorisent.

De nos jours, la parité et l’égalité des sexes sont une réalité sociale en Occident. Les femmes instruites et indépendantes ne se privent de rien pour damer le pion aux hommes socialement et professionnellement. Il en est de même pour la satisfaction absolue des désirs en tous genres dont le désir de jouissance et d’épanouissement. 

En Occident, l’amour libre et l’adultère ne sont pas condamnés par la justice tant que le consentement est de mise entre les deux adultes. 

Alors, qu’en est-il au Maroc ? 

Dans notre pays où le conservatisme et la morale religieuse influent sur le code pénal, l’amour libre et l’infidélité conjugale existent dans de bonnes proportions sans atteindre celles en Occident. Ils concernent toutes les franges de la population et tous les milieux socioprofessionnels.

 Les hommes et les femmes religieux ne sont pas en reste car nous sommes tous égaux devant les désirs charnels, et de se rappeler les délits intimes on ne peut plus matinaux rapportés il y a quelques années par la presse nationale. 

Au Maroc, les relations hors mariage et l’adultère sont condamnés par la justice marocaine selon les dispositions des articles 490, 491 et 492 :

Sont punies de l'emprisonnement d'un mois à un an, toutes personnes de sexe différent qui, n'étant pas unies par les liens du mariage, ont entre elles des relations sexuelles (Article 490) ;
Est puni de l'emprisonnement d'un à deux ans toute personne mariée convaincue d'adultère. La poursuite n'est exercée que sur plainte du conjoint offensé. Toutefois, lorsque l'un des époux est éloigné du territoire du Royaume, l'autre époux qui, de notoriété publique, entretient des relations adultères, peut être poursuivi d'office à la diligence du ministère public (Article 491) ;
Le retrait de la plainte par le conjoint offensé met fin aux poursuites exercées contre son conjoint pour adultère. Le retrait survenu postérieurement à une condamnation devenue irrévocable arrête les effets de cette condamnation à l'égard du conjoint condamné. Le retrait de la plainte ne profite jamais à la personne complice du conjoint adultère (Article 492). 

Conscient des enjeux et des attaques que subit le Royaume du Maroc de la part d’ONG internationales et lors des revues périodiques au Conseil des Droits de l’Homme à Genève, l’actuel Ministre de la Justice essaie de faire approuver par les parlementaires marocains l’abolition de l’article 490 et des articles y afférents. 

Il sera donc prochainement question d’un vote déterminant par les représentants de la nation qui sera suivi de près non seulement par les ONG locales mais aussi internationales. 

Comme le dit si bien le Ministre de la Justice, du moment que le consentement est de mise, de quoi la justice devrait-elle se mêler ? Et j’ajouterai, pourquoi atteindre à la vie privée et au droit fondamental de disposer de son corps et son esprit ?  

Le cas le plus navrant en cas d’infidélité est que « la personne complice du conjoint adultère » n’est pas épargnée.  

Plusieurs hommes et femmes se retrouvent ainsi en prison simplement parce qu’ils aiment une femme ou un homme marié ou en instance de divorce. 

Il suffit que le conjoint quitté, ou offensé, soit de mauvaise foi et désireux d’accéder à des conditions financières avantageuses lors du prononcé du divorce, pour qu’il porte plainte pour infidélité alors qu’il ne se passe plus rien entre les conjoints disputés depuis plusieurs mois voire années et que la procédure de divorce suit son cours !

Pire encore, « la personne complice du conjoint adultère » ne bénéficie nullement du retrait de la plainte par le conjoint offensé, haineux et opportuniste !

Il est temps de réparer cette injustice indigne du Royaume du Maroc, terre de lumière, qui jette en pâture des hommes et des femmes, des fois parents d’enfants en bas âge, amoureux , travailleurs et servant la Cité, entre les mains de femmes et d’hommes « offensés » sans foi ni loi sinon celle de la cupidité.    
 
Monsieur le Ministre de la Justice, vous avez raison de vous battre. N’abandonnez rien, de grâce !  Et sachez que tout « le Maroc de 2030 » vous soutient car la justice doit juger le crime innommable et non la morale sociale. 

Aimer n’est pas un crime et vouloir retrouver l’amour ne l’est pas non plus !
  


Jeudi 15 Mai 2025