À la lecture de la cartographie nationale des barrages en construction et en programmation, une évidence saute aux yeux : les provinces du Sud du Maroc en sont pratiquement absentes. Sur les 29 nouveaux barrages recensés dans l’étude du Policy Center for the New South, aucun ne concerne directement les régions de Laâyoune-Sakia El Hamra, Dakhla-Oued Eddahab ou Guelmim-Oued Noun. Face à cette absence, la question se pose : s’agit-il d’un oubli, d’un désintérêt, ou d’une réalité géographique incontournable ?
Officiellement, le ministère de l’Équipement évoque des contraintes techniques : aridité extrême, faible densité hydrographique, topographie peu favorable à la retenue d’eau, et coût élevé pour un impact localisé. À l’inverse des régions du Nord et du Centre, qui disposent de vallées encaissées et de précipitations saisonnières, le Sud est dominé par des plateaux secs, des oueds épisodiques, et des sols peu propices à la rétention. En somme, on n’y construit pas de barrage, parce que la nature ne s’y prête pas.
Et pourtant, ce raisonnement ne satisfait pas tout le monde. Car la demande en eau, elle, est bien réelle. Les villes comme Laâyoune, Dakhla, Boujdour, ou les zones agricoles de Guelmim et Assa-Zag font face à une pression croissante, liée à la démographie, au développement du tourisme, à l’expansion urbaine et à l’essor des cultures irriguées dans les oasis. Dans ce contexte, l’absence d’infrastructures hydrauliques structurantes est vécue, par certains élus locaux, comme une relégation silencieuse.
Prenons l’exemple du barrage de Fask, inauguré en 2024 près de Guelmim. Avec une capacité de 80 Mm³, il ne figure pas dans la liste des projets nationaux majeurs. Et pourtant, il joue un rôle crucial : protéger la ville des crues, renforcer la nappe phréatique, sécuriser l’irrigation de plusieurs zones agricoles. Ce projet démontre qu’il est possible, même dans des régions arides, de construire des barrages adaptés, à condition de les penser différemment : moins massifs, plus ciblés, mieux intégrés aux besoins locaux.
En l’absence de barrages structurants, le Sud du Maroc compense autrement. Par les stations de dessalement, d’abord : Laâyoune, Dakhla, Boujdour, Tarfaya disposent toutes d’unités opérationnelles ou en projet, certaines alimentées par l’éolien. Par les forages profonds, ensuite, qui permettent l’accès à l’eau souterraine, au prix d’un stress croissant sur les nappes. Enfin, par les projets pilotes de réutilisation des eaux usées, comme à Dakhla pour les espaces verts ou à Laâyoune pour certaines cultures maraîchères.
Mais cette substitution a ses limites. Elle repose sur des technologies coûteuses, parfois fragiles, et sur une dépendance aux énergies externes. En l’absence de réservoirs naturels, la sécurité hydrique y est beaucoup plus vulnérable aux ruptures, aux pannes ou aux aléas climatiques.
Alors, faut-il continuer à exclure le Sud des politiques de barrage ? Ou repenser ces politiques pour inclure une hydraulique « à échelle locale », avec des micro-ouvrages, des barrages collinaires, ou des bassins de rétention mieux répartis ? La réponse, selon de nombreux experts, n’est pas binaire. Elle réside dans une logique d’équité hydrique, qui ne vise pas à tout égaliser, mais à offrir à chaque région les outils adaptés à sa réalité géographique et sociale.
Car l’eau ne coule pas que là où la nature le permet. Elle doit aussi irriguer là où l’humain veut vivre dignement.
Officiellement, le ministère de l’Équipement évoque des contraintes techniques : aridité extrême, faible densité hydrographique, topographie peu favorable à la retenue d’eau, et coût élevé pour un impact localisé. À l’inverse des régions du Nord et du Centre, qui disposent de vallées encaissées et de précipitations saisonnières, le Sud est dominé par des plateaux secs, des oueds épisodiques, et des sols peu propices à la rétention. En somme, on n’y construit pas de barrage, parce que la nature ne s’y prête pas.
Et pourtant, ce raisonnement ne satisfait pas tout le monde. Car la demande en eau, elle, est bien réelle. Les villes comme Laâyoune, Dakhla, Boujdour, ou les zones agricoles de Guelmim et Assa-Zag font face à une pression croissante, liée à la démographie, au développement du tourisme, à l’expansion urbaine et à l’essor des cultures irriguées dans les oasis. Dans ce contexte, l’absence d’infrastructures hydrauliques structurantes est vécue, par certains élus locaux, comme une relégation silencieuse.
Prenons l’exemple du barrage de Fask, inauguré en 2024 près de Guelmim. Avec une capacité de 80 Mm³, il ne figure pas dans la liste des projets nationaux majeurs. Et pourtant, il joue un rôle crucial : protéger la ville des crues, renforcer la nappe phréatique, sécuriser l’irrigation de plusieurs zones agricoles. Ce projet démontre qu’il est possible, même dans des régions arides, de construire des barrages adaptés, à condition de les penser différemment : moins massifs, plus ciblés, mieux intégrés aux besoins locaux.
En l’absence de barrages structurants, le Sud du Maroc compense autrement. Par les stations de dessalement, d’abord : Laâyoune, Dakhla, Boujdour, Tarfaya disposent toutes d’unités opérationnelles ou en projet, certaines alimentées par l’éolien. Par les forages profonds, ensuite, qui permettent l’accès à l’eau souterraine, au prix d’un stress croissant sur les nappes. Enfin, par les projets pilotes de réutilisation des eaux usées, comme à Dakhla pour les espaces verts ou à Laâyoune pour certaines cultures maraîchères.
Mais cette substitution a ses limites. Elle repose sur des technologies coûteuses, parfois fragiles, et sur une dépendance aux énergies externes. En l’absence de réservoirs naturels, la sécurité hydrique y est beaucoup plus vulnérable aux ruptures, aux pannes ou aux aléas climatiques.
Alors, faut-il continuer à exclure le Sud des politiques de barrage ? Ou repenser ces politiques pour inclure une hydraulique « à échelle locale », avec des micro-ouvrages, des barrages collinaires, ou des bassins de rétention mieux répartis ? La réponse, selon de nombreux experts, n’est pas binaire. Elle réside dans une logique d’équité hydrique, qui ne vise pas à tout égaliser, mais à offrir à chaque région les outils adaptés à sa réalité géographique et sociale.
Car l’eau ne coule pas que là où la nature le permet. Elle doit aussi irriguer là où l’humain veut vivre dignement.