Originaire du petit village de Nkob, niché dans la région aride mais culturellement riche de Zagora, le groupe Taymat a littéralement envoûté l’audience venue du monde entier. Sur une scène montée au cœur d’un palais marrakchi transformé en théâtre des sens, ils ont mêlé riffs de rock saharien, mélodies amazighes profondes et rythmes blues lancinants. Une fusion artistique authentique, organique, loin des artifices habituels, qui a suscité une ovation spontanée de la part des invités : acteurs hollywoodiens, réalisateurs primés, galeristes et autres figures mondiales de la culture.

Ce n’était pas un simple concert. C’était une affirmation identitaire, un message vibrant : la culture amazighe est vivante, moderne, et capable de séduire au-delà des frontières. La performance de Taymat a été saluée comme l’un des moments les plus forts de la soirée, symbolisant l’alliance du patrimoine et de l’universalité.
 

Mais qui sont-ils vraiment ? Taymat, c’est d’abord une bande d’artistes résilients, ayant grandi dans une zone rurale marginalisée, sans grands moyens, mais riches d’un trésor inestimable : leur musique et leur culture. Ils n’ont ni label, ni agents de presse, mais une passion viscérale pour les traditions amazighes qu’ils réinventent avec talent. Leur présence dans un mariage d’élite à Marrakech, aux côtés de figures comme Sean Penn ou Isabelle Huppert, n’est pas le fruit du hasard : c’est le résultat d’un travail acharné, d’une vision artistique assumée et d’une fidélité à leurs racines.

Pour eux, cette performance est un tournant. Les membres du groupe confient que leur rêve serait désormais de tourner dans les festivals internationaux et de faire rayonner leur culture sur les scènes de Paris, Berlin ou Tokyo. Mais pour cela, ils lancent un appel implicite : celui d’un soutien structurant, d’un accompagnement public ou privé qui leur permette de passer du statut de phénomène local à ambassadeurs culturels.

Ce succès de Taymat soulève une question essentielle : qu'attend le Maroc pour soutenir massivement ses musiciens traditionnels ? Tandis que les scènes internationales cherchent l’authenticité et les sonorités ethniques pour renouveler leur offre, des groupes comme Taymat peinent à vivre de leur art. Ce déséquilibre entre la qualité artistique et la reconnaissance institutionnelle devrait alerter les responsables culturels. Promouvoir la diversité musicale, c’est aussi investir dans le capital immatériel du pays et offrir une place légitime aux cultures dites « périphériques ».