Le manuel : un produit éditorial sous haute tension
L’édition scolaire, en partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale, constitue le cœur de l’activité de nombreuses maisons d’édition marocaines. La commande publique, centralisée, oriente les thématiques, les formats et même les visuels. Ce monopole institutionnel garantit une certaine stabilité financière, mais freine aussi l’innovation. La production reste très standardisée, souvent rédigée sous contrainte, dans une logique de conformité plutôt que de créativité.
De plus, l’organisation du marché scolaire repose sur un nombre réduit d’acteurs, créant un effet d’éviction pour les petites maisons d’édition qui peinent à accéder aux appels d’offres.
L’édition comme sous-traitance ministérielle
Dans ce contexte, l’éditeur devient souvent un simple exécutant, chargé de produire un ouvrage conforme à un cahier des charges administratif. L'auteur, lui-même, perd en autonomie intellectuelle. La chaîne de valeur éditoriale se trouve réduite à un processus technique — impression, distribution, livraison — au détriment de l’ambition culturelle.
Or, un livre scolaire n’est pas un objet neutre : il transmet un imaginaire, un langage, une relation au monde. Le modèle marocain privilégie encore la mémorisation à la découverte, l’instruction à la compréhension, le formatage au développement de l’esprit critique.
L’élève-lecteur : une contradiction marocaine ?
Le paradoxe est saisissant : jamais autant de livres n’ont été produits pour les jeunes, et pourtant, les enquêtes sur les pratiques de lecture révèlent un désintérêt croissant. Cela s’explique en partie par la nature même des ouvrages proposés. Peu illustrés, peu narratifs, peu contextualisés, les manuels scolaires marocains peinent à captiver. Ils ne parlent pas aux enfants ; ils leur parlent "dessus".
Et pourtant, c’est bien là que se forme le premier rapport au livre. Si celui-ci est perçu dès l’enfance comme un outil d’évaluation plutôt qu’un compagnon de liberté, comment espérer former une société de lecteurs ?
De plus, l’organisation du marché scolaire repose sur un nombre réduit d’acteurs, créant un effet d’éviction pour les petites maisons d’édition qui peinent à accéder aux appels d’offres.
L’édition comme sous-traitance ministérielle
Dans ce contexte, l’éditeur devient souvent un simple exécutant, chargé de produire un ouvrage conforme à un cahier des charges administratif. L'auteur, lui-même, perd en autonomie intellectuelle. La chaîne de valeur éditoriale se trouve réduite à un processus technique — impression, distribution, livraison — au détriment de l’ambition culturelle.
Or, un livre scolaire n’est pas un objet neutre : il transmet un imaginaire, un langage, une relation au monde. Le modèle marocain privilégie encore la mémorisation à la découverte, l’instruction à la compréhension, le formatage au développement de l’esprit critique.
L’élève-lecteur : une contradiction marocaine ?
Le paradoxe est saisissant : jamais autant de livres n’ont été produits pour les jeunes, et pourtant, les enquêtes sur les pratiques de lecture révèlent un désintérêt croissant. Cela s’explique en partie par la nature même des ouvrages proposés. Peu illustrés, peu narratifs, peu contextualisés, les manuels scolaires marocains peinent à captiver. Ils ne parlent pas aux enfants ; ils leur parlent "dessus".
Et pourtant, c’est bien là que se forme le premier rapport au livre. Si celui-ci est perçu dès l’enfance comme un outil d’évaluation plutôt qu’un compagnon de liberté, comment espérer former une société de lecteurs ?
L’avis de l’avocat du diable
L’édition scolaire sauve peut-être les comptes de l’édition marocaine… mais elle tue l’imaginaire. En transformant le livre en simple support d’examen, on en détruit la magie. Ce n’est pas le manque de bibliothèques qui décourage les lecteurs : c’est l’ennui des livres qu’on leur impose. Tant que l’école n’apprendra pas à lire pour le plaisir, tous les salons du livre du monde ne pourront pas rallumer cette étincelle.