Le Maroc change de stratégie
C’est officiel. Le Maroc s’attaque enfin sérieusement à la prolifération des animaux errants dans ses villes et villages.
Vendredi 13 juin 2025, le ministre de l’Intérieur Abdelouafi Laftit a dévoilé les grandes lignes d’une politique publique totalement repensée.
Fini les campagnes d’abattage brutales et inefficaces : place à une gestion plus humaine, plus scientifique… et plus chère.
Avec un budget dépassant le milliard de dirhams étalé sur six ans, les collectivités territoriales seront épaulées par l’État pour créer des centres d’accueil, former du personnel, vacciner les chiens et chats errants, et surtout les stériliser pour freiner leur reproduction.
La vision se concrétise
Pourquoi maintenant ? Parce que le phénomène prend de l’ampleur. Au-delà des nuisances, les chiens errants sont porteurs de maladies graves comme la rage ou la leishmaniose, particulièrement dans les zones rurales.
Une convention signée dès 2019 avec le ministère de la Santé, l’ONSSA et les vétérinaires posait déjà les bases d’une réponse plus douce et durable. Aujourd’hui, cette vision se concrétise.
Mieux encore, le projet prévoit une implication active des associations de protection animale. Elles participeront à la sensibilisation des citoyens, au suivi des chiens stérilisés et à leur réintégration dans leur milieu naturel.
Des défis à relever pour une mise en œuvre réussie
Mais tout n’est pas gagné d’avance. La mise en œuvre de cette réforme dépendra fortement de la coordination entre les ministères, les communes et les acteurs de terrain.
Beaucoup de zones rurales manquent encore d’infrastructures, de personnel qualifié, ou même d’accès régulier aux vaccins.
Le gouvernement prévoit de créer 130 bureaux intercommunaux d’hygiène pour combler ces lacunes. Il faudra aussi veiller à former des vétérinaires, des techniciens en hygiène et du personnel de soin pour encadrer les centres.
Autre défi : convaincre les citoyens d’adopter de nouvelles habitudes, comme signaler les chiens errants ou éviter les abandons d’animaux domestiques. Le succès de la réforme passera aussi par l’éducation et la sensibilisation, dès l’école.
Une vraie priorité nationale
La promesse est ambitieuse, le budget conséquent, mais le chantier est immense. Le bien-être animal est peut-être enfin en train de devenir une vraie priorité nationale. À suivre de près.