Un signal d’alerte numérique
Entre le 4 et le 10 juin 2025, le Maroc est devenu le troisième pays au monde le plus ciblé par des attaques informatiques, selon la plateforme spécialisée Hackmanac.
Seuls l’Italie et les États-Unis enregistrent davantage d’incidents durant cette période. Le classement, basé sur 218 attaques recensées dans 34 pays, propulse le Royaume au cœur d’un phénomène global, où les frontières numériques sont plus poreuses que jamais.
Ce chiffre, qui peut paraître abstrait, renvoie à des incidents bien concrets : tentatives d’intrusion, accès à des bases de données sensibles, ou encore paralysie de services numériques.
Parmi les cibles préférées des hackers cette semaine-là, les secteurs gouvernementaux, militaires et de sécurité ont concentré plus d’un tiers des attaques à l’échelle mondiale.
Derrière l’écran : des groupes organisés et des objectifs ciblés
La menace n’est pas diffuse : elle porte des noms. Parmi eux, celui du groupe NoName057(16) revient avec insistance.
Ce collectif cybercriminel a revendiqué à lui seul 46 attaques au cours de cette semaine, visant en priorité les institutions publiques.
Plus près de chez nous, le groupe JabaRoot DZ a revendiqué l’infiltration de plusieurs entités marocaines, dont la CNSS, le ministère de l’Emploi, de l’Agriculture, et tout récemment, celui de la Justice.
Ce dernier a toutefois formellement démenti toute fuite de données, assurant que ses plateformes numériques sont restées sécurisées.
Mais ces attaques, qu’elles soient avérées ou non, posent une question centrale : nos infrastructures numériques sont-elles prêtes à faire face à des attaques sophistiquées et récurrentes ?
Un enjeu de souveraineté numérique au cœur de la transformation digitale
Au-delà des institutions, ce sont l’ensemble des services en ligne, des bases de données citoyennes et même des applications quotidiennes qui pourraient être menacés.
Dans un pays où l’administration s’est largement digitalisée ces dernières années, toute faille peut avoir des répercussions directes sur les citoyens.
Des étudiants ont vu leurs démarches administratives bloquées, des services publics en ligne sont restés inaccessibles pendant plusieurs heures… Le quotidien est de plus en plus dépendant du bon fonctionnement du numérique.
Ces attaques, évaluées par Hackmanac à l’aide de l’indice ESIX, dont une partie est classée « critique », rappellent que la cybersécurité n’est plus un luxe, mais une nécessité. Le volume estimé des données compromises frôle les 17 téraoctets, une quantité vertigineuse.
Une vigilance accrue pour un avenir numérique sécurisé
Ce classement dans le top 3 mondial des cyberattaques est un signal fort. Il montre que le Maroc n’est plus un simple observateur dans le monde numérique : il en est désormais un acteur exposé.
Il devient donc urgent de renforcer la protection des systèmes, de sensibiliser à la cybersécurité, et d’investir dans des réponses solides et coordonnées.
Car à l’heure où le digital s’invite dans tous les pans de notre vie — du e-gov aux startups locales —, protéger nos données, c’est aussi protéger notre souveraineté.
