L'ODJ Média

Le Maroc avance vers moins de pauvreté, mais le fossé social subsiste


Rédigé par le Lundi 13 Octobre 2025

Selon un nouveau rapport d’Afrobarometer, 47 % des Marocains affirment ne manquer d’aucun besoin essentiel. Une bonne nouvelle en apparence… sauf que derrière les chiffres, les inégalités et le manque d’eau potable continuent de creuser l’écart entre villes et campagnes.



Des chiffres rassurants, mais un revers inquiétant

Le Maroc avance vers moins de pauvreté, mais le fossé social subsiste
Bonne nouvelle : près d’un Marocain sur deux se dit « non pauvre » selon l’Indice de pauvreté vécue publié le 8 octobre 2025 par le réseau Afrobarometer.

L’enquête, menée dans 39 pays africains entre 2021 et 2023, place le Maroc parmi les nations les mieux classées du continent, derrière les Seychelles et Maurice.

Mais attention aux illusions statistiques : parmi ces « non pauvres », 15 % n’ont toujours pas accès à une eau propre et 20 % doivent aller la chercher à l’extérieur de leur maison. Un paradoxe qui met en lumière une fracture sociale invisible.

La pauvreté invisible de l’eau

Afrobarometer explique cette contradiction par ce qu’il appelle le « mécanisme d’adaptation comportementale » : en clair, beaucoup de ménages s’habituent à la galère. On stocke, on partage, on s’organise… et on finit par ne plus percevoir la privation réelle.

Résultat : des familles se disent « à l’aise », tout en continuant à dépendre du puits du douar ou du voisin. L’indice mesure donc la perception, pas la réalité des infrastructures.

Sur le terrain, la fracture entre ville et campagne reste flagrante : 29 % des ruraux manquent d’eau potable contre seulement 9 % en milieu urbain.

Pire encore, 53 % des habitants de zones rurales ne sont pas raccordés à un réseau domestique.

L’éducation, un autre facteur clé

Le rapport souligne aussi le rôle du niveau d’instruction : près d’une personne non instruite sur deux doit aller chercher de l’eau à l’extérieur.

Une réalité qui rappelle que pauvreté et éducation sont souvent les deux faces d’une même pièce.

L’Afrique face au même paradoxe

À l’échelle du continent, 73 % des Africains pauvres ont pourtant accès à une source d’eau améliorée… mais 27 % des “non pauvres” n’ont toujours pas de réseau d’eau domestique.

Autrement dit, même ceux qui vivent mieux ne bénéficient pas forcément de services publics fiables.

Au Kenya ou au Mali, le scénario se répète : développement économique, oui, mais infrastructures à la traîne. Le progrès reste souvent un privilège urbain.

Et maintenant ?

Afrobarometer appelle les gouvernements à agir vite. Pour les chercheurs, la “justice des infrastructures” est le cœur de la justice sociale.

L’appel est clair : renforcer les investissements dans l’eau, l’électricité et Internet, surtout dans les zones rurales.

En attendant, le Maroc peut se féliciter d’avoir limité la pauvreté vécue, mais la route reste longue pour que chaque foyer, du Rif au Souss, ait un robinet qui coule et une connexion stable.

Maroc, pauvreté, Afrobarometer, inégalités, eau potable, monde rural, développement, infrastructures, enquête, société





Lundi 13 Octobre 2025