Si le financement par actions reste timide en 2024, les grandes entreprises marocaines ont multiplié les stratégies alternatives pour lever des fonds. En marge des circuits bancaires classiques, elles ont désormais recours à une panoplie d’instruments sophistiqués : obligations perpétuelles, titres de créance négociables (TCN), ou encore placements privés structurés. Ces dispositifs traduisent une montée en puissance de la dette « intelligente », taillée sur mesure pour des besoins précis.
L’obligataire au service de la flexibilité
Parmi les innovations les plus marquantes, les obligations perpétuelles ont marqué les esprits. Ce type d’obligation, sans échéance fixe, permet à l’émetteur de lever des fonds de long terme sans augmenter artificiellement son endettement. Elles ont été prisées notamment par les banques, dans le cadre des nouvelles exigences prudentielles de Bâle III.
Les TCN, à maturité courte (moins d’un an), sont également en vogue. Leur volume a augmenté significativement, porté par des émissions répétées de grandes entreprises industrielles et financières qui y trouvent un levier de financement agile, moins coûteux et rapide à mobiliser.
Enfin, les placements privés, négociés directement entre émetteur et investisseurs institutionnels sans passer par un appel public à l’épargne, se développent. En 2024, ils représentent près de 38 % des levées obligataires.
Une ingénierie qui reflète la maturité du marché
Ces mécanismes révèlent une meilleure structuration financière des grandes entreprises marocaines, capables de dialoguer avec des investisseurs exigeants. Le marché secondaire s’en trouve également dynamisé, avec une circulation accrue de titres de dette sur la base d’informations contractualisées.
Cette évolution est aussi le signe d’une montée en compétence des sociétés de gestion, banques d’affaires et autorités de régulation, qui ont su créer un cadre juridique favorable à l’émergence de ces produits complexes.
Une sophistication qui exclut ?
Mais ce raffinement technique soulève une inquiétude : ces instruments restent inaccessibles au tissu économique ordinaire. Les PME, les startups et les collectivités locales, pourtant très demandeuses de financement alternatif, n’ont pas accès à ces outils en raison de leur complexité, de leur coût de structuration ou du manque de notation.
Certains spécialistes appellent à créer des « mini-placements privés » adaptés aux besoins des entreprises intermédiaires ou des projets territoriaux.
L’essor de ces instruments financiers serait-il l’arbre qui cache la forêt ? Derrière le jargon technique et les montages innovants, ne s’agit-il pas surtout d’un entre-soi financier, où les grandes entreprises s’autofinancent à bon compte grâce à des marchés captifs ?
En privilégiant les solutions sur mesure pour une élite économique déjà bien dotée, le Maroc risque de reproduire les schémas d’exclusion financière qui minent l’accès au crédit. Tant que les marchés de capitaux ne s’ouvriront pas à ceux qui n’ont ni la taille, ni la note, ni les réseaux, cette "innovation" servira surtout à optimiser la dette… pas à irriguer l’économie réelle.
L’obligataire au service de la flexibilité
Parmi les innovations les plus marquantes, les obligations perpétuelles ont marqué les esprits. Ce type d’obligation, sans échéance fixe, permet à l’émetteur de lever des fonds de long terme sans augmenter artificiellement son endettement. Elles ont été prisées notamment par les banques, dans le cadre des nouvelles exigences prudentielles de Bâle III.
Les TCN, à maturité courte (moins d’un an), sont également en vogue. Leur volume a augmenté significativement, porté par des émissions répétées de grandes entreprises industrielles et financières qui y trouvent un levier de financement agile, moins coûteux et rapide à mobiliser.
Enfin, les placements privés, négociés directement entre émetteur et investisseurs institutionnels sans passer par un appel public à l’épargne, se développent. En 2024, ils représentent près de 38 % des levées obligataires.
Une ingénierie qui reflète la maturité du marché
Ces mécanismes révèlent une meilleure structuration financière des grandes entreprises marocaines, capables de dialoguer avec des investisseurs exigeants. Le marché secondaire s’en trouve également dynamisé, avec une circulation accrue de titres de dette sur la base d’informations contractualisées.
Cette évolution est aussi le signe d’une montée en compétence des sociétés de gestion, banques d’affaires et autorités de régulation, qui ont su créer un cadre juridique favorable à l’émergence de ces produits complexes.
Une sophistication qui exclut ?
Mais ce raffinement technique soulève une inquiétude : ces instruments restent inaccessibles au tissu économique ordinaire. Les PME, les startups et les collectivités locales, pourtant très demandeuses de financement alternatif, n’ont pas accès à ces outils en raison de leur complexité, de leur coût de structuration ou du manque de notation.
Certains spécialistes appellent à créer des « mini-placements privés » adaptés aux besoins des entreprises intermédiaires ou des projets territoriaux.
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