Et sur le terrain ? Ça dépend. Certaines coopératives brillent, expérimentent, produisent localement des fertilisants organiques. Des lycées agricoles lancent des projets modèles. Des startups vendent du lombricompost comme du caviar pour carottes. Mais ailleurs, on jette encore les feuilles de palmier dans l’oued, on brûle les tiges de maïs, et on laisse les déchets d’abattoir pourrir à ciel ouvert.
Le problème n’est pas technique. C’est culturel, économique, logistique. Mettre en place une boucle circulaire demande de l’organisation, du temps, un marché, des filières. Et parfois, une mentalité qui change. Car valoriser les déchets, ce n’est pas seulement une affaire d’équipement, c’est une philosophie.
Et si l’économie circulaire n’était qu’une autre manière de rendre sexy des problèmes non résolus ? On la voit dans les rapports, les infographies, les salons. Mais sur le terrain, elle reste souvent cantonnée à des micro-projets vitrine. Sans logistique d’enlèvement. Sans marché de revente. Sans politique fiscale incitative. En fait, la circularité reste un privilège, réservé aux exploitations bien structurées. Les autres, elles brûlent, elles jettent, elles subissent. Faire circuler les ressources, c’est bien. Mais faire circuler les moyens, ce serait encore mieux.
On composte nos déchets. Très bien. Mais que fait-on de nos villages qui se vident ? Dernier arrêt de notre traversée : le monde rural face à la grande fuite invisible. Le silence des campagnes mérite une tribune.