Maroc : violences psychologiques, le quotidien de 61,6 % des adolescentes
Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) a dévoilé les résultats d’une enquête nationale qui dresse un tableau sombre de la réalité vécue par des centaines de milliers d’adolescentes marocaines. Selon cette analyse approfondie, 825 000 adolescentes, âgées de 15 à 19 ans, ont subi des actes de violence au cours des 12 derniers mois. Parmi elles, 61,6 % ont été victimes d’abus psychologiques, une forme de violence insidieuse qui laisse des séquelles profondes et durables.
Ces chiffres, rendus publics à l’occasion d’une conférence sur la protection des droits des enfants, révèlent l’ampleur d’un problème systémique qui traverse toutes les couches de la société. Les violences psychologiques, qui incluent des humiliations, des menaces ou des insultes, sont souvent difficiles à identifier et à dénoncer, mais elles n’en demeurent pas moins destructrices. Elles affectent l’estime de soi, le développement personnel et les perspectives d’avenir des adolescentes concernées.
L’enquête a également mis en lumière d’autres formes de violences subies par les jeunes filles, notamment physiques et sexuelles. Bien que les chiffres précis n’aient pas été détaillés dans cette présentation, les experts présents ont souligné que ces violences sont souvent commises dans des cadres où les adolescentes devraient se sentir protégées : au sein de leurs familles, à l’école ou dans leur environnement proche. Cette proximité des agresseurs rend d’autant plus complexe la dénonciation des faits et l’accès à une justice réparatrice.
Les causes de ce fléau sont multiples et enracinées dans des dynamiques sociales et culturelles. Les normes patriarcales, le manque d’éducation sur les droits des filles et l’absence de mécanismes de protection efficaces contribuent à perpétuer ces violences. Par ailleurs, les adolescentes vivant en milieu rural sont souvent encore plus vulnérables, en raison de l’isolement géographique, du manque d’accès à l’information et des ressources limitées.
Face à cette situation alarmante, plusieurs recommandations ont été formulées pour endiguer le phénomène. La mise en place de campagnes de sensibilisation à grande échelle sur les droits des filles et l’importance de leur protection est apparue comme une priorité. De même, le renforcement des lois contre les violences faites aux femmes et aux enfants, ainsi que leur application stricte, est essentiel pour envoyer un message clair d’intolérance envers ces pratiques.
Les experts présents ont également insisté sur la nécessité d’offrir un soutien psychologique et juridique aux victimes, afin de leur permettre de se reconstruire et de retrouver leur dignité. À cet égard, la création de centres d’écoute et d’accompagnement dédiés aux adolescentes pourrait constituer une avancée significative. Enfin, l’éducation reste un levier crucial : sensibiliser les jeunes, filles et garçons, dès le plus jeune âge, aux notions de respect, d’égalité et de consentement est indispensable pour prévenir les violences.
Pour les associations de défense des droits des enfants, ces chiffres ne doivent pas rester de simples statistiques. Ils doivent être un appel à l’action pour les autorités, les organisations non gouvernementales et la société dans son ensemble. Car derrière chaque nombre se cache une vie brisée, un avenir compromis, et une injustice qui ne peut être tolérée.
En conclusion, la lutte contre les violences faites aux adolescentes est une responsabilité collective. Elle exige une mobilisation immédiate et des efforts soutenus pour bâtir une société où chaque fille peut grandir en sécurité, avec dignité et espoir.